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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 4.1921

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Nr. 4
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Gillet, Louis: Le Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24942#0326

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LE SALON D’AUTOMNE

On a pris l’habitude de présenter à chaque Salon des rétrospectives, des
« clous », c’est-à-dire de remplir avec des œuvres d’autrefois le
vide des œuvres d’aujourd’hui. Le Salon d’Automne suit cet exemple.
Le besoin d’une exposition Daumier se faisait-il sentir P On eût souhaité alors
une exposition plus complète. Et, à côté de Daumier, pourquoi CaillebotteP
Nous avions toujours cru que le programme du Salon d’Automne était une
réaction contre l’impressionnisme. Le fait est que rien n’est plus pauvre que
cette école bourgeoise lorsqu’il lui manque le style d’un Manet ou la poésie
d’un Renoir. On conçoit les résistances de 1875, quand on voit reparaître
certains tableaux de Caillebotte, qui ne sont pas devenus meilleurs en vieillis-
sant : par exemple, la toile saugrenue où l’on voit un rameur en « tuyau de
poêle » et manches de chemise, ou l’absurde Intérieur où une femme, qui
nous tourne le dos, contemple, à travers la croisée, une affiche de restau-
rant. Je reconnais d’ailleurs qu’on trouverait çà et là quelques toiles d’un
meilleur métier, surtout des natures mortes, comme la Dinde ou les Perdrix,
qui sont de bons morceaux de musée.

On s’explique mieux les petites rétrospectives de sociétaires décédés,
comme Gaston Thiesson et le regretté Paul Renaudot. Celui-ci était un
esprit charmant, un œil délicat, un artiste plein de grâce ; sa gamme de
sujets est aussi étroite que le clavier modeste et raffiné de ses colorations.
Mais dans ce domaine circonscrit à la peinture d'un modèle, presque toujours
le même, et où la part de l’invention ne consiste guère qu’à choisir de jolies
attitudes et d’aimables motifs parmi la foule de gestes que fournit une jeune
femme dans le négligé de la vie intime, Renaudot a produit de petits
tableaux d’un goût exquis, dont l’ensemble est peut-être le plus heureux que
nous présente ce froid Salon.
 
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