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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 3
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Saunier, Charles: Monsieur Auguste, 3: [un artiste romantique oublié]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0245

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

quement, il est facile à un artiste, à un homme de goût, de discerner
la griffe de l’un ou de l’autre. Là où Delacroix eût plaqué des bleus
francs, M. Auguste met des bleus rares, turquoise ou lapis oriental ;
au vermillon farouche il préfère des roses délicats. Son dessin est
précis, la ligne est élégante; mais Delacroix met le trait essentiel,
la tache juste. Sa composition est subtile, raffinée, imprégnée de
lumière, oui, mais jamais éloquente comme celle de l’illustre
peintre.

Toutefois, une même défaillance rapprochait M. Auguste de
Delacroix, de Géricault, de Poterlet. Pas plus que ses célèbres amis,
M. Auguste, lorsqu’il employa les couleurs à l’huile, ne sut retrou-
ver le secret des mélanges durables qui assurent aux œuvres du
xvme siècle et même aux productions de l’école de David une éter-
nelle fraîcheur. Entend-il donner une impression de transparence ou
de clarté, il pose la couleur sur le panneau sans nourrir les dessous,
et le subjectile absorbe l’émail du ton; veut-il, par opposition, placer
à côté une teinte sombre, il abuse des terres et des dessous de
bitume, d’où déséquilibre. Et tandis que, tout à l’heure, la toile ou le
panneau ont absorbé la couleur claire, maintenant le bitume obs-
curcit les tons montés, ainsi qu’il arrive dans une étude de femme
blanche et de mulâtresse, conservée au musée d’Orléans.

C’est le bitume qui rend méconnaissables ses études d’Arabes,
ternit le riche costume de ses Albanais, la robe de ses chevaux,
peintures qui devaient avoir au moment où elles furent exécutées
une somptuosité étrange.

Ses aquarellesontégalementmonté de ton, du fait des bleus et de
la gomme-gutte. Mais, où il est exquis, supérieur, c’est dans ses
gouaches, qui ont conservé toute leur délicatesse et leur raffine-
ment de tonalité et, surtout, dans ses pastels, merveilleux de
vigueur, de fraîcheur et de distinction. M. Auguste est un pastelliste
de race, précurseur des plus audacieux harmonistes du temps pré-
sent. Et combien divers il apparaît dans les sujets traités qui ont,
toujours, grâce au crayon qu’il écrasait en maître, une fraîcheur
digne de Watteau! Ah ! celui-ci fut son maître, son maître préféré.
Il s’engoua pour Géricault et pour Delacroix, il copia les grandes
batailles de Gros, mais il vit la Bataille des Pyramides et la Bataille
de Nazareth, dont il ne se lassait pas d’interpréter les détails, avec
des yeux de Watteau.

Il aima la femme pour sa beauté charnelle, le parfum de son
être; il se plut à la montrer nue au milieu d’étoffes somptueuses, à
 
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