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Journal des beaux-arts et de la littérature — 22.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.18917#0189
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— 170 —

La mère, la petite fille et la poupée. Je ne
saurais dire le charme répandu par l'auteur
snr les visages de la mère et de la fille, ainsi
que la grâce des costumes et la vie qui règne
au sein des détails. Il y a de ces choses qui
défient la description et qu'il faut voir pour les
bien sentir. Il faut en dire autant de la planche
suivante : la mère, la fille et les hirondelles où
on remarquera le fin profil de la mère se déta-
chant en demi-teinte d'un fond de paysage.
La planche 4 figure une scène de jeunes gens
fraternisant le verre en main ; la scène o une
jeune fille debout près d'un buisson de roses;
la planche 6, la Déclaration, scène exquise
d'une exécution qui semble s'inspirer et
s'émouvoir du sujet; planche 7, Ensemble,
scène de famille toute pleine de joie et de
rayonnements; plancheS, le Départ ; planche9,
la Veuve; toutes deux poignantes et donnant
la note juste de la situation.

Si l'expression chez Thumann est en si par-
faite corrélation avec l'inspiration, il faut dire
aussi qu'il semble impossible d'arriver à une
exécution plus parfaite. Le procédé de M. Thu-
mann, en résumé, aboutit à la manière noire,
mais c'est incontestablement plus fin comme
technique et plus doux comme teinte. Les
parties baignées dans le clair-obscur comme
les visages et les mains, sont d'une morbidesse
et où l'on croit voir encore scintiller des
lueurs intermittentes. Rien de mou dans tout
cela comme on pourrait le croire, mais une
gracilité franche et continue. Les masses sont
habilement déterminées et le jeu des lumières
procède de cette habileté même. Les détails
ont une saveur extrême et entrent tout natu-
rellement dans l'harmonie générale. Quant au
dessin il est irréprochable, d'une distinction
rare et d'une grâce achevée surtout dans les
chairs. Je voudrais être digne de louer ces
petits chefs d'œuvre comme ils le méritent,
mais je m'en sens incapable. N'oublions pas
de mentionner des encadrements originaux
qui sont aussi de Thumann.

Le livre est édité avec luxe, reliure,, garde,
dorure, tout est à l'avenant. Bref, rien ne
pourrait plus plaire au cœur comme aux yeux
de tous que des étrennes comme celles-là.

L'ALBUM DE MAURICE VON SCHWIND.

Ce-peintre célèbre, mort en 1871, a illustré
bon nombre de recueils plus ou moins ou-
bliés. Un éditeur intelligent a réuni les clichés
de ces illustrations en un faisceau auquel il a
donné le titre d'Album. Tous les dessins du
maître n'y sont pas bien entendu, tels que la
Légende des sept Corbeaux et bien d'autres
qui forment des publications particulières,
mais tout ce qui a paru plus ou moins isolé-
ment a été rassemblé. Un texte explicatif sert
de guide au lecteur.

Schwind avait l'esprit et la main tournés à
la façon de Granville, l'humoriste français.
Même genre de causticité et, chose bizarre,
même genre de dessin, correct, mais lourd. Je

n'en veux pour preuve que les clichés que j'ai
sous les yeux. Du reste, j'ai connu ce gros et
joyeux Schwind et je puis affirmer qu'il avait
l'esprit essentiellement gaulois. C'est à tel
point que si les légendes de ces gravures
étaient rédigées en français, on croirait celle-ci
nées en plein Paris.

Le superbe cahier qui est devant nous ren-
ferme 52 planches contenant 124 sujets. Tous
sont connus; c'est d'abord les bons amis qui
ont paru dans cette monumentale collection
des Bilderbogen de Munich; le chat botté de la
même collection, véritable poème digne du
conte, le Convoi funèbre du garde-chasse, le
Loup et le Renard, le Renard et le Chat;
puis viennent les nombreux clichés qui ont
paru dans les Fliegende Blatler; l'Arbre de
Noël d'un dessin si magistral, la Justice de
Dieu,une de ses planches les mieux dessinées,
le bon et le mauvais Enfant, le Meunier son
fils et Vâne, le bonhomme Hiver, VOiseau ven-
geur, le Jeu des Acrobates, la Chanson des
amours, ingénieuse allégorie sur la manière
de se marier en tous pays, etc.

Tous ces dessins forment un album in-fol.
renfermé dans un élégant cartonnage et sont
dignes d'être conservés au nombre de tous ces
monuments que l'art industriel élève chaque
jour au génie de l'homme.

L'ALBUM
DES AQUAFORTISTES ANVERSOIS

lce ET 2me LIVRAISONS.

C'est une entreprise très fortement écha-
faudée que celle des aquafortistes anversois.
Dès à présent l'existence matérielle de l'œu-
vre est assurée et le navire peut voguer à
pleines voiles sans souci de l'avenir. Le point
noir sera de trouver des artistes en nombre
suffisant pour alimenter l'album périodique.
Dans l'état actuel des choses on peut prévoir
que le contingent disponible des gens du mé-
tier sera assez vite mis à sec, mais il faut es-
pérer, et c'est là le but de l'association, que
de nouveaux aquafortistes vont se produire
et qu'une école nombreuse va pouvoir taire
refleurir l'ancienne splendeur que celte fière
légion des hommes de la pointe et du burin
avait jetée sur la cité scaldienne.

Deux livraisons, servant les deux premiers
trimestres de l'année sociale, viennent de
paraître. La planche maîtresse, celle qui
jette sur toute l'œuvre un vif éclat, est sans
contredit, le Chien d'arrêt, de Verlat, d'après
son tableau. Ce magnifique chien traité à la
Sneyders, est, sous le rapport de l'énergie et
de la souplesse de la pointe, une production
du plus grand mérite. Les deux faisans sont
travaillés dans le cuivre avec une audace ex-
traordinaire et sans qu'on démêle bien par
quels procédés l'auteur est arrivé à obtenir
les piquants effets qu'il a voulus. Le reste,
fond de fougères et de terrain, est d'un lâché
très savant. Un ciel moins rudimentaire ou
d'un état plus achevé eut, je crois, fait valoir

cette œuvre où se révèle le tempérament vi-
goureux et varié du maître.

Un débutant, M. Farazyn, se révèle avec
des qualités originales toutes pleines de pro-
messes dans son Perdu. C'est très osé, très
large et je crois que quand l'expérience aura
passé par là nous compterons un bon aqua-
fortiste de plus. — Les Transvaseurs de vin,
de M. Verhaert, sont finement éclairés et
traités d'une pointe un peu maigre, mais
aussi d'une légèreté qui produit d'excellents
effets. La planche est comprise de la bonne
façon, c'est-à-dire avec plus d'improvisation
que de calcul, ce qui est le véritable code de
l'eau-forte. — La Marée basse d'Henri Schae-
fels est une planche pittoresque toute pleine
de ce ragoût dont l'auteur a le secret et qui
le font reconnaître entre mille. — M. A. Elsen
a gravé pour la collection une Vue sur le
canal de Herenthals, très agréable, où je con-
staterai une légère sécheresse. — M. J. B.
Michiels a, d'après Ooms, gravé méthodi-
quement et presque au burin une Tête de
vieillard qui a du caractère. — M. Willem
Linnig junior, est en véritable rupture d'eau-
forte, car son Entrée de la Warthbourg a
toutes les allures d'un lavis relevé de traits
de plume. Ce modus operandi n'a rien qui
nous déplaise, loin de là, on y sent encore
mieux la valeur de l'artiste, mais il ne faut
pas que ce soit en exagérant les hésitations
du dessin. M. Linnig se préoccupe avant tout
du coloris, et, sous ce rapport, il y a dans sa
planche, sous la voûte de l'entrée, un effet
voulu et obtenu. Sa vieille pauvresse est
d'un fort beau caractère. — Voici de Lamo-
rinière, une petite ébauche crânement jetée
à la façon de quelqu'un qui n'a nulle envie
de se casser les yeux à modeler les masses :
c'est une Vue de Dombourg, tracée à la hâte,
comme en courant, sur un carnet de voyage.
Ce griffonis de maître est une des meilleures
choses de l'Album.

Des Fleurs énergiquement mordues, par
Mme Louise Elsen ; un Dimanche matin de
H. Schaefels et/''Abreuvoir de M. Verhoeven-
Bael qui est également l'auteur de la planche
du titre, complètent les deux premières livrai-
sons de cette publication essentiellement an-
versoise.

Le tirage des planches est fait avec tout le
soin désirable,mais nous ferons franchement
remarquer que, sous ce rapport, nous avons
de sérieux progrès à faire. En ce moment
même notre table est encombrée d'eaux-
fortes venues de tous côtés et nous devons
déclarer que c'est à l'Allemagne et à l'Au-
triche que revient la palme pour le mérite
du tirage. Les planches qui nous arrivent
de ces pays sont tirées d'après des procédés
que nous semblons ignorer. Les noirs sont
d une opacité merveilleuses et l'œil pénètre
jusqu'aux plus sombres coins ; la transition
aux clairs-obscurs est visiblement obtenue
par des soins spéciaux ; les clairs sont
 
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