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MÉLANGES HULIN DE LOO
tableau de Munich, déjà plusieurs fois affirmée, fut généra-
lement reconnue ; cette signature a même été effacée en 1911.
On n’attend pas de moi que je résume ici à mon tour une
question qui, pour être mieux comprise et circonscrite,
semble encore singulièrement obscure, parce qu’il s’agit,
dans le premier tiers du XVIe siècle, alors qu’Anvers
recueillait la succession commerciale de Bruges, de tout un
concours d’influences ayant inspiré plusieurs ateliers qui
travaillaient pour le même public et produisaient en masse :
influences hollandaises anciennes et récentes (Gfeertgen,
Engelbrechtsen), flamandes et allemandes (Gossart,
Diirer), tradition des miniaturistes brugeois, éléments
fournis par la décoration de la Renaissance italienne à des
artistes qui, pourtant, sont bien de leur pays et n’appar-
tiennent pas au groupe contemporain des italianisants.
Ce fait qu’en dépit du décor architectural les « Manié-
ristes » ne sont pas des imitateurs des Italiens, est aujour-
d’hui parfaitement établi et peut être appuyé d’analogies
clans l’histoire de l’art français de la même époque. Les
influences que nous avons notées, sans prétendre en épuiser
la liste, auraient pu produire des oeuvres assez disparates ;
or, le groupe nombreux dont fait partie notre triptyque
est singulièrement homogène, tant par le goût des formes
élancées et inquiètes, des vêtements luxueux et exubérants,
du pittoresque, de l’architecture de fantaisie, du riche
paysage, que par l’éclat bariolé de la couleur et le choix
même des sujets religieux. Il faut donc que ce concert ait eu
un chef d’orchestre, mais nous ne le connaissons pas encore.
Les quelques noms d’artistes (1) qu’on a pu extraire des
longues listes de la Gilde de Saint-Luc à Anvers et sous
lesquels on est tenté de placer telle ou telle peinture — car
(1) En particulier Jan de Beer, presque exhumé par M. Hulin, Jan
de Cock, Adrien d’Overbeeke, tous morts entre 1525 et 1530. Le dessin de
Jan de Beer, au Musée Britannique, date de 1520.
MÉLANGES HULIN DE LOO
tableau de Munich, déjà plusieurs fois affirmée, fut généra-
lement reconnue ; cette signature a même été effacée en 1911.
On n’attend pas de moi que je résume ici à mon tour une
question qui, pour être mieux comprise et circonscrite,
semble encore singulièrement obscure, parce qu’il s’agit,
dans le premier tiers du XVIe siècle, alors qu’Anvers
recueillait la succession commerciale de Bruges, de tout un
concours d’influences ayant inspiré plusieurs ateliers qui
travaillaient pour le même public et produisaient en masse :
influences hollandaises anciennes et récentes (Gfeertgen,
Engelbrechtsen), flamandes et allemandes (Gossart,
Diirer), tradition des miniaturistes brugeois, éléments
fournis par la décoration de la Renaissance italienne à des
artistes qui, pourtant, sont bien de leur pays et n’appar-
tiennent pas au groupe contemporain des italianisants.
Ce fait qu’en dépit du décor architectural les « Manié-
ristes » ne sont pas des imitateurs des Italiens, est aujour-
d’hui parfaitement établi et peut être appuyé d’analogies
clans l’histoire de l’art français de la même époque. Les
influences que nous avons notées, sans prétendre en épuiser
la liste, auraient pu produire des oeuvres assez disparates ;
or, le groupe nombreux dont fait partie notre triptyque
est singulièrement homogène, tant par le goût des formes
élancées et inquiètes, des vêtements luxueux et exubérants,
du pittoresque, de l’architecture de fantaisie, du riche
paysage, que par l’éclat bariolé de la couleur et le choix
même des sujets religieux. Il faut donc que ce concert ait eu
un chef d’orchestre, mais nous ne le connaissons pas encore.
Les quelques noms d’artistes (1) qu’on a pu extraire des
longues listes de la Gilde de Saint-Luc à Anvers et sous
lesquels on est tenté de placer telle ou telle peinture — car
(1) En particulier Jan de Beer, presque exhumé par M. Hulin, Jan
de Cock, Adrien d’Overbeeke, tous morts entre 1525 et 1530. Le dessin de
Jan de Beer, au Musée Britannique, date de 1520.