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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 7.1912

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Nr.1
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Castagnary, Jules-Antoine: Fragments d'un livre sur Courbet, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24884#0033

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

d’amende pour complicité dans le renversement de la Colonne.

Enfermé à Sainte-Pélagie pour y faire sa peine, on refusa d’abord
de le laisser peindre. Paris a des ciels admirables; il rêvait de les
peindre : « Il m’est venu une idée », m’écrivait-il de sa prison, « c’est
de faire Paris à vol d’oiseau avec des ciels comme je faisais des
marines. L’occasion est unique; il y a sur le faîte de la maison une
galerie qui en fait le tour; elle a été construite par M. Ouvrard,
c’est splendide. Ce serait aussi in téressant que mes marines d’Etretat.
Mais, chose sans exemple et d’une brutalité sans pareille, il ne m’est
pas permis d’avoir mes instruments de travail... » Il ajoutait en
post-scriptum : « Dépêchez-vous, car le temps est magnifique. »
L’Administration se départit de sa rigueur. Mais il était trop tard:
le temps avait changé. Il fit cependant quelques peintures; à l'expo-
sition posthume de l’Ecole des Beaux-Arts on a pu voir un panneau
de salle à manger, une Truite. On lisait au bas : «71, G. Courbet,
In cumulis faciebcit. » Il fit aussi quelques fruits et se représenta
lui-même derrière les barreaux d’une prison : « In vincuiis. »

Sa prison finie, Courbet rentra dans son atelier (2 mai 1872). Il
y fut tranquille quinze mois. Il l’aurait été toute sa vie si M. Thiers
n’avait été renversé. Mais, avec le 2i mai et le gouvernement de
l’Ordre moral, les ennemis du peintre avaient pris possession du
pouvoir. L’idée de se venger du malheureux artiste, de lui faire
payer le montant de la Colonne, fut mise en circulation. Un ministre
bonapartiste, M. Magne, fit saisir tout ce que possédait Courbet
et la persécution commença.

Par l’effet de ces poursuites Courbet pouvait se trouver à l’im-
proviste sous le coup d’une contrainte par corps : il franchit la
frontière en juillet 1873, accompagné du docteur Ordinaire, et passa
dans le pays de A"aud. Réfugié à la tour de Peilz dans une mai-
sonnette qui portait pour titre Bon port, il reprit son pinceau et fit
quelques œuvres remarquables : vues du château de Chillon, d’autres
paysages, un très beau portrait de son père, des poissons... Mais le
cœur n’y était plus. Il lui manquait, avec le repos de l’esprit, deux
choses sans lesquelles un artiste ne se conserve pas longtemps : des
modèles et des appréciateurs. Il déclina peu à peu. Un jour, ces

lettre de Félix Pyat qui revendique lu responsabilité de la démolition, le témoi-
gnage de Paschal Grousset qui revendique la responsabilité de l’exécution
enfin le marché conclu entre la Commune et les entrepreneurs, d’où résulte avec
le dernier degré d’évidence que Courbet ne fut pour rien dans cette transaction
décisive.
 
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