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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Pour résoudre ces questions, Henri Hymans préconisa l’étude des nombreuses
gravures exécutées d’après Lombard, et crut pouvoir attribuer avec certitude à ce
dernier les peintures répondant à ces estampes1. Cette méthode, en apparence rigou-
reuse, ne pouvait amener des résultats définitifs pour deux raisons : d’abord parce
que les gravures d’après Lombard ne sont que rarement des traductions fidèles; en
second lieu, parce que maintes peintures, considérées comme étant les modèles de ces
gravures, n’en sont que des copies1 2.
Il n’y a, en réalité, qu’une seule base sérieuse pour l’étude du style et de l’œuvre de
Lombard : c’est l’examen attentif de ses dessins. Plusieurs auteurs, notamment
J.-S. Renier, Ed. Fétis et J. Helbig3, en ont décrit un certain nombre, mais l’étude
complète et approfondie est loin d’avoir été faite. Ces dessins se comptent d’ailleurs
par centaines ; il en existe dans des collections publiques et privées de Belgique, de
France, d’Angleterre, de Hollande, d’Autriche et d’Allemagne. Plusieurs de ces pré-
cieux documents portent une signature, ce qui ne doit pas nous surprendre : bon
nombre d’entre eux étaient destinés à la gravure, d’autres devaient être donnés en
souvenir à des amateurs.
Le contingent des dessins de Lombard conservés dans les collections publiques de
Liège, contingent auquel nous empruntons l’illustration de ces quelques notes, est
loin d’être le plus important au point de vue numérique, mais il est très varié;
il comprend, en effet, des compositions originales, des croquis, et des études d’après
l’antique. Plusieurs de ces pièces sont signées et datées ; quelques-unes sont de
grande valeur.
Parmi les dessins d’après l’antique, nous avons choisi le croquis d’un des
bas-reliefs du monument romain d’Igel, près de Trêves. Ce dessin provient de la
collection d’Henri Duval qui en fit don à la Ville de Liège; on y lit une inscrip-
tion, de la main de Lombard : « A Eglen près Trier (?) anlicq et fort curiheux —
i3 pie ».
Nul n’ignore que le célèbre tombeau des Secundinii est très dégradé4 5. Le bas-
relief qui nous occupe, et qui orne la face méridionale du piédestal, est si détérioré
qu’il a pu être décrit comme suit il y a environ soixante-dix ans" : « Cette sculpture
représente la pueritia ou l’âge de l’homme depuis sept jusqu’à quatorze ans sous
l’emblème d’une école (schola). Des enfants au nombre de dix ou douze réunis dans
une salle sont debout et dans l’attitude de l’attention autour d’une table plus longue
1. Carel van Mander, Le Liure des peintres (traduction, notes et commentaires de
Henri Hymans); Paris, 1884, t. I, P- 210.
2. M. Kuntziger, Lambert Lombard (collection « Les Grands Belges »); Turnhout, 1920,
p. 20 et p. 27. Dans un travail d’ensemble sur Lombard et son école, nous donnerons le
catalogue critique des gravures d’après Lombard et des peintures qui en dérivent.
3. J. Helbig a publié l’un d’eux, une Descente de croix (Histoire de la peinture au
pays de Liège, 1873, pi. VIII) ; nous le reproduisons plus loin.
4. S. Reinach, Répertoire de reliefs grecs et romains, 1.1, p. i67etsuiv.; — E. Espérandieu,
Recueil général des bas-reliefs..., t. I (191b), p. 4^7 et suiv. Le bas-relief en question est
reproduit p. 4i•
5. M.-A. Libert, Bonner Jahrbiicher, t. XIX (i853), p. 46.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Pour résoudre ces questions, Henri Hymans préconisa l’étude des nombreuses
gravures exécutées d’après Lombard, et crut pouvoir attribuer avec certitude à ce
dernier les peintures répondant à ces estampes1. Cette méthode, en apparence rigou-
reuse, ne pouvait amener des résultats définitifs pour deux raisons : d’abord parce
que les gravures d’après Lombard ne sont que rarement des traductions fidèles; en
second lieu, parce que maintes peintures, considérées comme étant les modèles de ces
gravures, n’en sont que des copies1 2.
Il n’y a, en réalité, qu’une seule base sérieuse pour l’étude du style et de l’œuvre de
Lombard : c’est l’examen attentif de ses dessins. Plusieurs auteurs, notamment
J.-S. Renier, Ed. Fétis et J. Helbig3, en ont décrit un certain nombre, mais l’étude
complète et approfondie est loin d’avoir été faite. Ces dessins se comptent d’ailleurs
par centaines ; il en existe dans des collections publiques et privées de Belgique, de
France, d’Angleterre, de Hollande, d’Autriche et d’Allemagne. Plusieurs de ces pré-
cieux documents portent une signature, ce qui ne doit pas nous surprendre : bon
nombre d’entre eux étaient destinés à la gravure, d’autres devaient être donnés en
souvenir à des amateurs.
Le contingent des dessins de Lombard conservés dans les collections publiques de
Liège, contingent auquel nous empruntons l’illustration de ces quelques notes, est
loin d’être le plus important au point de vue numérique, mais il est très varié;
il comprend, en effet, des compositions originales, des croquis, et des études d’après
l’antique. Plusieurs de ces pièces sont signées et datées ; quelques-unes sont de
grande valeur.
Parmi les dessins d’après l’antique, nous avons choisi le croquis d’un des
bas-reliefs du monument romain d’Igel, près de Trêves. Ce dessin provient de la
collection d’Henri Duval qui en fit don à la Ville de Liège; on y lit une inscrip-
tion, de la main de Lombard : « A Eglen près Trier (?) anlicq et fort curiheux —
i3 pie ».
Nul n’ignore que le célèbre tombeau des Secundinii est très dégradé4 5. Le bas-
relief qui nous occupe, et qui orne la face méridionale du piédestal, est si détérioré
qu’il a pu être décrit comme suit il y a environ soixante-dix ans" : « Cette sculpture
représente la pueritia ou l’âge de l’homme depuis sept jusqu’à quatorze ans sous
l’emblème d’une école (schola). Des enfants au nombre de dix ou douze réunis dans
une salle sont debout et dans l’attitude de l’attention autour d’une table plus longue
1. Carel van Mander, Le Liure des peintres (traduction, notes et commentaires de
Henri Hymans); Paris, 1884, t. I, P- 210.
2. M. Kuntziger, Lambert Lombard (collection « Les Grands Belges »); Turnhout, 1920,
p. 20 et p. 27. Dans un travail d’ensemble sur Lombard et son école, nous donnerons le
catalogue critique des gravures d’après Lombard et des peintures qui en dérivent.
3. J. Helbig a publié l’un d’eux, une Descente de croix (Histoire de la peinture au
pays de Liège, 1873, pi. VIII) ; nous le reproduisons plus loin.
4. S. Reinach, Répertoire de reliefs grecs et romains, 1.1, p. i67etsuiv.; — E. Espérandieu,
Recueil général des bas-reliefs..., t. I (191b), p. 4^7 et suiv. Le bas-relief en question est
reproduit p. 4i•
5. M.-A. Libert, Bonner Jahrbiicher, t. XIX (i853), p. 46.