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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0369

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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même époque que les sculpteurs et peintres d’Italie, à Florence et à Sienne, les
imagiers gothiques et les enlumineurs de Paris ont commencé aussi à regarder la
nature pour la copier. La question s’est donc posée, encore une fois, de savoir qui
avait commencé, l’Orient ou l’Occident. Pour le moment, il n’y a point de solu-
tion qui s’impose. Il n'y a, en tout cas, nulle raison de croire que l’impulsion
soit venue d’Italie. L’art byzantin, en même temps que l’art occidental, est entré
dans une phase naturaliste; faut-il reconnaître ici la promesse d'une longue vie
nouvelle? La catastrophe de 14S3 vint tout interrompre. Mais la fin de Byzance
n’a pas anéanti l’art byzantin. Il est allé se réfugier dans les monastères où il
somnole encore.

Ainsi, l’art byzantin, à aucun moment de son histoire, ne semble avoir subi
la dépendance de l’art occidental. Le courant qui mène la civilisation de l’Est
vers l’Ouest n’a pas de retour. Des constructions gothiques ont bien pénétré en
Orient, mais parce qu’elles suivaient la conquête franque, et non parce qu’elles
étaient adoptées parles architectes du pays. Le rôle historique de Byzance tire
son importance de ce que cette civilisation a conservé et propagé quelques étin-
celles du foyer grec asiatique durant la nuit du haut Moyen âge. Sans elle, la
rupture entre l’antiquité et le monde moderne eût été plus complète encore.
Sans elle, de longs siècles seraient vides. Nous pouvons parfois ne pas partager
l’admiration que les archéologues byzantins témoignent aux figures de cet art;
il faut sans doute, pour les aimer d’amour, une fréquentation prolongée que la
plupart n’ont pas eu le loisir de leur accorder. Mais la curiosité qu’elles éveillent
n’est pas le privilège de quelques initiés. C’est que cet art complexe a de lointains
ancêtres et qu’il les rappelle dans tous ses traits; avec des débris du monde
antique il a façonné la plupart des figures de l’art moderne. C’est avec de très
vieilles reliques de Grèce et d’Asie qu’il pare ces personnages chrétiens qui pas-
seront chez nous et seront successivement romans, gothiques, classiques; ils
n’ont pas fini de manifester la continuité du christianisme à travers les trans-
formations de la société chrétienne.

Admirable situation pour un historien que ce passage byzantin entre deux
âges, défilé où viennent se resserrer les routes qui mènent du monde antique
au monde moderne! Aussi les archéologues sont-ils nombreux qui rencontrent
sur leur route cette « question d’Orient » de l’histoire de l’art. Les noms français
reviennent souvent dans la bibliographie de ce chapitre. De Vogué, Bayet, Choisy,
Millet, Bertaux, Brehier, de Beylié, combien d’autres faudrait-il citer qui ont
apporté leurs importantes contributions! Grâce à l’effort heureux de M. Diehl,
c’est dans notre langue que, pour longtemps sans doute, on lira la plus com-
plète et la plus claire des histoires de l’art byzantin.

LOUIS H0URT1CQ

Le Gérant : P. Gihahdot.

PA RIS.

IMPRIMERIE PHILIPPE RENOUARD.
 
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