LES SALONS DE 1912
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exceptionnelle et aux artistes de profession. Parmi ces derniers,
beaucoup d’étrangers, des débutants mais aussi des hommes en
possession de la notoriété, auxquels d’autres Salons sont ouverts,
mais qui restent attachés à l’institution qui les soutint à leurs dé-
buts. On voudrait qu’une pareille solidarité fût générale et que les
Indépendants fussent défendus par la présence de tous ceux qui y
ont fait leurs premières armes. MM. Maurice Denis, X.-K. Roussel.
Vuillard, Bonnard, Manzana, Jules Flandrin, qui exposaient encore
naguère, ne se sont pas, nous l’espérons, éloignés sans esprit de retour.
Parmi les envois reçus sans aucune élimination et qui sont presque
tous des tableaux ou des dessins, car la sculpture et les arts appli-
qués sont à peine représentés, la commission de placement a su
opérer le classement le plus heureux. Elle a, par une sorte de
miracle, ordonné ce chaos et souligné la parenté des efforts concertés
à dessein ou rapprochés par analogie et rencontre de tempérament.
Les premières salles sont surtout consacrées aux amateurs ; au
centre apparaissent les « cubistes », puis, après le repos d’un grand
salon où figurent des statuettes et des objets d'art, se développent
les écoles novatrices, pour aboutir à la salle 43 où sont réunis les
néo-impressionnistes.
Ce Salon est très fréquenté. Quelques-uns, sans doute, viennent
se divertir aux dépens de tentatives qu’ils ne comprennent pas,
beaucoup accourent par curiosité, un très grand nombre par sym-
pathie. Des papillons rouges apposés sur les ouvrages vendus
attestent la multiplicité les achats. Des œuvres très diverses béné-
ficient de cette faveur, et il ne m’est pas apparu qu’on pût en tirer
une conclusion nette sur l’orientation du goût des amateurs.
Dès la première inspection on se convainc que les problèmes
techniques continuent à solliciter avant tout les artistes novateurs.
L’expression du sentiment, la traduction des idées ou de la réalité se
subordonnent évidemment, pour la plupart, à la recherche des
moyens picturaux. Cette préoccupation doit nous diriger dans notre
examen.
Tout progrès de l’art contemporain dans l’ordre technique prend,
on le sait, son origine dans l’Impressionnisme, soit par les dévelop-
pements de l’impressionnisme même, soit par les réactions que ce
mouvement magnifique a déterminées.
A l’extrémité de l’évolution impressionniste se placent les artistes
qui s’intitulent eux-mêmes néo-impressionnistes. Ils se sont affir-
més depuis longtemps avec autorité, ils appartiennent désormais
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exceptionnelle et aux artistes de profession. Parmi ces derniers,
beaucoup d’étrangers, des débutants mais aussi des hommes en
possession de la notoriété, auxquels d’autres Salons sont ouverts,
mais qui restent attachés à l’institution qui les soutint à leurs dé-
buts. On voudrait qu’une pareille solidarité fût générale et que les
Indépendants fussent défendus par la présence de tous ceux qui y
ont fait leurs premières armes. MM. Maurice Denis, X.-K. Roussel.
Vuillard, Bonnard, Manzana, Jules Flandrin, qui exposaient encore
naguère, ne se sont pas, nous l’espérons, éloignés sans esprit de retour.
Parmi les envois reçus sans aucune élimination et qui sont presque
tous des tableaux ou des dessins, car la sculpture et les arts appli-
qués sont à peine représentés, la commission de placement a su
opérer le classement le plus heureux. Elle a, par une sorte de
miracle, ordonné ce chaos et souligné la parenté des efforts concertés
à dessein ou rapprochés par analogie et rencontre de tempérament.
Les premières salles sont surtout consacrées aux amateurs ; au
centre apparaissent les « cubistes », puis, après le repos d’un grand
salon où figurent des statuettes et des objets d'art, se développent
les écoles novatrices, pour aboutir à la salle 43 où sont réunis les
néo-impressionnistes.
Ce Salon est très fréquenté. Quelques-uns, sans doute, viennent
se divertir aux dépens de tentatives qu’ils ne comprennent pas,
beaucoup accourent par curiosité, un très grand nombre par sym-
pathie. Des papillons rouges apposés sur les ouvrages vendus
attestent la multiplicité les achats. Des œuvres très diverses béné-
ficient de cette faveur, et il ne m’est pas apparu qu’on pût en tirer
une conclusion nette sur l’orientation du goût des amateurs.
Dès la première inspection on se convainc que les problèmes
techniques continuent à solliciter avant tout les artistes novateurs.
L’expression du sentiment, la traduction des idées ou de la réalité se
subordonnent évidemment, pour la plupart, à la recherche des
moyens picturaux. Cette préoccupation doit nous diriger dans notre
examen.
Tout progrès de l’art contemporain dans l’ordre technique prend,
on le sait, son origine dans l’Impressionnisme, soit par les dévelop-
pements de l’impressionnisme même, soit par les réactions que ce
mouvement magnifique a déterminées.
A l’extrémité de l’évolution impressionniste se placent les artistes
qui s’intitulent eux-mêmes néo-impressionnistes. Ils se sont affir-
més depuis longtemps avec autorité, ils appartiennent désormais