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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 2
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Koechlin, Raymond: La Chine en France au XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0114

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LA CHINE EN FRANCE AU XVIIIe SIÈCLE

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à des Chinois; il en agissait de même avec les Turcs, d’ailleurs,
oubliant pour l’Orient toutes les règles de l’art antique qui lui était
si cher; mais ce n’est pas à dire qu’il tirât de l'art des Chinois ou
de celui des Turcs les éléments du sien : ils étaient pour lui un
prétexte à se jouer et, chose curieuse, ses meubles orientaux
ressemblent exactement à ceux qu’il dessinait « dans le goût pitto-
resque » ; or ceux-là, on ne saurait s’y tromper, rejoignent direc-
tement Meissonnier. L’on a ainsi la preuve que pour ces artistes
exotisme était synonyme de pittoresque et que la suprême expres-
sion de leur pittoresque était celle que lui avait donnée l’Italie. Nous
voilà loin d’une influence prépondérante de l’Orient sur la trans-
formation du goût français. Pour trouver cette manière de dornina-
nation, il faut arriver jusqu’à la fin du xixe siècle : à ce moment,
en effet, après une série de tâtonnements et de vains pastiches,
l’étude de l’art du Japon, connu par de plus nobles exemplaires,
amena comme une rénovation de l’art moderne ; on a dit souvent
ce que notre grande école de peinture impressionniste devait au
Japon; nul n’ignore qu’il rouvrit les yeux de nos décorateurs, si
longtemps fascinés par les scolaires imitations des vieux styles, et
leur apprit à regarder la nature avec plus de liberté; c’est son natu-
ralisme qui réveilla le sentiment décoratif d’un Gallé ou d’un Brac-
quemond. Ce que deviendra ce mouvement d’art moderne, nous ne
le savons pas, tant les coalitions du snobisme et des intérêts parti-
culiers gênent l’effort de nos artistes; mais s’il aboutit, c’est à l’Orient
que nous devrons la meilleure part de notre reconnaissance. Au
xvmc siècle, au contraire, la Chine ne fut qu’une amusette, mais une
amusette exquise en vérité, comme nous le montre la jolie exposi-
tion du Pavillon de Marsan.

RAYMOND KOECHLIN

SOUPIÈRE IÎN PORCELAINE

DE SAINT-CLOUD, XVIIIe SIECLE
(Musée des Arts décoratifs, Paris
 
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