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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 2
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Hautecoeur, Louis: L' Académie de Parme et ses concours à la fin du XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0167

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154

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

il succédait à un autre Français, J.-B. Boudard1. A côté d’eux on
rencontre sur les registres (1781) Louis Feneuille et François Rave-
net2, qui publia de 1779 à 1785 des gravures d’après le Corrège.
L’influence française était donc manifeste : inconsciemment, les
professeurs qui jugeaient les concours devaient se sentir portés
vers les tableaux et les projets où ils retrouvaient l’enseignement
qu’ils avaient reçu et qu’ils donnaient, vers les envois des Français,
vers les œuvres de leurs élèves. Si Petitot et Laurent Guiard se
maintinrent à Parme, ce ne fut pas sans difficultés. La belle-fille de
Don Philippe était une Autrichienne, et Marie-Amélie, la sœur de
Marie-Antoinette, ne cachait à personne ses sentiments hostiles
contre la France. Elle réussit à faire partir du Tillot. Guiard aus-
sitôt s'inquiète : va-t-il voir se prolonger la bienveillance de l’In-
fant? Enfin, le 28 décembre 1771, il est tranquille : le nouveau
ministre Llanos le maintient à sa place, et les Français continuèrent
à régner sur l’Académie3.

III

Quels furent les caractères et les mérites des œuvres envoyées
à ces concours? On y discerne deux tendances : le maniérisme
défaillant, l’académisme triomphant. Des grands gestes de dan-
seurs, des minois chiffonnés, des draperies aux vents, des ciels
nuageux, des architectures surchargées où des colonnes corin-
thiennes soutiennent des architraves et des frises sans cesse rom-
pues par des ressauts, voilà ce qu’on trouve dans des tableaux
comme ceux de Paolo Pessina de Milan et de Vincenzo Guarana en
1777, de Paolo Gallinoni de Garravagio en 1779, cl même, en 1793, de

1. Dussieux, loc. cil., p. 453.

2. François Ravenet (et non Simon, comme l’appelle Dussieux) était né à
Londres de Simon-François et avait été placé chez Boucher.

3. Les Italiens se crurent frustrés. L’architecte Romenico Lucchi, de Vilerbe,
élève à Rome de Nicolas Giansimoni, avait concouru en 1782 pour un projet de
Bourse. Le prix avait été attribué à Bégayer de Chamourtois, de Nantes. Lucchi,
furieux de cet échec, écrivit une lettre injurieuse qui fut imprimée à Lugano et
répandue en Lombardie. 11 y accusait Petitot de partialité pour ses élèves et ses
compatriotes. Lucchi, en 1786, osa concourir de nouveau. Émoi à l’Académie; le
secrétaire Rezzonico prévint Azara, l’ambassadeur d’Espagne à Rome, grand
protecteur des artistes; l’Académie se demanda s’il fallait exclure l’insolent et
remit au souverain le soin d’une décision. Ce pendant Azara avait appelé Lucchi
et avait obtenu sa promesse signée de ne rien publier contre « la respectée Aca-
démie de Panne » et de ne plus concourir. De telles querelles prouvent la jalousie
excitée par les Français.
 
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