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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 6
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Ritter, William: Ludwig von Hofmann
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0463

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438

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

le caractère d’improvisation, on déduirait facilement, quoiqu’il en
aille un peu autrement dans la réalité, que vivre en beauté lui fut
aussi facile que de peindre des corps chastement voluptueux dans
des paysages de paradis terrestre. Et il aborde l’Italie, non celle des
musées, mais celle des baignades et de la vie demi-nue au grand
air des côtes napolitaines, avec une sérénité édénique. Il rentre
chez lui, là où son rêve fut corporisé. C’est exactement le contraire
de ce qui se passe, lorsque son prédécesseur Hans von Marées,
dévoré pourtant des mêmes désirs, aborde l’Italie ou l’Espagne :
lui, entre en enfer. L’impuissance de réaliser ses ambitions, parce
qu’il les complique de théories et manque d’ingénuité, le conduira
sur les sentiers de la mort et de la folie. Dans sa lutte corps à
corps avec l’idéal que les maîtres lui ont inculqué, il sera Jacob
terrassé par l’ange dans les ténèbres. Tout lui devient problème;
toute fraîcheur se perd dans ses calculs de rythme et de volume;
toute harmonie, au lieu d’être une source de jouissance et d’émotion
mystérieuse, lui apparaît rigoureusement décomposable selon une
sorte de géométrie rythmique qu’il est bon de concevoir, mais par
laquelle il ne faut pas laisser se dessécher l’imagination. Devant
les œuvres de Marées je ne puis m’empêcher de penser à de la
gymnastique de Jaques Dalcroze peinte. Et puis sa recherche de la
belle couleur en relief l’amènera à fatiguer et à perdre toute vibra-
tion. Ses chairs seront des baudruches, du cuir; les surfaces en
connaîtront non seulement le sarcome et l’eczéma, mais les tons
à la fois irisés et rances — et surtout très involontaires, produits d’une
défectueuse mixtion d’huiles et de tempera, — de la décomposition
sèche des harengs et des saumons fumés. Or, si vous prenez l’exact
contre-pied, vous obtenez Ludwig von Hofmann. C’est sans effort,
du moins apparent, qu'il atteint à tout ce vers quoi a tendu
Marées, à tout ce qu’il a entrevu et qu’il a dû renoncer à réaliser,
et c’est aussi, semble-t-il, sans rien connaître des souffrances et
des affres neurasthéniques de son illustre prédécesseur, tellement
plus intéressant par le problème, que sa psychologie pose, que par
les résultats artistiques de son existence de mornes recommence-
ments.

J’attribue à l’influence de Puvis de Chavannes et de M. Besnard,
dont M. L. von Hofmann s’est épris des œuvres lors de son séjour à
Paris dès 1889, le fait que cet Allemand du Nord ait su impunément
absorber l’Italie. Et puis il est né sous une heureuse étoile. Tout de
ses travaux et de son histoire, du reste, nous le montre de la belle
 
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