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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 10.1913

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https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0186

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

l’architecture et de la sculpture, à travers la suite de leurs phases. M. Étienne
Moreau-Nélaton a raconté (p. xxi) comment le culte de l’art et l’amour « du petit
coin de terre où la vie l’a placé » l’avaient conduit à dresser cet inventaire,—
contribution magnifique au futur et indispensable corpus de nos églises de
France. L’auteur ne s’était soucié à l’origine que d’assurer le classement et, par-
tant, l’inaliénabilité des objets mobiliers conservés dans les églises de sa petite
patrie. Ses investigations se sont étendues, par la suite, du contenu au conte-
nant, de l’accessoire au principal. Si la mission primitive s’est trouvée singu-
lièrement élargie, la règle adoptée pour la remplir n’a subi aucune atteinte.

M. Moreau-Nélaton se défend de verser dans l’archéologie et désire simple-
ment faire oeuvre et acte d’artiste. Quoi qu’il en dise et bien qu’on le range,
paraît-il, « parmi les catholiques honoraires », une foi fervente le soutient et
des connaissances très variées l’éclairent; voyez plutôt avec quelle émotion il
parle du clocher rural, « âme du paysage », des « flèches altières et des dômes
trapus qui abritent la douce chanson des cloches ». 11 est plein d’un respect
attendri pour le passé dont il ne repousse aucun héritage; il le connaît aussi
bien qu’il l’aime, et vous seriez embarrassé de surprendre en defaut le savoir de
cet érudit involontaire; seulement sa science hait et bannit l’appareil pédan-
tesque, sans préjudice aucun pour la sûreté de l’information historique ou cri-
tique; avec lui, l’enquête emprunte volontiers les dehors attrayants du voyage
pittoresque : sous la bonhomie du récit, que de leçons utiles, que de conseils
avisés donnés en passant, que de révoltes saines contre l’indifférence qui pré-
pare la ruine, contre le vandalisme restaurateur « qui démolit sans pitié, pour
rebâtir avec rage » !

C’est l’œuvre d’un esprit libre et clairvoyant, l’œuvre d’un artiste, d’un jus-
ticier et aussi d’un vulgarisateur C II y a chez M. Moreau-Nélaton une volonté
constante, sociale, d’élever le plus grand nombre de ses semblables à l’intelligence
de la beauté. 11 ne se satisfait pleinement lui-même qu’en étant bienfaisant à
autrui. L’utopie n’est pas son fait. Chacune de ses entreprises aboutit, chacun
de ses hommages revêt un caractère durable, probant et efficace. Homme heu-
reux que ne cessent de hanter les plus nobles desseins, et auquel il échut, par
un juste retour, de vouloir et de savoir « vivre son rêve »!

R. M.

1. Comme dans tous les livres de M. Moreau-Nélaton, l'illustration joue ici un rôle
essentiel. Voici d’ailleurs, d’après l’auteur lui-même (p.xxm), l’économie de la publication :
« C’est », dit-il, «un album d’images dont l'importance varie suivant l’intérêt de chaque
sujet, mais où toutes les églises, quelles qu’elles soient (même modernes), ont trouvé
place dans l’ordre alphabétique des villages auxquels elles appartiennent. De courtes
notices accompagnent les images... Ce qui a paru plus profitable que des dissertations
prolongées, c’est un plan de l’édifice; on les a multipliés sans compter, persuadé de
leur utilité pour l’intelligence des documents photographiques... »

Le Gérant : P. Girardot.

PARIS.

TYP. PHILIPPE RENOUA RD.
 
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