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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 6
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Lafond, Paul: Juan de Valdés Leal, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0497

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

débris humains de l’un, le squelette debout de l’autre, sont d’une
superbe et triomphante audace; avec des blancs, des gris et des
noirs, le peintre a obtenu des effets véritablement surprenants.

Dans la coupole de la chapelle, l’artiste a peint à fresque Les
Quatre Évangélistes, en des attitudes quelque peu forcées qui sentent
la décadence ; dans la tribune, au-dessus du vestibule, il a placé
une grande composition consacrée à L'Exaltation de la Croix
L’esquisse de ce tableau a fait partie de la galerie, aujourd’hui dis-
persée, du duc de Montpensier, au palais de San Telmo, à Séville.

La légende raconte que l’empereur Héraclius, après avoir racheté
la vraie Croix, enlevée de Jérusalem par le roi de Perse Chosroès,
avait voulu la rapporter à la Ville Sainte, à la tête d’une procession
solennelle; mais une force invincible l’empêcha d’en franchir les
portes. Le patriarche Zacharie avait alors expliqué à l’empereur le
miracle : le Christ ayant toujours porté d’humbles vêtements, le
souverain devait se défaire du faste impérial pour entrer dans Jéru-
salem, ce qu’il fit d’ailleurs et ce qui lui permit de réaliser son
désir.

C’est celte scène qu’a interprétée Juan de Valdés Leal. Une croix
colossale occupe le centre du tableau; à sa droite se trouve le
patriarche Zacharie en costume de cardinal, entouré de prélats, de
prêtres et de religieux; à sa gauche, l’empereur en train de déposer
la pourpre impériale, accompagné de sa cour de grands seigneurs,
de généraux et de soldats; les fonds montrent au loin une ville
avec ses murailles, ses édifices et au-dessus, sur des nuages, la
Vierge au milieu de saints, d’anges et de chérubins.

C’est là l’œuvre la plus importante du maître, au moins comme
dimensions; elle mériterait d'être plus connue qu’elle ne l’est. D’nn
arrangement savant et habile, d’une couleur chaude et puissante,
d’un dessin ferme et vibrant, elle est véritablement des plus remar-
quables.

Les peintures de la chapelle de l’hôpital furent achevées en
1672. Quatorze ans plus tôt, Jean de Valdés Leal avait brossé le por-
trait de Don Miguel cle Manara, conservé avec un soin jaloux par la
confrérie de la Caridad et placé encore de nos jours dans la salle où
ses membres tiennent leurs réunions. Le terrible Manara, devenu
un saint, est représenté dans un intérieur austère, la croix rouge de
Calatrava brodée sur son vêtement sombre, assis devant une table
recouverte d’un tapis, en train d’enseigner un pauvre gamin d’aspect
vulgaire qui porte l’uniforme des pensionnaires de l’hôpital. Cet
 
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