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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 5
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Blum, André: L' estampe satirique et la caricature en France au XVIIIe siécle, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0444

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sexe duquel s’engagèrent des paris fameux1 2. A Londres, en 1771,
furent publiées quatre caricatures contre lui. La première représen-
tait l’enlèvement de Mlle d’Eon, qu’une figure allégorique du Temps
transportait en Angleterre, tandis que des spectateurs regardaient
la scène avec des lorgnettes à longue portée, puis c’était la députa-
tion des parieurs du café Janethan, les noces, et, enfin, l’entrée
triomphante à Windsor. Toutes ces équivoques sur son sexe four-
nissaient matière à des plaisanteries gauloises dont la provenance
n’est évidemment pas d’outre-Manche.

La caricature anglaise est dépourvue de ce caractère de gaieté
particulière à l’esprit français, esprit léger et spontané aimant à
s’amuser, mettant son plaisir jusque dans les joujoux d’enfants. En
1746, on imagine à Paris des pantins pour faire jouer d’abord les
enfants et qui divertissent tout le public. Ces petites figures, faites
en carton, avec un fil derrière pour faire remuer et danser les bras
et les jambes, représentent Arlequin, Scaramouche, et différents
personnages dont quelques-uns dans des postures lascives. Barbier1
fait remarquer qu’il y en a de peints par de bons peintres, entre
autres par M. François Boucher, un des plus fameux de l’Académie,
et qui se vendaient cher. Cette mode coïncida avec celle des décou-
pures. Dans les salons on offrait des estampes à découper, déta-
chées de livres de chansonniers. On les collait, les coloriait, on com-
posait des scènes entières par le rapprochement de personnages
empruntés à des gravures de toutes sortes. « Epigrammes », dit le
marquis d’Argenson, « historiettes ridicules, singeries qui n’ont en
vue que le mal du prochain, saillies désobligeantes, dédain de tout,
critique irréfléchie, voilà le siècle. »

ANDRÉ BLUM

(La fin prochainement.)

1. Cf. l’estampe de Rosemberg qui se vendait à Paris, chez Comba, Due del
MUe la Chevalière d'Éon de Beaumont avec If. de Saint-Georges. Voir L. Perey, La Fin
du xvme siècle : le duc de Nivernais, Paris, 1891. Les quatre pièces citées plus
haut, parues à Londres en 1771, se trouvent dans la collection Leber, n° 6064.

2. Barbier, Journal de la Régence, t. IV, p. 24. Boucher est l’auteur de beau-
coup de caricatures; entre autres, il faut citer (catalogue Paignon-Dijonval,
n° 3396) la caricature d’un peintre travaillant à son chevalet et ayant une tête
d’àne.
 
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