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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0145
LA DÉCORATION. 135
prélassent assez mal au travail du ciseau ; mais on avait la ressource
d'en déguiser la pauvreté sous un placage de bois et de métal. Ce
placage a partout disparu; mais, dans les volutes redoublées des
chapiteaux cypriotes et dans les feuillages qui les décorent, on croit
retrouver comme le souvenir des motifs que suggéraient à l'orne-
maniste l'élasticité du bronze et la faculté avec laquelle il s'amincit et
se courbe sous le marteau. Dans le temple de Jérusalem, qu'avaient
construit et décoré des artistes phéniciens, le nu du mur ne paraissait
nulle part, du moins à l'intérieur; la pierre était partout cachée sous
les lambris de cèdre, sous les feuilles d'airain, d'argent et d'or1.
Étendue au pinceau, la couleur pouvait concourir à la même œuvre
et parfois rendre à beaucoup moins de frais presque les mêmes ser-
85. — Palette égyptienne. Louvre. Dessin de Saint-Elme Gautier.
vices. Les rares fragments que nous possédons des édifices phéniciens
antérieurs à la conquête grecque ont été si durement traités par les
hommes et par le climat, qu'il n'y est pas demeuré vestige d'enduil ;
mais des restes de peintures ont été trouvés sur les parois des hypo-
gées funéraires-; on a aussi recueilli des stèles où c'est le pinceau et
non le ciseau qui s'est chargé de tracer les ornements, l'inscription et
jusqu'au portrait du mort3. L'ouvrier phénicien devait avoir souvenl
en main la palette à godets que l'on a si souvent rencontrée dans les
lombes égyptiennes (fig. 85). Ces fresques des lombes et des cippes sont,
il est vrai, de l'époque romaine ; mais si nous pouvons nous eu expliquer
la conservation par le fait qu'elles ont eu moins de siècles à traverser
que les monuments analogues qui datent de la période antérieure, nous
1. liais, 1, vi, lii, IG et surtout 18 : « Et les ais do cèdre qui étaient pour le dedans de
la maison étaient entaillés de boutons de fleurs, relevés, en bosse: tout le dedans était
de cèdre; on ri y voyait pus une pierre. »
2. Renan, Mission, pp. 209, 380, 393, 408, 510.
3. Renan, Mission, pl. XL1II, et Clermont-Ganneau , Stèles peintes de Si don (Gazette
archéologique, 1877, p. 102 et pl. I.'i et 16). Les stèles que décrit M. Clermont-Ganneau
sont aujourdliui au Louvre, dans la salle des peintures antiques.
prélassent assez mal au travail du ciseau ; mais on avait la ressource
d'en déguiser la pauvreté sous un placage de bois et de métal. Ce
placage a partout disparu; mais, dans les volutes redoublées des
chapiteaux cypriotes et dans les feuillages qui les décorent, on croit
retrouver comme le souvenir des motifs que suggéraient à l'orne-
maniste l'élasticité du bronze et la faculté avec laquelle il s'amincit et
se courbe sous le marteau. Dans le temple de Jérusalem, qu'avaient
construit et décoré des artistes phéniciens, le nu du mur ne paraissait
nulle part, du moins à l'intérieur; la pierre était partout cachée sous
les lambris de cèdre, sous les feuilles d'airain, d'argent et d'or1.
Étendue au pinceau, la couleur pouvait concourir à la même œuvre
et parfois rendre à beaucoup moins de frais presque les mêmes ser-
85. — Palette égyptienne. Louvre. Dessin de Saint-Elme Gautier.
vices. Les rares fragments que nous possédons des édifices phéniciens
antérieurs à la conquête grecque ont été si durement traités par les
hommes et par le climat, qu'il n'y est pas demeuré vestige d'enduil ;
mais des restes de peintures ont été trouvés sur les parois des hypo-
gées funéraires-; on a aussi recueilli des stèles où c'est le pinceau et
non le ciseau qui s'est chargé de tracer les ornements, l'inscription et
jusqu'au portrait du mort3. L'ouvrier phénicien devait avoir souvenl
en main la palette à godets que l'on a si souvent rencontrée dans les
lombes égyptiennes (fig. 85). Ces fresques des lombes et des cippes sont,
il est vrai, de l'époque romaine ; mais si nous pouvons nous eu expliquer
la conservation par le fait qu'elles ont eu moins de siècles à traverser
que les monuments analogues qui datent de la période antérieure, nous
1. liais, 1, vi, lii, IG et surtout 18 : « Et les ais do cèdre qui étaient pour le dedans de
la maison étaient entaillés de boutons de fleurs, relevés, en bosse: tout le dedans était
de cèdre; on ri y voyait pus une pierre. »
2. Renan, Mission, pp. 209, 380, 393, 408, 510.
3. Renan, Mission, pl. XL1II, et Clermont-Ganneau , Stèles peintes de Si don (Gazette
archéologique, 1877, p. 102 et pl. I.'i et 16). Les stèles que décrit M. Clermont-Ganneau
sont aujourdliui au Louvre, dans la salle des peintures antiques.