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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 1
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Saunier, Charles: Monsieur Auguste, 2: un artiste romantique oublié
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0074

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6-i

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

environs de 150000 francs, M. Auguste avait pu voyager, être un
aimable amphitryon pour une élite d’artistes et réunir une remar-
quable collection d’œuvres d’art1. Il est vrai qu’en cette époque heu-
reuse, il était facile de trouver de belles pièces, surtout lorsque
le collectionneur se doublait d’un homme de grand goût et d’un savoir
certain, ainsi qu’il arrivait pour M. Auguste. Toutefois il ne chercha
jamais à égaler les grandes collections qui se formaient alors en con-
stituant des séries. C’est pour lui qu’il collectionnait et il récoltait en
artiste. Peu attiré par la pièce rare et célèbre, il allait à celle qui
était susceptible de lui procurer des joies, de perpétuer en lui une
vision, certains souvenirs. D’où, dans la collection d’estampes,
l’abondance des gravures anglaises de cet anglophile.

L’un des premiers à rechercher les armes anciennes, il avait
réuni, récoltées un peu partout, quarante-huit armes et armures,
parmi lesquelles une armure cannelée du xve siècle, surmontée du
casque dit salade et de sa mentonnière fixée sur le plastron de la
cuirasse, une armure de la même époque sur un cheval garni du
chanfrein et de la barre de crinière, un petit modèle d’armure sur
son cheval, du xvi° siècle, une autre petite, espagnole, du temps
de la domination des Maures, une armure allemande cannelée du
-xvi° siècle, dite maximilienne. Et, pour accompagner ces importants
numéros, des plastrons, des cuissards, des gantelets, des dagues,
épées, pistolets, sans oublier certain casque uni à oreillettes, sur-
monté d’un cimier en bronze, représentant un dragon ailé, du
xve siècle. Quelle magique impression devaient produire ces pièces
disposées dans l’atelier, par les chambres, le soir lors des conver-
sations autour de la lampe !

D’autant que ces armures alternaient avec des bahuts, des cré-
dences, sur lesquels étaient posés des cofTres en laque de Chine,
des vidrecomes, des statuettes antiques et des bronzes de la Renais-
sance. Le tout était reflété par des miroirs à cadre à incrustations,
des verres de Venise hauts sur pied et fragiles. Et puis, c’étaient de
beaux lapis de Smyrne, des coupons de soie et des pièces de brocart
qui enchantaient la vue. M. Auguste aimait à les utiliser aux temps où
il prenait modèle : un tapis de Smyrne était un fond parfait lorsqu’il
s’agissait de découper sur sa richesse une belle académie d'homme-
qui perdait ainsi le caractère conventionnel habituel aux études du

I. Très soigneux, il tenait un registre de ses opérations financières et sur ua
autre marquait ses dépenses. 11 avait aussi un registre « copie de lettres ».
 
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