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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

DOI issue:
Nr. 5
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Bidou, Henry: Le Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0395

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

artiste est un de ceux qui cherchent à s’évader de l’art académique,
où il a excellé. On connaît de lui telle petite tête de jeune homme,
par exemple, qui est de la facture la plus minutieuse et la plus
attentive. 11 s’est délivré en brisant ces formes un peu sèches, et en
traînant sur des corps nus des coulées de pâte grasse. Cette année,
son envoi est encore différent. Le dessin académique y redevient
visible, voilé seulement par une recherche d’enveloppe ultérieure,
et un peu artificielle, qui touche peu.

Le tableau de M. Laprade est un bel effort, et un beau résultat.
Si on se rapporte aux pochades heureuses, certes, mais d’une réali-
sation encore si sommaire et quelquefois si incertaine que cet artiste
envoyait aux Indépendants il y a une dizaine d’années, — à ces
études de jardins, par exemple, ou d’intérieurs, avec les coutilsblancs
et rouges et les indications d’effet en zébrures bleues, — quel sou-
dain changement! Dans ceLte vue du port de Marseille, peinte avec
tant de calme et de maîtrise, dans une si belle harmonie bleuissante,
quelle perfection classique ! Les jeunesses révolutionnaires font les
talents équilibrés. La fougue se discipline, et les artistes libres
viennent d’eux-mêmes prendre rang entre les maîtres. Ce n’est pas
une conversion; c’est la fin naturelle de leur art.

De quel bel effet sont encore deux envois de M. Manguin ! Com-
positions classiques, non seulement par la disposition des lignes,
mais par celle des valeurs, des tons, des surfaces. L’une est une femme
nue assise de profil et dont le corps, peint d’un seul ton très beau et
très savoureux de jaune rose, s’oppose aux gris d’un fond uni, et aux
rouges d’une draperie de velours : ainsi le tableau est fait en toute
simplicité, des trois formes de ces trois tons. Un linge bleuté relie la
chair au gris; un meuble brun et rose l’unit au rouge du fond. C’est
tout. L’autre tableau est une baigneuse qui, au bord d’une fontaine,
nue, debout et penchée en avant, croise un pied devant l’autre et
s’apprête à descendre. Des verdures lumineuses et le champ des
nuages font un fond à ce corps doré, lumineux et d’une arabesque
charmante. La tête est baissée et la chevelure noire fait la valeur
principale. M. Lebasque a deux jolies toiles. Nous avons vu tous ces
peintres aux Indépendants. Mais ici, dans un cadre plus vaste et plus
calculé que les baraquements du Cours-la-Reine, leur talent s’épa-
nouit. Le Salon d’Automne, ce sont les Indépendants arrivés. Et
c’est en même temps une sélection de ce que les autres Salons ont
de plus raffiné. On retrouve ici M. du Gardier, M. Rupert Runny,
M. Lavery, avec un grand portrait dansant et rougeoyant de la
 
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