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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 6
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Soulier, Gustave: La place de la seigneurie et les restaurations de Florence: correspondance d'Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0520

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492

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

arcone de la place Victor-Emmanuel, et où l’on parlait même de démolir le
Ponte Vecchio.

Cette remise en place du David et de la tribune ne révèle d’ailleurs que deux
points particuliers du plan arrêté pour rendre à l’ancien Palais de la République,
qui reste le siège et le symbole propre de la commune florentine, tout son
ancien caractère et la sévère beauté de l’architecture d’Arnolfo.

En ce qui concerne le David de Michel-Ange, on sait que c’est à cet endroit
qu’il prit place et qu’il resta jusqu’en 1872, date à laquelle il fut transporté au
musée de l’Académie, où il se trouve encore aujourd’hui1. Les risques que courait
l'œuvre exposée à toutes les intempéries, qui avaient déjà nécessité des répa-
rations, avaient seuls contraint à l’enlever de sa vraie place2. On reconnaît
aujourd’hui qu’il faut toujours préférer voir les œuvres d’art dans le cadre même
pour lequel elles ont été créées, et que les musées ne doivent être que l’asile des
œuvres déracinées ou sans poste fixe. Il faut ajouter aussi que Michel-Ange
n’avait pas exécuté cette figure pour qu’on la vît de très bas, ainsi que l’on
contemple la reproduction placée sur la place Michel-Ange, ni surtout pour la
voir transformée en nègre, dans cette fonte couleur de charbon, et pour qu’elle
se découpât en silhouette d’ombre sur le ciel clair. Tous ces contresens réunis
militaient en faveur d’un rétablissement du David dans ses conditions normales.
Conçu en marbre et pour le marbre, il devait rester de marbre, et s’imposer
dans l’entourage des hauts palais et non sur le ciel libre.

Une bonne copie moderne, dans les dimensions exactes de l’original, a été
exécutée, ce qui coupe court à toute crainte au sujet de l’œuvre même de Buonar-
roti ; et le marbre a été patiné assez heureusement, de telle sorte qu’il n’ap-
porte pas une tonalité trop neuve au milieu des vieilles pierres du Palais et de la
Loggia, et qu’il se trouve tout de suite placé dans son milieu.

Le David de Michel-Ange, — le Géant, ainsi qu’on l’appela dès la délibération
de YArte delta Lana qui en confia l’exécution au sculpteur, — n’est en réalité
qu’un élément de la décoration d’ensemble constituée par cette ringhiera, cette
tribune circonscrite par un parapet et surélevée de quelques marches, qui prolon-
geait le Palais en manière de terrasse, d’abord sur deux faces, puis sur une seule.

L’histoire de cette terrasse et de ses embellissements successifs ou de ses alté-
rations nous est racontée par les documents figuréseux-mêmes. Nous pouvons la
suivre sur les fresques disséminées à Florence et dans ce Musée historique-topo-
graphique florentin, assez récemment inauguré dans la maison de Michel-Ange.
On n’a pas encore dit tout le vivant intérêt et l’utilité de ce musée, précieuse
ressource pour tous ceux qui étudient l’histoire de Florence, et à la constitution
duquel se sont dévoués M. P.-N. Ferri, conservateur des dessins et estampes à la
galerie des Uffizi, et M. Guido Biagi, l’érudit directeur des Bibliothèques Lauren-
tienne et Ricardienne.

1. Nous avons, de cette date (1872), un opuscule de A. Foresi, Sul David di Michelan-
gelo Buonarroti, imprimé à Florence, qui discute de l'emplacement de la statue et
propose de la porter à l’Académie, ce qui fut fait peu après. Cette brochure témoigne de
la campagne menée à ce moment-là pour l'enlèvement du Géant de Michel-Ange.

2. Le Musée historique-topographique de Florence (Casa Buonarroti) possède une
photographie, prise vers 1851, qui montre la statue provisoirement recouverte de
planches pour la réparer des atteintes de la pluie.
 
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