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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 2
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Hautecoeur, Louis: L' Académie de Parme et ses concours à la fin du XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0175

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ruines siciliennes avait mis à la mode. Déjà dans le tableau de
Campaspe les colonnes étaient doriques, et le temple de Mercure
indiqué par Pausanias, pour n’avoir qu’une architrave minuscule,
n’en est pas moins une imitation des temples de Neptune ou de
Junon Lucina. Le personnage de Thétis est traité à la façon d’une
statue; la draperie blanche augmente la similitude, et n’est-ce pas
déjà l’Empire que nous annoncent la coiffure de ces femmes et ces
vases à parfums ?

La toile de Tillerand1 suggère les mêmes réflexions. On a
devantellelesentiment du déjà vu, il suffit de précisernos souvenirs
pour découvrir les origines de chacun des personnages : Tillerand
les emprunta aux collections romaines. La statue de la Minerve
appartenait alors aux Giustiniani3. Tillerand s’est contenté de la
copier. La composition du groupe de Dédale et Icare vient en ligne
directe de deux bas-reliefs de la villa Albani. Le type du Dédale vu
de profil et apprêtant une aile apparaissait déjà dans une gemme
de Florence publiée par Gori3, mais Tillerand ne dut pas chercher
si loin : le mouvement de l’épaule, les traits du visage, il a tout pris
au Dédale en rouge antique4. Icare est une « combinaison » de plu-
sieurs modèles : au même bas-relief il emprunta la pose générale,
le mouvement du bras gaucho et, des jambes; au bas-relief de
marbre blanc6, ce fut le support, et l’on s’attendrait à voir pendre
de sa droite le canthare de quelque Bacchus6. Trop pauvres
d'imagination pour créer, trop épris de l’antique pour chercher
d’autres modèles, les peintres s’amusaient à combiner en un jeu de
patience une mosaïque d’emprunts.

Si nous avons enfin choisi pour le reproduire ici le tableau de
Vincenzo Ferreri qui en 1793 remporta le prix, ce n’est certes pas

1. M. Corrado Ricci assimile ce Tillerand avec le peintre Tisserand, né à
Reims et qui travailla en Italie, mais les registres donnent bien Tillerand et nous
savons qu’en 1756 Tisserand organisait une vente de dix tableaux; supposons-lui
alors vingt-cinq ans : il aurait donc eu cinquante-neuf ans en 1790 ; c’est bien vieux
pour un concurrent qualifié d’« étudiant à Rome ».

2. Lucien Bonaparte l’acheta en 1805 et la revendit au Pape en 1817. Elle est
aujourd’hui au Vatican (cf. Reinach, Répertoire cle la statuaire grecque et romaine,
t. I, p. 4651, et W. Amelung, Die Saulpturen des Vaticanischen Muséums, t. I,
n° 114, planche 18.)

3. Muséum Florentinum, 1732, in-fol., t. I, pl. XXXIX.

4. Reproduit dans Zoega, Bassi-rilievi anlichi di Roma, t. I, p. 207.

5. Reproduit dans Winckelmann, Monumenti inediti, n° 95, p. 129.

6. Tillerand a-t-il connu quelque réplique du Bacchus qui depuis un demi-
siècle était dans la collection Carlisle (cf. Michaelis, Ancieni Marbles, p. 263, n° 8)?
C’est fort possible, tant furent nombreuses les statues alors exportées de Rome.
 
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