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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0367

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346

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sède cette aisance d’exposition qui donne de la continuité au récit et, au besoin,
dissimule le manque d’enchaînement.

Je ne puis essayer de comprimer en quelques lignes la riche matière de ce
très gros livre; à peine ai-je l'espace pour noter l’une ou l’autre des grandes idées
générales qu’il contient ou suggère. Il en est une qui reparaît plus d’une fois
sous des formes diverses : l’art byzantin, dès qu’il se constitue, se montre orien-
tal de nature, soit qu’il trouve en lui-même sa propre substance, soit qu'il
l’emprunte aux vieilles civilisations d’Asie. Lorsqu’il entre en relations avec
l’Occident, c’est pour donner, non pour recevoir. Les quatre parties du livre
de M. Diehl aboutissent à cette même conclusion, la première, qui traite des
origines, comme les trois autres, qui étudient les trois périodes brillantes de
l’évolution byzantine.

Quand l’art byzantin apparaît, avec le triomphe du christianisme et la puis-
sance politique de Constantinople, ce n’est pas pour continuer l’art romain et
impérial. M. Strzygowski a fait remarquer, et démontre chaque jour par des
exemples plus nombreux et plus probants, que la civilisation byzantine résulte
d’une recrudescence de vitalité dans les civilisations d’Asie Mineure, de Syrie,
de Perse et d’Égypte. Il n’y a rien là pour surprendre. Au temps de sa plus
grande puissance, la Rome impériale avait accueilli les croyances et les arts
d'Orient. Comment Constantinople n’aurait-elle pas été submergée‘.'Jamais l’hellé-
nisme, triomphant depuis Alexandre, n’avait étouffé l’âme des peuples d’Égypte
et d’Asie; il subit un retour offensif de l’art hiératique d’Orient lorsque ces vieux
mondes se réveillèrent. Ce n'est pas à Rome, c’est à Antioche, à Éphèse, à
Alexandrie que sont les origines byzantines. Sainte-Sophie de Constantinople n’est
pas fille du Panthéon de Rome; ses ancêtres sont ces églises perdues dans les
déserts de Syrie qu’a décrites autrefois le marquis de Vogué. Le rôle de Constan-
tinople, ville sans tradition, sans passé, fut de ramasser et d’organiser des forces
éparses; la puissance politique inllue parfois beaucoup sur le développement de
l'art. Les papes de la Renaissance ont créé un style en bâtissant Saint-Pierre, et
le roi de France un autre en bâtissant Versailles. De même il fallait la toute-
puissance d’un Justinien pour élever Sainte-Sophie. Constantinople a donc ravivé
les arts de la vieille Asie au moment où fléchissait la civilisation gréco-romaine.

C’est pendant le règne de Justinien que se place la première période brillante
de l’art byzantin; par son architecture et son décor, Sainte-Sophie en est le
monument le plus accompli. A cette époque, l’Occident ne connaissait guère
d’autre lumière que le lointain rayonnement de Constantinople. L’art de Justi-
nien a débordé sur l’Italie, il a conquis Rome et crééRavenne. C’est aussi durant
cette longue période des temps mérovingiens, qui paraît si confuse et si vide en
Occident, que l’Orient a créé et propagé à travers la chrétienté entière un
système iconographique auquel les siècles n'ont changé que quelques détails.
L’Orient n’a pas donné seulement à l’Europe les Evangiles, il a donné aussi les
images de Jésus, de la Viel'ge et des saints. La pauvre et abstraite symbolique
des Catacombes a été remplacée par un cycle abondant de peintures historiques.
Ces compositions sont d’origine byzantine, et, d’après Ajnalov, elles viendraient
de Palestine même. Ces motifs, destinés à une dispersion universelle, à une durée
dont on ne prévoit pas la fin, ils viennent de Bethléem et de Jérusalem, comme
le Dieu qu’ils montrent. De très bonne heure des sanctuaires attiraient en Pales-
 
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