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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
ces figures, nous apercevons les lettres i. lu g. (Jésus hominum sal-
vator ou IHSOUl), c’est-à-dire le chrisme adopté par saint Ber-
nardin de Sienne et figuré de la même façon dans plusieurs œuvres
d’art de la seconde moitié du xve siècle1.
En résumé, les dorsaux de Londres sont d’une qualité d’art infé-
rieure à ceux de Paris, ce qui ne les empêche pas de provenir du
même ensemble. La photographie de Londres a d’ailleurs été montrée
à M. le chanoine Vuillermoz, qui a certifié avoir vu à Saint-Claude
les panneaux du South Kensington.
Quelle était la destination de ces quatre sculptures? Dom Benoit
suppose qu’elles surmontaient des stalles de retour, adossées au jubé
disparu. Quoique plus hautes et plus étroites que les dorsaux des
stalles actuelles, elles ont pu se combiner avec des sièges2. Suivant
Yayssière, les stalles hautes — sans doute les dorsaux — étaient au
nombre de quarante-huit. Si nous ajoutons les quatre panneaux de
Paris et de Londres à la somme des dossiers actuellement reconstitués
à Saint-Claude, nous arrivons précisément à ce chiffre. Il ne nous
est toutefois guère possible de déterminer actuellement l’emplace-
ment primitif de ces quatre sièges.
Il nous reste à éclaircir plusieurs points de détail.
Traitons tout d’abord des emblèmes. Il existe dans les sièges de
Saint-Claude de nombreux écussons dont les armes ont été enlevées.
D’après Yayssière, ils portaient tous « les armoiries de l’abbaye, qui
étaient celles de l’Empire, d’or à l’aigle éployée de sable. Ils avaient
été arrachés à l’époque de la Révolution sans doute, et plusieurs
d’entre eux ont été retrouvés derrière les stalles hautes3... » Pour
ma part, j'ai découvert un seul écusson minuscule portant un aigle
identique à celui de la collection Arconati-Visconti. 11 est soutenu
par un angelot au-dessus des Apôtres Pierre et Paul dans la jouée
nord-ouest.
Alors que Dom Benoît considère l’aigle décorant les écussons de
Paris comme l’emblème du couvent et l’aigle à deux faces figuré au
South Kensington comme une allusion à l’Empire dont se réclamait,
parait-il, la terre de Saint-Claude4, Vayssière suppose que ces deux
d. Il apparaît dans une des fresques d’Abondance (Haute-Savoie). Un exemple
bien connu se trouve sur une médaille de saint Bernardin de Sienne et sur une
médaille vénitienne à l’effigie du doge Niccolo Marcello (f 1474). Cf. Aloïs Ileiss,
Les Médailleurs cle la Renaissance : Venise et les Vénitiens, Paris, 1887, p. 113.
2. A Saint-Claude, les dossiers comportent 1 m79 de haut sur 0m53 de large.
3. Yayssière, ouvr. cité, p. 100, note.
4. Loc. cit.
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ces figures, nous apercevons les lettres i. lu g. (Jésus hominum sal-
vator ou IHSOUl), c’est-à-dire le chrisme adopté par saint Ber-
nardin de Sienne et figuré de la même façon dans plusieurs œuvres
d’art de la seconde moitié du xve siècle1.
En résumé, les dorsaux de Londres sont d’une qualité d’art infé-
rieure à ceux de Paris, ce qui ne les empêche pas de provenir du
même ensemble. La photographie de Londres a d’ailleurs été montrée
à M. le chanoine Vuillermoz, qui a certifié avoir vu à Saint-Claude
les panneaux du South Kensington.
Quelle était la destination de ces quatre sculptures? Dom Benoit
suppose qu’elles surmontaient des stalles de retour, adossées au jubé
disparu. Quoique plus hautes et plus étroites que les dorsaux des
stalles actuelles, elles ont pu se combiner avec des sièges2. Suivant
Yayssière, les stalles hautes — sans doute les dorsaux — étaient au
nombre de quarante-huit. Si nous ajoutons les quatre panneaux de
Paris et de Londres à la somme des dossiers actuellement reconstitués
à Saint-Claude, nous arrivons précisément à ce chiffre. Il ne nous
est toutefois guère possible de déterminer actuellement l’emplace-
ment primitif de ces quatre sièges.
Il nous reste à éclaircir plusieurs points de détail.
Traitons tout d’abord des emblèmes. Il existe dans les sièges de
Saint-Claude de nombreux écussons dont les armes ont été enlevées.
D’après Yayssière, ils portaient tous « les armoiries de l’abbaye, qui
étaient celles de l’Empire, d’or à l’aigle éployée de sable. Ils avaient
été arrachés à l’époque de la Révolution sans doute, et plusieurs
d’entre eux ont été retrouvés derrière les stalles hautes3... » Pour
ma part, j'ai découvert un seul écusson minuscule portant un aigle
identique à celui de la collection Arconati-Visconti. 11 est soutenu
par un angelot au-dessus des Apôtres Pierre et Paul dans la jouée
nord-ouest.
Alors que Dom Benoît considère l’aigle décorant les écussons de
Paris comme l’emblème du couvent et l’aigle à deux faces figuré au
South Kensington comme une allusion à l’Empire dont se réclamait,
parait-il, la terre de Saint-Claude4, Vayssière suppose que ces deux
d. Il apparaît dans une des fresques d’Abondance (Haute-Savoie). Un exemple
bien connu se trouve sur une médaille de saint Bernardin de Sienne et sur une
médaille vénitienne à l’effigie du doge Niccolo Marcello (f 1474). Cf. Aloïs Ileiss,
Les Médailleurs cle la Renaissance : Venise et les Vénitiens, Paris, 1887, p. 113.
2. A Saint-Claude, les dossiers comportent 1 m79 de haut sur 0m53 de large.
3. Yayssière, ouvr. cité, p. 100, note.
4. Loc. cit.