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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Mais tout n’est pas dit encore sur ces divers hors-d’œuvre. Le principal
de ces zakouski (je crois bien que c’est le terme propre), c’est l’exposition de
la société « Mir Isskousstva ». Ce sera un fait curieux, que cette seconde
vague de l’influence russe, plus forte que la première, et coïncidant avec le
phénomène de la décomposition sociale de la Russie. Jamais cet immense
pays ne nous a préoccupés davantage ; jamais, sous plus de formes, il ne
s’est imposé à l’attention du monde. Cela s’explique: des milliers de Russes
émigrés en Europe servent à la propagande et ne cessent de nous présenter
de nouveaux aspects du problème. Il y aurait une foule de choses à dire sur
LES PERDRIX, PAR CAILLEBOTTE
(Salon d’Automne.)
cette petite section russe du Salon d’Automne. J’aimerais à insister, sur
les études chinoises de M. Iacovleff, qui passent assurément en précision
ethnographique tout ce que pourrait offrir la collection du Tour du Monde.
On retrouverait dans Y Arlequin de M. SomolT un reste, bien attardé, de la
Russie de l’ancien régime, qui nous reporte au temps de la grande Catherine
et des imitateurs de Watteau. On verrait encore, dans la Danseuse de
M. Choukaieff, ou dans les beaux portraits aux deux crayons de M. Sorine,
une influence française, non exempte de sécheresse, datant de la Sainte-
Alliance et du baron Gérard. Mais ce qui est le plus frappant, si l’on consi-
dère les envois de M. Soudbinine, et surtout ceux de M. Boris Grigorieff,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Mais tout n’est pas dit encore sur ces divers hors-d’œuvre. Le principal
de ces zakouski (je crois bien que c’est le terme propre), c’est l’exposition de
la société « Mir Isskousstva ». Ce sera un fait curieux, que cette seconde
vague de l’influence russe, plus forte que la première, et coïncidant avec le
phénomène de la décomposition sociale de la Russie. Jamais cet immense
pays ne nous a préoccupés davantage ; jamais, sous plus de formes, il ne
s’est imposé à l’attention du monde. Cela s’explique: des milliers de Russes
émigrés en Europe servent à la propagande et ne cessent de nous présenter
de nouveaux aspects du problème. Il y aurait une foule de choses à dire sur
LES PERDRIX, PAR CAILLEBOTTE
(Salon d’Automne.)
cette petite section russe du Salon d’Automne. J’aimerais à insister, sur
les études chinoises de M. Iacovleff, qui passent assurément en précision
ethnographique tout ce que pourrait offrir la collection du Tour du Monde.
On retrouverait dans Y Arlequin de M. SomolT un reste, bien attardé, de la
Russie de l’ancien régime, qui nous reporte au temps de la grande Catherine
et des imitateurs de Watteau. On verrait encore, dans la Danseuse de
M. Choukaieff, ou dans les beaux portraits aux deux crayons de M. Sorine,
une influence française, non exempte de sécheresse, datant de la Sainte-
Alliance et du baron Gérard. Mais ce qui est le plus frappant, si l’on consi-
dère les envois de M. Soudbinine, et surtout ceux de M. Boris Grigorieff,