Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 4.1921)

LES « FUNÉRAILLES DE PHOCION »
PAR POUSSIN
AU MUSÉE DU LOUVRE

tableau1 qu’un don généreux de la Société
des Amis du Louvre fait entrer dans nos col-
lections nationales a été jieint à Rome, en
16/18, pour M. Cerisiers, ainsi qu’un autre,
qui était destiné à lui faire pendant et inspiré
du même sujet.

Ce sujet, c’est l’ingratitude d’une démo-
cratie à l’égard d'un de ses plus nobles
citoyens. Après une longue vie consacrée
au service de la patrie, Phocion, âgé de plus
de quatre-vingts ans, fut condamné à boire
la ciguë ; la sentence ajoutait que son corps serait privé de sépulture.

Dans le tableau du Louvre, deux esclaves emportent sur un brancard le
cadavre. On voit au loin la ville, qu’embellissent de nombreux monuments.
Elle demeure indifférente à la mort ignominieuse du général qui fut appelé
quarante-cinq lois au commandement des armées, de l’orateur que Démos-
thène nommait la hache de ses discours. Dans les champs, ni les travaux ni
les plaisirs ne sont interrompus. Là-bas, une foule en habits de fête forme
une procession qui s’avance vers les portes d’un temple.

La seconde composition est aussi un paysage avec figures. Au milieu d’un

1. Toile, haut. imig ; larg. im79- Etat de conservation excellent. Le tableau a seule-
ment subi, avant d’être présenté au Louvre, une opération de nettoyage qui a été faite
assez discrètement et qui a consisté à le débarrasser de la plus grande partie du vernis
ancien, après quoi il a reçu une couche nouvelle d’un vernis léger.

- 5e PÉRIODE. kI

IV.