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LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.
du dieu Chnouphis, à tête de bélier; une troisième, en faïence bleue,
du dieu Àmmon. 11 y a des colliers dont toutes les pièces, en terre
émaillée, représentent des dieux ou des animaux sacrés de l'Egypte1.
On pourrait presque se croire en Egypte ; mais, sans cloute à cause de
la plus grande humidité du sol, l'émail blanc, vert ou bleu n'a pas gardé
ici le même lustre qu'en Egypte ; il est souvent à demi détruit, et là
môme où la surface n'est pas rongée, les tons ont pâli.
Une autre habitude que la Phénicie avait prise à l'Egypte, c'était
celle de mettre des feuilles d'or à toutes les ouvertures du corps et
surtout aux yeux; ces sortes de lunettes en feuilles d'or ne sont pas
rares parmi les antiquités phéniciennes2. On a retrouvé aussi en Phé-
nicie les masques d'or des momies phéniciennes; il en existe deux,
d'une conservation excellente, dans la collection de M. Louis de Clercq;
la grandeur en est à peu près ce que l'on appelle demi-nature ; l'un d'eux
reproduit des traits de femme, et l'autre un visage d'homme barbu.
Des objets que nous venons d'énumérer, les uns, comme les feuilles
d'or et les parfums, étaient destinés à défendre le cadavre contre la
dissolution ; les autres, comme les figurines et les amulettes, devaient,
par une sorte d'opération magique, assurer au mort une protection
qui le garantirait contre les chances redoutables de la vie souterraine.
Par un naturel effet des croyances qui avaient suggéré ces dispositions,
la piété des parents déposait aussi dans la tombe les instruments
d'usage domestique dont le défunt se servait habituellement et les
bijoux dont il se parait3. Les lampes se rencontrent souvent; on les
laissait sans doute allumées quand on fermait le caveau. De petites
amphores contenaient peut-être une provision d'eau4. Les femmes
étaient ensevelies avec leurs bracelets et avec les anneaux de bronze
ou d'argent qu'elles portaient à la cheville, avec leurs colliers, leurs
pendants d'oreilles et leurs bagues ; on plaçait auprès d'elles les miroirs
de métal devant lesquels tant de fois elles avaient tressé leur longue
chevelure, et le stylet avec lequel leur main étendait le fard sous la
1. Renan, Mission, pp. 487-8. Les menus objets recueillis à Byblos ont le môme carac-
tère (Mission, p. 214). Dans la collection de M. Louis de Clercq, qui, à certains égards, est
plus riche en antiquités phéniciennes cpie celle même du Louvre, toute une vitrine est
remplie de petits monuments en faïence assyrienne, figurines, amulettes et scarabées, qui
tous ont été trouvés en Syrie.
2. Renan, Mission, pp. 421-422.
3. Voir le Journal des Fouilles de Gaillardot, dans la Mission de Phénicie, pp. 469, 473,
478, etc., et, pp. 484-487, la liste générale des objets trouvés dans la nécropole de Saïda,
classés par caveaux.
4. Renan, Mission, p. 473.
LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.
du dieu Chnouphis, à tête de bélier; une troisième, en faïence bleue,
du dieu Àmmon. 11 y a des colliers dont toutes les pièces, en terre
émaillée, représentent des dieux ou des animaux sacrés de l'Egypte1.
On pourrait presque se croire en Egypte ; mais, sans cloute à cause de
la plus grande humidité du sol, l'émail blanc, vert ou bleu n'a pas gardé
ici le même lustre qu'en Egypte ; il est souvent à demi détruit, et là
môme où la surface n'est pas rongée, les tons ont pâli.
Une autre habitude que la Phénicie avait prise à l'Egypte, c'était
celle de mettre des feuilles d'or à toutes les ouvertures du corps et
surtout aux yeux; ces sortes de lunettes en feuilles d'or ne sont pas
rares parmi les antiquités phéniciennes2. On a retrouvé aussi en Phé-
nicie les masques d'or des momies phéniciennes; il en existe deux,
d'une conservation excellente, dans la collection de M. Louis de Clercq;
la grandeur en est à peu près ce que l'on appelle demi-nature ; l'un d'eux
reproduit des traits de femme, et l'autre un visage d'homme barbu.
Des objets que nous venons d'énumérer, les uns, comme les feuilles
d'or et les parfums, étaient destinés à défendre le cadavre contre la
dissolution ; les autres, comme les figurines et les amulettes, devaient,
par une sorte d'opération magique, assurer au mort une protection
qui le garantirait contre les chances redoutables de la vie souterraine.
Par un naturel effet des croyances qui avaient suggéré ces dispositions,
la piété des parents déposait aussi dans la tombe les instruments
d'usage domestique dont le défunt se servait habituellement et les
bijoux dont il se parait3. Les lampes se rencontrent souvent; on les
laissait sans doute allumées quand on fermait le caveau. De petites
amphores contenaient peut-être une provision d'eau4. Les femmes
étaient ensevelies avec leurs bracelets et avec les anneaux de bronze
ou d'argent qu'elles portaient à la cheville, avec leurs colliers, leurs
pendants d'oreilles et leurs bagues ; on plaçait auprès d'elles les miroirs
de métal devant lesquels tant de fois elles avaient tressé leur longue
chevelure, et le stylet avec lequel leur main étendait le fard sous la
1. Renan, Mission, pp. 487-8. Les menus objets recueillis à Byblos ont le môme carac-
tère (Mission, p. 214). Dans la collection de M. Louis de Clercq, qui, à certains égards, est
plus riche en antiquités phéniciennes cpie celle même du Louvre, toute une vitrine est
remplie de petits monuments en faïence assyrienne, figurines, amulettes et scarabées, qui
tous ont été trouvés en Syrie.
2. Renan, Mission, pp. 421-422.
3. Voir le Journal des Fouilles de Gaillardot, dans la Mission de Phénicie, pp. 469, 473,
478, etc., et, pp. 484-487, la liste générale des objets trouvés dans la nécropole de Saïda,
classés par caveaux.
4. Renan, Mission, p. 473.