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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Revenant sur la question, pour jeter de l’huile sur le feu, ledit rédacteur,
Jean Rousseau 1 écrivait dans le Figaro (18 décembre 1865) :
Propos du Jour.
Dernières nouvelles sur la grave Histoire Hugo-Courbet.
La Presse est mal renseignée.
Je puis affirmer que Victor Hugo n’a pas demandé son portrait au maître d’Or-
nans. J’affirme de plus qu’il n’a jamais vu le « pèlerin de Jersey » qui signait
la nouvelle.
JEAN ROUSSEAU
Le démenti est catégorique. Courbet écrit immédiatement à Hugo afin
d’éviter tout malentendu :
Cher Poète1 2 3 * 5.
Je lis dans \e Figaro du 18 décembre un article que j’éprouve le besoin de vous
communiquer. Il est signé Jean Rousseau, l’un des bravos (sic) de M. Villemessant.
« Dernière histoire sur la grave histoire Hugo-Courbet.
« La Presse est mal renseignée.
« Je puis affirmer que Victor Hugo n’a pas demandé son portrait au maître peintre
d’Ornans. J’affirme de plus qu’il n’a jamais vu le pèlerin de Jersey qui signait la
nouvelle.
j. rousseau »
Ne sachant pour le moment l’adresse de M. Bataille” (qui peut-être a pris l’ini-
tiative du désir qu’il vous faisait, exprimer sous son bonnet) et pourtant étant obligé
de me prémunir contre les canailles littéraires, j’ai recours à vous.
Quant à votre portrait, nous ne l’avons demandé ni l’un ni l’autre, ce qui lui
donnerait un charme de plus pour tous deux. Ce que le Figaro ne peut comprendre.
Toute la peinture que j’ai faite dans ma vie n’a été faite qu’au point de vue de ma
propre satisfaction. Bien certainement en me payant le plaisir de vous être agréable,
si je puis, je n’ai pas eu l’intention d’agrandir la gloire de M. Victor Hugo. Ce n’était
pas non plus dans mon esprit l’idée de me faire une réclame à moi-même. Ce que
je vous ai offert est spontané. Je l’ai fait pour tous mes amis, et si je ne suis pas
1. Jean Rousseau fut un publiciste et critique d’art qui fréquenta la fameuse « brasserie
des Martyrs » (voir Les Derniers Bohèmes, par Eirmin Maillard ; Paris, Sartorius, 1874). Il
devint professeur d’esthétique à l’Académie d’Anvers et directeur des Beaux-Arts de
Belgique.
2. Lettre inédite, communiquée par M. Gustave Simon.
3. Charles Bataille, rédacteur au Figaro, transfuge de l’École réaliste, dont il se sépara
en ï854 pour fonder, avec Fernand Desnoyers, Auguste de Châtillon et Amédée Rolland,
l’École fantaisiste. Ceux-ci accablèrent d’épigrammes Courbet et ses partisans.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Revenant sur la question, pour jeter de l’huile sur le feu, ledit rédacteur,
Jean Rousseau 1 écrivait dans le Figaro (18 décembre 1865) :
Propos du Jour.
Dernières nouvelles sur la grave Histoire Hugo-Courbet.
La Presse est mal renseignée.
Je puis affirmer que Victor Hugo n’a pas demandé son portrait au maître d’Or-
nans. J’affirme de plus qu’il n’a jamais vu le « pèlerin de Jersey » qui signait
la nouvelle.
JEAN ROUSSEAU
Le démenti est catégorique. Courbet écrit immédiatement à Hugo afin
d’éviter tout malentendu :
Cher Poète1 2 3 * 5.
Je lis dans \e Figaro du 18 décembre un article que j’éprouve le besoin de vous
communiquer. Il est signé Jean Rousseau, l’un des bravos (sic) de M. Villemessant.
« Dernière histoire sur la grave histoire Hugo-Courbet.
« La Presse est mal renseignée.
« Je puis affirmer que Victor Hugo n’a pas demandé son portrait au maître peintre
d’Ornans. J’affirme de plus qu’il n’a jamais vu le pèlerin de Jersey qui signait la
nouvelle.
j. rousseau »
Ne sachant pour le moment l’adresse de M. Bataille” (qui peut-être a pris l’ini-
tiative du désir qu’il vous faisait, exprimer sous son bonnet) et pourtant étant obligé
de me prémunir contre les canailles littéraires, j’ai recours à vous.
Quant à votre portrait, nous ne l’avons demandé ni l’un ni l’autre, ce qui lui
donnerait un charme de plus pour tous deux. Ce que le Figaro ne peut comprendre.
Toute la peinture que j’ai faite dans ma vie n’a été faite qu’au point de vue de ma
propre satisfaction. Bien certainement en me payant le plaisir de vous être agréable,
si je puis, je n’ai pas eu l’intention d’agrandir la gloire de M. Victor Hugo. Ce n’était
pas non plus dans mon esprit l’idée de me faire une réclame à moi-même. Ce que
je vous ai offert est spontané. Je l’ai fait pour tous mes amis, et si je ne suis pas
1. Jean Rousseau fut un publiciste et critique d’art qui fréquenta la fameuse « brasserie
des Martyrs » (voir Les Derniers Bohèmes, par Eirmin Maillard ; Paris, Sartorius, 1874). Il
devint professeur d’esthétique à l’Académie d’Anvers et directeur des Beaux-Arts de
Belgique.
2. Lettre inédite, communiquée par M. Gustave Simon.
3. Charles Bataille, rédacteur au Figaro, transfuge de l’École réaliste, dont il se sépara
en ï854 pour fonder, avec Fernand Desnoyers, Auguste de Châtillon et Amédée Rolland,
l’École fantaisiste. Ceux-ci accablèrent d’épigrammes Courbet et ses partisans.