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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
mérite d’exécution. Non licet omnibus adiré Corinthum. Ne vont à Saint-Pétersbourg,
ni même à Budapest que de rares privilégiés. Pourtant les œuvres que nous
mentionnons jouissent dès longtemps d’une célébrité universelle.
En voici de moindre notoriété, bien qu’appartenant à des collections
belges. C’est d’abord un personnage d’apparence cléricale, vu de profil, désigné
comme un Vilain XIIU (?), appartenant à M. Lejeune de Schiervel. L’homme, vêtu
entièrement de noir, tient un in-folio relié en parchemin. La tête est puissamment
expressive, les mains sont superbes. Évidemment, il s’agit ici d’une production
anversoise, de 1630 environ. Grâce à notre reproduction, peut-être sera-t-il
possible d’arriver à une détermination du personnage. On nous affirme l’existence
en Angleterre, dans une collection privée, d’une réplique de ce remarquable
morceau, un de ceux qui retiennent le plus longuement le visiteur.
Sur le Père Jean-Ch. délia Faille S. J., nous sommes mieux renseignés. On en
connaît une estampe, médiocre à la vérité, mais qui, en somme, est un document.
Le jeune Jésuite, précepteur de Don Juan d’Autriche, deuxième du nom, était un
cosmographe réputé. Le musée de Bruxelles possède d’un autre délia Faille,
Alexandre, une image qu’il est permis d’envisager comme contemporaine de la
présente. On put voir celle-ci à l’Exposition d’Anvers; sa présence ajoute puis-
samment au relief de celle de Bruxelles. L’œuvre appartient au comte délia
Faille de Leverghem; on en doit donc pouvoir déterminer la date.
Plus énigmatique est le portrait-groupe appartenant au marquis de la Boës-
sière, désigné comme un prince de Nassau et son précepteur; ensemble plein de
charme, où les têtes, celle du vieillard surtout, sont empreintes d’un grand
caractère; les mains, en revanche, ne sont pas à l’abri de la critique.
Une très curieuse étude de mains, exposée par M. Cardon, attire à bon
droit l’attention des curieux. Sans doute, avec quelque recherche, arriverait-on
à déterminer les œuvres où trouvèrent leur emploi ces fragments, peut-être
préparatoires.
Par de splendides portraits de la période anglaise, la Comtesse de Clanbrassü,
en robe de soie bleue, appartenant à lord Denbigh; Henri Rich, comte de
Warwick, en armure, appartenant à M. Pierpont Morgan, tous deux en pied,
nous suivons van Dyck dans cette partie de sa carrière où, peintre de la cour
de Charles Ier, il prépare l’éclat futur de l’école anglaise du portrait. Ce qui
ne l’empêche, durant ses retours momentanés sur le sol natal, de revenir
comme d’instinct aux effets et au style des temps antérieurs. Certains portraits
de l’Exposition semblent appartenir à cette époque. Nous inclinons à y com-
prendre le Pontius de M. Ad. Schloss, le Gaspard de Crayer de la galerie Liech-
tenstein, et le beau Portrait de vieille dame du musée de Lille. Ceci d’ailleurs
sous réserve.
Nous avons jadis fait paraître dans la Gazette1 un ensemble de notes sur cette
période de la vie de van Dyck. Il en résulte qu’au nombre des œuvres prêtées à
l’Exposition par le musée d'Amsterdam, le groupe du jeune Guillaume II de
Nassau et sa femme, fille de Charles Ier d’Angleterre, appartient aux tout derniers
temps de l’artiste. Empreinte d’une froideur quelque peu officielle, cette page
reste digne encore du pinceau illustre qui la traça.
1. 1887, t. H, p. 432 ; Les Dernières années de van Dyck.
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mérite d’exécution. Non licet omnibus adiré Corinthum. Ne vont à Saint-Pétersbourg,
ni même à Budapest que de rares privilégiés. Pourtant les œuvres que nous
mentionnons jouissent dès longtemps d’une célébrité universelle.
En voici de moindre notoriété, bien qu’appartenant à des collections
belges. C’est d’abord un personnage d’apparence cléricale, vu de profil, désigné
comme un Vilain XIIU (?), appartenant à M. Lejeune de Schiervel. L’homme, vêtu
entièrement de noir, tient un in-folio relié en parchemin. La tête est puissamment
expressive, les mains sont superbes. Évidemment, il s’agit ici d’une production
anversoise, de 1630 environ. Grâce à notre reproduction, peut-être sera-t-il
possible d’arriver à une détermination du personnage. On nous affirme l’existence
en Angleterre, dans une collection privée, d’une réplique de ce remarquable
morceau, un de ceux qui retiennent le plus longuement le visiteur.
Sur le Père Jean-Ch. délia Faille S. J., nous sommes mieux renseignés. On en
connaît une estampe, médiocre à la vérité, mais qui, en somme, est un document.
Le jeune Jésuite, précepteur de Don Juan d’Autriche, deuxième du nom, était un
cosmographe réputé. Le musée de Bruxelles possède d’un autre délia Faille,
Alexandre, une image qu’il est permis d’envisager comme contemporaine de la
présente. On put voir celle-ci à l’Exposition d’Anvers; sa présence ajoute puis-
samment au relief de celle de Bruxelles. L’œuvre appartient au comte délia
Faille de Leverghem; on en doit donc pouvoir déterminer la date.
Plus énigmatique est le portrait-groupe appartenant au marquis de la Boës-
sière, désigné comme un prince de Nassau et son précepteur; ensemble plein de
charme, où les têtes, celle du vieillard surtout, sont empreintes d’un grand
caractère; les mains, en revanche, ne sont pas à l’abri de la critique.
Une très curieuse étude de mains, exposée par M. Cardon, attire à bon
droit l’attention des curieux. Sans doute, avec quelque recherche, arriverait-on
à déterminer les œuvres où trouvèrent leur emploi ces fragments, peut-être
préparatoires.
Par de splendides portraits de la période anglaise, la Comtesse de Clanbrassü,
en robe de soie bleue, appartenant à lord Denbigh; Henri Rich, comte de
Warwick, en armure, appartenant à M. Pierpont Morgan, tous deux en pied,
nous suivons van Dyck dans cette partie de sa carrière où, peintre de la cour
de Charles Ier, il prépare l’éclat futur de l’école anglaise du portrait. Ce qui
ne l’empêche, durant ses retours momentanés sur le sol natal, de revenir
comme d’instinct aux effets et au style des temps antérieurs. Certains portraits
de l’Exposition semblent appartenir à cette époque. Nous inclinons à y com-
prendre le Pontius de M. Ad. Schloss, le Gaspard de Crayer de la galerie Liech-
tenstein, et le beau Portrait de vieille dame du musée de Lille. Ceci d’ailleurs
sous réserve.
Nous avons jadis fait paraître dans la Gazette1 un ensemble de notes sur cette
période de la vie de van Dyck. Il en résulte qu’au nombre des œuvres prêtées à
l’Exposition par le musée d'Amsterdam, le groupe du jeune Guillaume II de
Nassau et sa femme, fille de Charles Ier d’Angleterre, appartient aux tout derniers
temps de l’artiste. Empreinte d’une froideur quelque peu officielle, cette page
reste digne encore du pinceau illustre qui la traça.
1. 1887, t. H, p. 432 ; Les Dernières années de van Dyck.