BIBLIOGRAPHIE
PARMI LES ILES DE MARBRE1
Il est impossible d’avoir parcouru, même au cours d’une croisière fugitive, les iles
grecques de l’Archipel, les « îles de marbre », sans en avoir conservé une vision inef-
façable et comme une secrète nostalgie. Le beau livre de MM. Baud-Bovy et Bois-
sonnas, pendant de celui qu’ils avaient consacré il y a une dizaine d’années à la Grèce
continentale (En Grèce par monts et par vaux'2 3), a délicieusement ravivé — et complété —
mes souvenirs déjà un peu estompés. Oui, voici bien la blanche Syra, et Tinos avec ses colom-
biers, et Myconos avec ses moulins... Voici la glorieuse Délos,parva sine muro, si petite et si
riche en merveilles exhumées par la patience de nos archéologues. Puis Naxos, l’iled’Ariadne,
et Paros aux flancs marmoréens presque épuisés, Antiparos avec sa grotte, Amorgos la
« mycénienne », Sanlorin (Théra), prodigieux cratère noir et rouge sous un ciel d’un bleu
implacable, — j’en passe et des plus pittoresques. Enfin la Crète, majestueux fermoir du
collier cycladéen, la Crète avec ses âpres montagnes où quelques couvents sèment de fraîches
oasis, avec la plaine féconde, brûlante, déjà africaine, de la Messara aux deux bords de
laquelle Phaestos, Gortyne, Cnossos, par miracle ressuscitées, ont rendu à la lumière les
étranges splendeurs de la civilisation minoënne et le rude code des conquérants doriens...
Tantôt à la vapeur, tantôt à la voile — sur une petite tartane équipée de cinq maiins,
— tantôt à cheval ou à âne, nos intrépides et infatigables touristes ont visité tous les sites
notables, recueilli, vibrantes, les impressions d’art, d’histoire, de nature et de vie qui s’en
dégagent, tandis que l’érudition sobre et précise de M. G. Nicole résumait les données
archéologiques essentielles. De cette collaboration est résulté un livre, ou plutôt un com-
pagnon de voyage, instructif et charmant, tout imprégné d’un amour contagieux pour la
Grèce immortelle, et qui devient une véritable œuvre d’art par la perfection de son illus-
tration. Si jamais la photographiea justifié sa prétention, souvent discutée dans les congrès
de propriété intellectuelle, à être rangée parmi les branches légitimes de Part, c’est assuré-
ment quand elle est maniée par un Boissonnas. C’est le friselis de la mer, palpitant sous
le sourire du soleil ou la caresse de la lune, c’est le vent qui agite doucement les feuillages
profonds et chatoyants, c’est la fleur du marbre qui s’épanouit dans les blanches statues ..
Et la distinction d’une typographie impeccable, le choix ingénieux des ornements tirés
des vases peints, ajoutent encore au haut mérite de ces pages vraiment dignes du rare
pays et du noble passé qu’elles célèbrent...
T. R.
i. Des Cyclades en Crele au gré du vent, par Daniel Baud-Bovy et Fret). Boissonnas. Notices archéo-
logiques par George Nicole. Préface par Gustave Fougères. Genève, éd. d’art et de science Fr. Bois-
sonnas (igig). Un vol. gr. in-folio, 157 p. av. grav. dans le texte et 3g planches hors texte, lire à
i5o exempl. (t 5oo fr.).
3. V. Gazette des Beaux-Arts, 1912, t. I, p. 165.
PARMI LES ILES DE MARBRE1
Il est impossible d’avoir parcouru, même au cours d’une croisière fugitive, les iles
grecques de l’Archipel, les « îles de marbre », sans en avoir conservé une vision inef-
façable et comme une secrète nostalgie. Le beau livre de MM. Baud-Bovy et Bois-
sonnas, pendant de celui qu’ils avaient consacré il y a une dizaine d’années à la Grèce
continentale (En Grèce par monts et par vaux'2 3), a délicieusement ravivé — et complété —
mes souvenirs déjà un peu estompés. Oui, voici bien la blanche Syra, et Tinos avec ses colom-
biers, et Myconos avec ses moulins... Voici la glorieuse Délos,parva sine muro, si petite et si
riche en merveilles exhumées par la patience de nos archéologues. Puis Naxos, l’iled’Ariadne,
et Paros aux flancs marmoréens presque épuisés, Antiparos avec sa grotte, Amorgos la
« mycénienne », Sanlorin (Théra), prodigieux cratère noir et rouge sous un ciel d’un bleu
implacable, — j’en passe et des plus pittoresques. Enfin la Crète, majestueux fermoir du
collier cycladéen, la Crète avec ses âpres montagnes où quelques couvents sèment de fraîches
oasis, avec la plaine féconde, brûlante, déjà africaine, de la Messara aux deux bords de
laquelle Phaestos, Gortyne, Cnossos, par miracle ressuscitées, ont rendu à la lumière les
étranges splendeurs de la civilisation minoënne et le rude code des conquérants doriens...
Tantôt à la vapeur, tantôt à la voile — sur une petite tartane équipée de cinq maiins,
— tantôt à cheval ou à âne, nos intrépides et infatigables touristes ont visité tous les sites
notables, recueilli, vibrantes, les impressions d’art, d’histoire, de nature et de vie qui s’en
dégagent, tandis que l’érudition sobre et précise de M. G. Nicole résumait les données
archéologiques essentielles. De cette collaboration est résulté un livre, ou plutôt un com-
pagnon de voyage, instructif et charmant, tout imprégné d’un amour contagieux pour la
Grèce immortelle, et qui devient une véritable œuvre d’art par la perfection de son illus-
tration. Si jamais la photographiea justifié sa prétention, souvent discutée dans les congrès
de propriété intellectuelle, à être rangée parmi les branches légitimes de Part, c’est assuré-
ment quand elle est maniée par un Boissonnas. C’est le friselis de la mer, palpitant sous
le sourire du soleil ou la caresse de la lune, c’est le vent qui agite doucement les feuillages
profonds et chatoyants, c’est la fleur du marbre qui s’épanouit dans les blanches statues ..
Et la distinction d’une typographie impeccable, le choix ingénieux des ornements tirés
des vases peints, ajoutent encore au haut mérite de ces pages vraiment dignes du rare
pays et du noble passé qu’elles célèbrent...
T. R.
i. Des Cyclades en Crele au gré du vent, par Daniel Baud-Bovy et Fret). Boissonnas. Notices archéo-
logiques par George Nicole. Préface par Gustave Fougères. Genève, éd. d’art et de science Fr. Bois-
sonnas (igig). Un vol. gr. in-folio, 157 p. av. grav. dans le texte et 3g planches hors texte, lire à
i5o exempl. (t 5oo fr.).
3. V. Gazette des Beaux-Arts, 1912, t. I, p. 165.