5o DESCRIPTION
Artilles étoient honorés de l’estime d’Auguste ; ils ont souvent
traité les mêmes sujets avec une sorte de rivalité : or il ess à
croire qu’ils se seront empressés de faire le portrait d’un per-
sonnage aussi puissant que Mécène , qui se lervoit sur-tout pour
la gloire des Arts de la faveur dont il jouissoit auprès du
Prince.
Mais l’amour de la vérité ne nous permet pas de dissimuler
une objeâion qu’on peut former contre le sentiment que nous
proposons ? c’est que la tête dont il s’agit est très-forte, & qu’elle
semble appartenir à un corps vigoureux , ce qui ne s’accorde
point avec le portrait qu’Horace & Pline nous ont fait de Mé-
cène , dont la santé , sélon ces Auteurs , étoit délicate ôc
fragile.
Nous pourrions répondre que non-seulement on ne doit pas
toujours juger de la force ou de la santé d’un homme d’après sont
portrait, mais encore que souvent des hommes, bien conssitués
en apparence, sont cependant valétudinaires. Quoi qu’il en soit,
si l’on ne peut regarder comme le portrait de Mécène le seul
qui nous soit parvenu avec les noms de deux célèbres Artistes
contemporains de ce grand Ministre, quel autre portrait pourra
passer pour celui de Mécène ? Ce ne sera pas , sans doute ,
celui qu’on voit sur la médaille gravée au frontispice de la vie de
ce favori d’Auguste ( i ), car cette médaille est certainement de
coin moderne.
En effet il n’y avoit point de raisons pour qu’on frappât des mé-
dailles au coin de Mécène ; quoiqu’il comptât des Rois parmi ses
ayeux, il n’étoit pas Roi lui-même , & le droit de faire frapper des
médailles étoit réservé aux Rois seuls & aux Empereurs. Il est vrai
néanmoins qu’il y a eu des médailles frappées en tous mé-
taux j à Rome , au coin d’Agrippa , & que le même honneur
lui a été déféré dans d’autres pays sournis aux Romains; mais cette
exception , quoiqu’on faveur du gendre d’Auguste , n’en est pas
(i) Meibomii Mæcenas, Lugd. Bat. ïôjj. in-40.
Artilles étoient honorés de l’estime d’Auguste ; ils ont souvent
traité les mêmes sujets avec une sorte de rivalité : or il ess à
croire qu’ils se seront empressés de faire le portrait d’un per-
sonnage aussi puissant que Mécène , qui se lervoit sur-tout pour
la gloire des Arts de la faveur dont il jouissoit auprès du
Prince.
Mais l’amour de la vérité ne nous permet pas de dissimuler
une objeâion qu’on peut former contre le sentiment que nous
proposons ? c’est que la tête dont il s’agit est très-forte, & qu’elle
semble appartenir à un corps vigoureux , ce qui ne s’accorde
point avec le portrait qu’Horace & Pline nous ont fait de Mé-
cène , dont la santé , sélon ces Auteurs , étoit délicate ôc
fragile.
Nous pourrions répondre que non-seulement on ne doit pas
toujours juger de la force ou de la santé d’un homme d’après sont
portrait, mais encore que souvent des hommes, bien conssitués
en apparence, sont cependant valétudinaires. Quoi qu’il en soit,
si l’on ne peut regarder comme le portrait de Mécène le seul
qui nous soit parvenu avec les noms de deux célèbres Artistes
contemporains de ce grand Ministre, quel autre portrait pourra
passer pour celui de Mécène ? Ce ne sera pas , sans doute ,
celui qu’on voit sur la médaille gravée au frontispice de la vie de
ce favori d’Auguste ( i ), car cette médaille est certainement de
coin moderne.
En effet il n’y avoit point de raisons pour qu’on frappât des mé-
dailles au coin de Mécène ; quoiqu’il comptât des Rois parmi ses
ayeux, il n’étoit pas Roi lui-même , & le droit de faire frapper des
médailles étoit réservé aux Rois seuls & aux Empereurs. Il est vrai
néanmoins qu’il y a eu des médailles frappées en tous mé-
taux j à Rome , au coin d’Agrippa , & que le même honneur
lui a été déféré dans d’autres pays sournis aux Romains; mais cette
exception , quoiqu’on faveur du gendre d’Auguste , n’en est pas
(i) Meibomii Mæcenas, Lugd. Bat. ïôjj. in-40.