GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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expressive. La Vierge parait intimidée; le regard et le sourire d’Eli-
sabelli expriment la joie; sa physionomie pourrait être compa-
rée au visage radieux du donateur agenouillé devant la Vierge,
dans un livre d’IIeures lombard de la Bibliothèque Nationale (ms.
lat. 757).
Zacharie, une belle ligure, pleine de dignité, est engagé sons la
porte, un peu comme le père des jeunes filles auxquelles saint Nicolas
jette des pommes d’or dans le livre d’ITeures mentionné de la Biblio-
thèque Nationale1, et tout à fait comme l’ange soulevant le rideau
dans le Couronnement de la
Vierge du musée de Berlin
attribué officiellement à Mi-
chelino da Besozzo et reven-
diqué par M. Pietro Toësca
pour la France ou pour les
Flandres ' et par le comte Dur-
rien pour l’école française3.
La Nativité. — L’artiste
nous conduit en plein air
dans un paysage charmant
qui respire l’atmosphère du
pays. Le schéma est conforme
à la tradition italienne, inau-
gurée par Giotto dans sa
fresque de l’église inférieure
d’Assise.
L’Enfant est étendu dans une crèche de grandes dimensions,
comme il ne s’en rencontre pas souvent dans les Nativités de ce
peut donc être identifié avec Péronet Lamy, mort en 1155. Toutefois une origine
commune de ces deux peintres expliquerait les analogies que présentent leurs
œuvres. Pour en revenir à la question deBénévent, notons qu’il existe deux loca-
lités d’une certaine importance ainsi dénommées en France : l’une dans la
Creuse, ancien siège d’une abbaye, l’autre dans les Ilautes-Alpes (arr. de Gap).
D’autre part, le village de Bouvent (canton d’Oyonnax) était autrefois soumis à
la juridiction de Saint-Claude. Un artiste originaire de ce lieu et séjournant à
Naples aurait pu avoir l’idée de latiniser ce nom. En lui donnant la forme de
Benivento, il ne se serait sans doute pas mis d’accord avec l’étymologie. Mais sa
licence lui aurait paru d’autant plus naturelle que non loin de cette localité se
trouvait un Montréal, synonyme de la célèbre ville sicilienne.
t. Cf. Toësca, op. cit., p. 292 (grav.).
2. Ibid., p. 467 (grav.).
3. Mémoires de l'Académie des Inscriptions, t. XXXVI11 (1911), 2e partie, p. 388.
ife A
LA CIRCONCISION, FRESQUE
ÉCOLE SAVOYARDE, XVe SIÈCLE
(Cloitre d’Abondance. )
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expressive. La Vierge parait intimidée; le regard et le sourire d’Eli-
sabelli expriment la joie; sa physionomie pourrait être compa-
rée au visage radieux du donateur agenouillé devant la Vierge,
dans un livre d’IIeures lombard de la Bibliothèque Nationale (ms.
lat. 757).
Zacharie, une belle ligure, pleine de dignité, est engagé sons la
porte, un peu comme le père des jeunes filles auxquelles saint Nicolas
jette des pommes d’or dans le livre d’ITeures mentionné de la Biblio-
thèque Nationale1, et tout à fait comme l’ange soulevant le rideau
dans le Couronnement de la
Vierge du musée de Berlin
attribué officiellement à Mi-
chelino da Besozzo et reven-
diqué par M. Pietro Toësca
pour la France ou pour les
Flandres ' et par le comte Dur-
rien pour l’école française3.
La Nativité. — L’artiste
nous conduit en plein air
dans un paysage charmant
qui respire l’atmosphère du
pays. Le schéma est conforme
à la tradition italienne, inau-
gurée par Giotto dans sa
fresque de l’église inférieure
d’Assise.
L’Enfant est étendu dans une crèche de grandes dimensions,
comme il ne s’en rencontre pas souvent dans les Nativités de ce
peut donc être identifié avec Péronet Lamy, mort en 1155. Toutefois une origine
commune de ces deux peintres expliquerait les analogies que présentent leurs
œuvres. Pour en revenir à la question deBénévent, notons qu’il existe deux loca-
lités d’une certaine importance ainsi dénommées en France : l’une dans la
Creuse, ancien siège d’une abbaye, l’autre dans les Ilautes-Alpes (arr. de Gap).
D’autre part, le village de Bouvent (canton d’Oyonnax) était autrefois soumis à
la juridiction de Saint-Claude. Un artiste originaire de ce lieu et séjournant à
Naples aurait pu avoir l’idée de latiniser ce nom. En lui donnant la forme de
Benivento, il ne se serait sans doute pas mis d’accord avec l’étymologie. Mais sa
licence lui aurait paru d’autant plus naturelle que non loin de cette localité se
trouvait un Montréal, synonyme de la célèbre ville sicilienne.
t. Cf. Toësca, op. cit., p. 292 (grav.).
2. Ibid., p. 467 (grav.).
3. Mémoires de l'Académie des Inscriptions, t. XXXVI11 (1911), 2e partie, p. 388.
ife A
LA CIRCONCISION, FRESQUE
ÉCOLE SAVOYARDE, XVe SIÈCLE
(Cloitre d’Abondance. )