DOI issue:
Nr. 2
DOI article:Bouché Locquin, Jeanne: Servandoni (1695 - 1766)
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0159
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Ces deux fêtes organisées par Servandoni furent très appréciées
des contemporains. D’après le Mercure, les réjouissances du mariage
de Madame Première n’avaient eu d’égales en magnificence que celles
données en 1613 lorsque la fille aînée de Henri IV épousa le roi
d’Espagne. Barbier trouve que les décorations et le spectacle offerts
par la Ville au roi surpassaient toutes les autres ayant eu lieu à
l’occasion du même événement; « la position en était extrêmement
avantageuse... et rien de plus galant que les bateaux qui se pro-
menaient des deux côtés de la rivière_figurés en petits navires ».
Frézier, dans son Traité des feux d’artifice \ fait de ce spectacle une
critique toute à la louange de l’inventeur.
Imagination fébrile, Servandoni fut irrésistiblement entraîné
vers cette forme de l’art où les œuvres sitôt que conçues peuvent
être réalisées : la décoration. Temples et palais, colonnades et por-
tiques, demeures des dieux ou des rois s’élevant comme par magie,
consolèrent sans doute l’architecte de très amples projets2 qui, à
son grand déplaisir, ne furent jamais exécutés.
Servandoni fut avant tout un décorateur; non point seulement
parce que ses travaux de décoration dépassent en nombre ceux d’ar-
chitecture, mais parce que, comme architecte, il resta essentielle-
ment décorateur. Exemple décisif : le grand portail de Saint-
Sulpice; l’œuvre est théâtrale, vise à l'effet, ses vastes proportions
seules rachètent la médiocrité du style, la pauvreté des ornements,
son illogisme par rapport au monument qu’elle annonce et l’étude
qu’on en pourrait faire n’ajouterait guère, semble-t-il, à notre
connaissance de l’artiste.
JEANNE liOCCliÉ
1. Traité des feux cl’artifice pour les spectacles, Paris, Joubert, 1747, iu-8.
2. La place Saint-Sulpice, qui fut amorcée, et la place Louis XV, dont il fit
les plans; pour cette dernière place on lui préféra Gabriel.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Ces deux fêtes organisées par Servandoni furent très appréciées
des contemporains. D’après le Mercure, les réjouissances du mariage
de Madame Première n’avaient eu d’égales en magnificence que celles
données en 1613 lorsque la fille aînée de Henri IV épousa le roi
d’Espagne. Barbier trouve que les décorations et le spectacle offerts
par la Ville au roi surpassaient toutes les autres ayant eu lieu à
l’occasion du même événement; « la position en était extrêmement
avantageuse... et rien de plus galant que les bateaux qui se pro-
menaient des deux côtés de la rivière_figurés en petits navires ».
Frézier, dans son Traité des feux d’artifice \ fait de ce spectacle une
critique toute à la louange de l’inventeur.
Imagination fébrile, Servandoni fut irrésistiblement entraîné
vers cette forme de l’art où les œuvres sitôt que conçues peuvent
être réalisées : la décoration. Temples et palais, colonnades et por-
tiques, demeures des dieux ou des rois s’élevant comme par magie,
consolèrent sans doute l’architecte de très amples projets2 qui, à
son grand déplaisir, ne furent jamais exécutés.
Servandoni fut avant tout un décorateur; non point seulement
parce que ses travaux de décoration dépassent en nombre ceux d’ar-
chitecture, mais parce que, comme architecte, il resta essentielle-
ment décorateur. Exemple décisif : le grand portail de Saint-
Sulpice; l’œuvre est théâtrale, vise à l'effet, ses vastes proportions
seules rachètent la médiocrité du style, la pauvreté des ornements,
son illogisme par rapport au monument qu’elle annonce et l’étude
qu’on en pourrait faire n’ajouterait guère, semble-t-il, à notre
connaissance de l’artiste.
JEANNE liOCCliÉ
1. Traité des feux cl’artifice pour les spectacles, Paris, Joubert, 1747, iu-8.
2. La place Saint-Sulpice, qui fut amorcée, et la place Louis XV, dont il fit
les plans; pour cette dernière place on lui préféra Gabriel.