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MÉLANGES HULIN DE LOO
Pour plus de clarté nous reproduisons ici le portrait
avec les deux distiques latins de Lampsonius. La gravure
est de Wiericx, et parut en 1572 dans la série des portraits
de peintres, éditée chez Hieronymus Cock à Anvers.
Lampsonius, comme nous voyons, parle explicitement
de deux peintres du nom de Cleef dont l’un était le fils de
l’autre. Les vers s’adressent au père, le fils est mentionné
en passant. Leur traduction littérale est : « tu aurais été,
Joos, aussi heureux par l’art de ton fils que par ton propre
art, si le malheureux avait conservé l’esprit sain » (quant
propria tam nati arte felix fuisses, si misero sanurn man-
sisset cerebrum).
Si nous nous en tenons à Lampsonius, et laissons pour
un instant van Mander de côté, il apparaît ce qui suit :
le fils mentionné en passant et secondairement ne peut être
autre que Cornelis le Sotte Cleef, et celui qui est cité en
premier lieu et nommé par l’inscription « Iustus Clivensis»
est le père de l’infortuné Cornelis, le célèbre Joos van
Cleef (le maître de la Mort de Marie).
Le témoignage de Lampsonius a droit à presque autant
de créance que les documents trouvés par van der Branden.
Cornelis n’était décédé que depuis 5 ans quand les vers
de Lampsonius. parurent. Sotte Cleef avait donc pour
prénom Cornelis et non Joos comme le prétendit trente ans
pins tard van Mander (1).
La confusion de van Mander vient de ce qu’il avait
cru que Lampsonius apostrophait le fils devenu fou, tandis
qu’en réalité Lampsonius s’adressait au père. « Although
(1) Il a été souvent constaté de nos jours — et cela avec raison — que
van Mander lui-même s’est senti très peu assuré dans sa biographie de Sotte
Cleef. A l’extrait cité plus haut, il ajoute les phrases suivantes : « Il y
eut encore un autre Joos van Cleef, éminent comme peintre de figures, et
aussi un Cornelis van Cleef ». Et sur son Sotte Cleef, van Mander dit d’abord:
« Je ne connais pas la date de la naissance de ce Josse. Un Josse van Cleef
fut admis à la gilde des peintres d’Anvers en 1511; il peignit des Vierges
environnées d’anges, mais j’ignore s’il était un ascendant de van Cleef le
Fou »: (Van Mander-Hymans, 243).
MÉLANGES HULIN DE LOO
Pour plus de clarté nous reproduisons ici le portrait
avec les deux distiques latins de Lampsonius. La gravure
est de Wiericx, et parut en 1572 dans la série des portraits
de peintres, éditée chez Hieronymus Cock à Anvers.
Lampsonius, comme nous voyons, parle explicitement
de deux peintres du nom de Cleef dont l’un était le fils de
l’autre. Les vers s’adressent au père, le fils est mentionné
en passant. Leur traduction littérale est : « tu aurais été,
Joos, aussi heureux par l’art de ton fils que par ton propre
art, si le malheureux avait conservé l’esprit sain » (quant
propria tam nati arte felix fuisses, si misero sanurn man-
sisset cerebrum).
Si nous nous en tenons à Lampsonius, et laissons pour
un instant van Mander de côté, il apparaît ce qui suit :
le fils mentionné en passant et secondairement ne peut être
autre que Cornelis le Sotte Cleef, et celui qui est cité en
premier lieu et nommé par l’inscription « Iustus Clivensis»
est le père de l’infortuné Cornelis, le célèbre Joos van
Cleef (le maître de la Mort de Marie).
Le témoignage de Lampsonius a droit à presque autant
de créance que les documents trouvés par van der Branden.
Cornelis n’était décédé que depuis 5 ans quand les vers
de Lampsonius. parurent. Sotte Cleef avait donc pour
prénom Cornelis et non Joos comme le prétendit trente ans
pins tard van Mander (1).
La confusion de van Mander vient de ce qu’il avait
cru que Lampsonius apostrophait le fils devenu fou, tandis
qu’en réalité Lampsonius s’adressait au père. « Although
(1) Il a été souvent constaté de nos jours — et cela avec raison — que
van Mander lui-même s’est senti très peu assuré dans sa biographie de Sotte
Cleef. A l’extrait cité plus haut, il ajoute les phrases suivantes : « Il y
eut encore un autre Joos van Cleef, éminent comme peintre de figures, et
aussi un Cornelis van Cleef ». Et sur son Sotte Cleef, van Mander dit d’abord:
« Je ne connais pas la date de la naissance de ce Josse. Un Josse van Cleef
fut admis à la gilde des peintres d’Anvers en 1511; il peignit des Vierges
environnées d’anges, mais j’ignore s’il était un ascendant de van Cleef le
Fou »: (Van Mander-Hymans, 243).