(Cabinet des estampes, Berlin.)
DANTE PEINTRE
« . pigliar occhi per avcr la mente. »
(Poradiso, XXVII, 92.)
Le monde entier des âmes fêle cette année le
jubilé de Dante Alighieri, mort le i4 septembre
1821 à Ravenne. Chaque famille de l’esprit humain
célèbre dans sa branche ce père universel, qui en
toutes a répandu la vie. Les arts du dessin ne
peuventpas rester indifférents. N’oublions pas qu’il
a voulu lui-même se représenter à nos yeux sous
les traits d’un peintre, — et dans quelle occasion?
— le jour anniversaire de la mort de Béatrice.
Reportez-vous au récit de la Vila Nuova: —
« Je m’étais assis en un lieu où, me souvenant
d’Elle, je dessinais un ange sur des tablettes. »
— Des amis s’étaient approchés : « Ils regardaient
ce que je faisais, et, d’après ce que l’on me dit
ensuite, ils avaient été déjà là quelque temps,
avant que je m’en aperçusse. » — Le peintre et les amis échangent quel-
ques mots, et puis : « ceux-ci étant partis, je retournai à mon travail, c’est-à-
dire à dessiner des figures d’anges *. »
Scène délicieuse, assurément. Vraie ? Peut-être. Imaginaire ? Qui
peut savoir ? Malheur à qui prétend chercher dans la Vila Nuova des
renseignements de fait ! Dans l’œuvre d’un jDoète lyrique, tout est vrai ; 1
1. Vila Nuova, traduite et commentée d’après le texte de la « Société dantesca » par
Henry Cocliin (Paris, Champion, igi/|, pet. in-8; 2e éd., 1916).
- 5e PÉRIODE-
PORTRAIT DE DANTE
ATTRIBUÉ A GIOTTO
(Musée national, Florence.)
IV.
9
DANTE PEINTRE
« . pigliar occhi per avcr la mente. »
(Poradiso, XXVII, 92.)
Le monde entier des âmes fêle cette année le
jubilé de Dante Alighieri, mort le i4 septembre
1821 à Ravenne. Chaque famille de l’esprit humain
célèbre dans sa branche ce père universel, qui en
toutes a répandu la vie. Les arts du dessin ne
peuventpas rester indifférents. N’oublions pas qu’il
a voulu lui-même se représenter à nos yeux sous
les traits d’un peintre, — et dans quelle occasion?
— le jour anniversaire de la mort de Béatrice.
Reportez-vous au récit de la Vila Nuova: —
« Je m’étais assis en un lieu où, me souvenant
d’Elle, je dessinais un ange sur des tablettes. »
— Des amis s’étaient approchés : « Ils regardaient
ce que je faisais, et, d’après ce que l’on me dit
ensuite, ils avaient été déjà là quelque temps,
avant que je m’en aperçusse. » — Le peintre et les amis échangent quel-
ques mots, et puis : « ceux-ci étant partis, je retournai à mon travail, c’est-à-
dire à dessiner des figures d’anges *. »
Scène délicieuse, assurément. Vraie ? Peut-être. Imaginaire ? Qui
peut savoir ? Malheur à qui prétend chercher dans la Vila Nuova des
renseignements de fait ! Dans l’œuvre d’un jDoète lyrique, tout est vrai ; 1
1. Vila Nuova, traduite et commentée d’après le texte de la « Société dantesca » par
Henry Cocliin (Paris, Champion, igi/|, pet. in-8; 2e éd., 1916).
- 5e PÉRIODE-
PORTRAIT DE DANTE
ATTRIBUÉ A GIOTTO
(Musée national, Florence.)
IV.
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