DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Blum, André: L' estampe satirique et la caricature en France au XVIIIe siècle, 7
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L’ESTAMPE SATIRIQUE ET LA CARICATURE EN FRANCE 467
Mais, à côté de ces caricatures quelquefois grossières, il est dif-
ficile de dédaigner ou passer sous silence ces charges spirituelles
que les plus grands artistes du siècle exécutent avec une ironie
mesurée et discrète, faite de bon goût. Il semble même que cer-
tains traits grotesques n’ont pas été exagérés pour faire rire ou
esquissés légèrement : ils sont décrits avec une telle exactitude
qu’ils sont comme nécessaires. Le regard pénétrant de ces carica-
turistes a observé tantôt des gestes ridicules, tantôt des cligne-
ments d’yeux bizarres, ici un menton énorme, là des lèvres larges
ou épaisses, ailleurs un nez long ou d’une courbure extraordinaire.
Ce n’est pas leur faute si, dans l’altitude où certain personnage
s’est laissé surprendre, il apparaît comme un être déformé : il
demeure très vivant, tant les traits ont été scrupuleusement détaillés
et paraissent vrais. Ces portraits-charges échappent à la laideur à
la fois par la grâce et la justesse du style.
Enfin, on ne peut négliger toutes ces caricatures pleines de
finesse relatives aux mœurs de ce temps et à toutes les inventions
merveilleuses qui faisaient crier au miracle : « En vérité », écrit le
comte de Ségur, « quand je me rappelle cette époque de songes déce-
vants et de savantes folies, je compare l’état où nous nous trouvions
alors à celui d’une personne placée sur le haut d’une tour et dont les
vertiges produits par l’aspect d’un immense horizon précèdent de peu
d’instants la plus effroyable chute. »
ANDRÉ BI.UM
LE SCRIBE
MARCHAND D'IMAGES A LA GRECQUE
CARICATURE ANONYME
(Bibliothèque de l’Arsenal, Paris.)
Mais, à côté de ces caricatures quelquefois grossières, il est dif-
ficile de dédaigner ou passer sous silence ces charges spirituelles
que les plus grands artistes du siècle exécutent avec une ironie
mesurée et discrète, faite de bon goût. Il semble même que cer-
tains traits grotesques n’ont pas été exagérés pour faire rire ou
esquissés légèrement : ils sont décrits avec une telle exactitude
qu’ils sont comme nécessaires. Le regard pénétrant de ces carica-
turistes a observé tantôt des gestes ridicules, tantôt des cligne-
ments d’yeux bizarres, ici un menton énorme, là des lèvres larges
ou épaisses, ailleurs un nez long ou d’une courbure extraordinaire.
Ce n’est pas leur faute si, dans l’altitude où certain personnage
s’est laissé surprendre, il apparaît comme un être déformé : il
demeure très vivant, tant les traits ont été scrupuleusement détaillés
et paraissent vrais. Ces portraits-charges échappent à la laideur à
la fois par la grâce et la justesse du style.
Enfin, on ne peut négliger toutes ces caricatures pleines de
finesse relatives aux mœurs de ce temps et à toutes les inventions
merveilleuses qui faisaient crier au miracle : « En vérité », écrit le
comte de Ségur, « quand je me rappelle cette époque de songes déce-
vants et de savantes folies, je compare l’état où nous nous trouvions
alors à celui d’une personne placée sur le haut d’une tour et dont les
vertiges produits par l’aspect d’un immense horizon précèdent de peu
d’instants la plus effroyable chute. »
ANDRÉ BI.UM
LE SCRIBE
MARCHAND D'IMAGES A LA GRECQUE
CARICATURE ANONYME
(Bibliothèque de l’Arsenal, Paris.)