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Journal des beaux-arts et de la littérature — 22.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.18917#0115
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N° 13.

16 Juillet 1880.

Vingt-deuxième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

membre de l'académie roy. de belgique, etc.

SOMMAIRE. Belgique : Exposition de Namur. —
Ypriana. — Tombeau de Christian III. — Nou-
velle édition de Walter Scott. — L'Album See-
mann. —Chronique générale. — Musée national
à Amsterdam, concours. — Exposition de Glas-
cow. Règlement. — Cabinet de la curiosité. —
Dictionnaire des peintres. — Annonces.

Belgique.

EXPOSITION DE NAMUR.

Signalons le franc succès de cette troisième
exposition namuroise. Maintenant le pli est
pris, le branle est donné et pas n'est besoin
d'un arrêté d'organisation pour établir que
tous les trois ans Namur aura son exposition
comme les trois grandes villes officiellement
privilégiées. Les amateurs y poussent à vue
d'œl, des collections se forment, des artistes
naissent et grandissent au point que nous au-
rons bientôt l'Ecole de Namur. Pourquoi pas?
Ce serait bien plus juste que l'Ecole de Ter-
vueren ou de Barbizon, mais ne raisonnons
pas, le temps nous manque : allons au fait et
prévenons le lecteur, afin qu'il se montre in-
dulgent, que le jour de noire visite à l'exposi-
tion, dimanche 4 juillet, vers midi, nous avons
été gratifié d'un orage superbe accompagné
d'une ondée si épaisse et si persistante que le
local du manège a eu pendant une heure ou
deux des velléités d'aquarium. L'eau y entrait
superbement ; hâtons-nous d'ajouter que la
commission veillait et que les mesures pré-
servatrices ont été prises sur le champ.

Ceci n'est donc pas un compte-rendu, c'est
une petite série de notes prises à la volée.
J'oublierai beaucoup de monde, je le sais
bien, mais je sais aussi que je retrouverai les
oubliés d'aujourd'hui chez les exposants de
demain, à Malines, à Cand, à Spa, à Bruxelles,
partout, car des expositions, il en pleut! Ceci
me ramène à Namur.

La grande tartine de M. Neuckens avec son
cadre de 1200 kilogrammes pique peu l'inté-
rêt. Evidemment ce n'est pas mal peint, mais
quel sujet pour tant de surface et puis la jeune
Danseuse est d'un raide désespérant. Non, loin
de là, voici une Baigneuse de Mad. Salles-
Wagner, d'un dessin fin, moelleux et d'un co-
loris suave et pur. En face, nous remarquons
de M. Jules Salles une Bretonne à l'allure gra-
cieuse et au visage d'une adorable pureté.
Dans les environs se trouve la Visite à l'ate-
lier de C. Van Camp où je signale une main de
femme qui est ime merveille. Quant aux têtes

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : q FRANCS.

étranger : 12 fr.

je les trouve crayeuses, on me dit que c'est
embu, mon Dieu, je le veux bien, mais com-
ment se fait-il qu'on me dit toujours la même
chose quand j'arrive devant les toiles de cet
artiste? Sa Nymphe au bord de Veau a le
même défaut. Ensuite, à quoi voit-on que
cette dame est une nymphe? Est-ce parce
qu'elle est nue et qu'un lévrier la regarde
d'un air sournois ? Quoiqu'il en soit, cette
jeune personne, qui prend de l'air de tous
côtés,est fort jolie malgré la poudre de riz qui
l'estompe, ou peut-être à cause de cela. M.Fa-
razyn est moins heureux que d'habitude. Je
comprends que Dix pages de Télémaque c'est
raide, mais ce n'est pas une raison pour être
vulgaire et cru. M. Delpcrée est très coloriste
daus ses deux Etudes ; M. Cogen a deux jolis
tableaux : Loups de mer et A Scheveningen.
Ce sont de bons cadres de cabinet tout pleins
d'air et de lumière. M. Bonet dans ses Filles
de Milton nous montre que son talent a pris
une allure plus fine et plus gracieuse que d'or-
dinaire. Son tableau est d'un agréable aspect
et renferme d'excellentes parties notamment
les têtes très soigneusement modelées. M.Jos.
Impens n'a pas de chance pour le moment
avec son Amateur, trop accentué et peu inté-
ressant; M. Herbo a fait mieux et plus spiri-
tuel surtout : M. Félix Nisen qui a du talent
semble vouloir afficher un peu trop d'indé
pendance; les traditions paternelles ne sont
cependant pas trop à dédaigner. Encore si on
faisait mieux! M. Webb qui appartient par
tous les bouts à l'école de Dusseldorf, expose
un Braconnier dont toutes les têtes sont re-
marquablement étudiées et parfaitement en si-
tuation. C'est sous ce rapport un chef-d'œuvre.

Mais voici un paysage magistral de Coose-
rnans, superbe premier plan, détaillé avec un
sentiment ému et où se déploie dans toute sa
puissance l'instinct observateur de l'artiste.
Cette Journée de Décembre, dont l'heureux
propriétaire est M. Lemaître, est une des
meilleures choses de l'artiste Je l'en félicite
hautement tout en lui faisant remarquer que
quels que soient les mérites de la Journée
d'Avril et de la Mare Dagneau, il est dange-
reux de leur donner le voisinage de la Journée
de Décembre. Voici presque sur le même pan-
neau une Vue de Hollande de Schampheleer,
toute pleine de lumière, de vent et de fraî-
cheur et composée dans ce ton tranquille tout
à fait local qui est un des grands mérites de

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
A s'-nicolas (Belgique).

l'artiste. — Puisque nous sommes dans les
paysages, restons-y pour un moment. Je note
un grand et bel Intérieur de forêt de M. F.
Kegeljan qui a fait un bond prodigieux. Le se-
cond plan surtout strié d'un large coup de
soleil, est détaché du premier plan avec habi-
leté. Les arbres sont disposés naturellement
et tout exhale dans ce irais morceau une odeur
forestière qui vous monte au cerveau. Je n'ai
pas le courage de signaler dans cette belle
page un peu de monotonie dans le rendu des
feuillaisons supérieures des arbres. On dirait
que M. Kegeljan comme Melle Van Butsel,
s'est inspiré d'un véritable maître dans ce
genre: M. Ch. Pauli dont les Paysages boi-
sés sont si vibrants et si accentués. Je m'é-
tonne toujours de voir s'élever journellement
des réputations qui ne valent pas celle qu'il
serait tout au moins légitime de faire à cet
artiste gantois dont les intérieurs de forêt
rappellent si bien le soleil de Diaz. La
note vraie, réaliste si l'on veut, quoique
ce mot entraîne toujours l'idée de vulga-
risme, le sens mystérieux, profond qui n'a
encore jamais assouvi personne, se trouve
toujours vigoureusement imprimé dans les
Bois de M. Pauli. II y a là comme de chaudes
et énervantes atmosphères qui se dégagent de
ces frondaisons touffues et sous les mousses
brunâtres on entendrait volontiers, avec un
peu d'attention, le Iroufrou sonore des coléop-
tères dorés. Le paysage de Mad. Van Butsel
participe un peu de celte belle école, c'est en
dire tout le bien que j'en pense. Notre pauvre
Huberti est représenté ici par un paysage en
hauteur d'une ligne très élégante, mais dont
les légers placards demanderaient à être plus
fouillés. Du même je rencontre un bouquet de
chrysanthèmes, menu, fluet, gracieux et souf-
frant, mais qu'on ne peut voir sans songer à
cet aimable et sympathique artiste disparu
aujourd'hui. Comme aussi de Baerdemaeker
moins pratique, mais plus accentué; comme
aussi L. Dubois qui a toujours rêvé une pein-
ture plus grande que sa main ne pouvait la
faire ; comme aussi Van den Bosch qui s'affir-
mait si originalement dans ses natures-mortes
animées, mais assez de morts... cela fait mal.
Revenons à la vie.

Signalons en courant une amusante Musique
classique, de L. Abry ; une Marine audacieuse,
d'Artan; un Avril, moins réussi qu'un très
joli Décembre d'Asselbergs ; des paysages aux
 
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