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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.
Vêtue d'une longue robe et coiffée à l'égyptienne, la figure a, au pre-
mier abord, quelque chose de l'aspect d'une momie; elle fait songer
aux figurines funéraires de l'Egypte, mais elle s'en distingue pourtant
à deux traits caractéristiques : ici les bras, au lieu d'être repliés sur
la poitrine, tombent le long des hanches; les pieds ne sont pas empri-
sonnés dans une gaine où se cache, en perdant sa forme, tout le bas
du corps; ils dépassent le bord inférieur du vêtement. Gomme celui des
bras, le modelé en est ferme et juste; le visage,
bien encadré, ne manque pas d'une certaine élé-
gance. Cette figurine, où l'artiste s'est inspiré très
librement d'un type oriental, est certainement un
des meilleurs ouvrages que l'on puisse mettre au
compte des céramistes phéniciens.
Ces statuettes trouvées dans les cimetières des
colonies phéniciennes, en Sardaigne, ont-elles été
apportées de la mère patrie ou fabriquées dans
l'île même, par des artistes qui s'y étaient établis
et y avaient ouvert leurs ateliers? Cette dernière
hypothèse paraît de beaucoup la plus vraisem-
blable. On a sans doute commencé, en Sardaigne
comme à Cypre, par se servir de moules apportés
de Phénicie; puis on a fini par copier sur place,
avec une certaine liberté, les modèles qui avaient
325. — Figurine sarde. .
Terre cuite. été créés dans la mère patrie. Il y aurait lieu de
Hauteur, 21. chercher la confirmation de cette conjecture dans
Musée de Cagliari. J
Dessin de Waiiet. une comparaison minutieuse, que nous ne pouvions
instituer ici, entre les figurines trouvées en Syrie
et celles qui ont été recueillies en Sardaigne ; peut-être, malgré le
nombre assez restreint des monuments et les lacunes que présentent
les séries, pourrait-on dès maintenant constater que, dans ces colonies
occidentales, certains types, en rapport avec les cultes locaux, ont été
plus souvent reproduits que d'autres; ainsi la divinité qui tient le
disque paraît avoir été plus populaire dans le monde de la Phénicie
coloniale que dans les ports de l'Orient.
Ce qui tranchera la question d'origine pour ces figurines provin-
ciales, ce sera la comparaison des terres. Les comparaisons que nous
avons pu faire à l'aide de deux fragments de statuettes en terre cuite
qui nous ont été envoyés de Sardaigne, grâce à l'obligeance de
[. Yivanet et Crespi, nous confirment dans l'idée que de beaucoup
LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.
Vêtue d'une longue robe et coiffée à l'égyptienne, la figure a, au pre-
mier abord, quelque chose de l'aspect d'une momie; elle fait songer
aux figurines funéraires de l'Egypte, mais elle s'en distingue pourtant
à deux traits caractéristiques : ici les bras, au lieu d'être repliés sur
la poitrine, tombent le long des hanches; les pieds ne sont pas empri-
sonnés dans une gaine où se cache, en perdant sa forme, tout le bas
du corps; ils dépassent le bord inférieur du vêtement. Gomme celui des
bras, le modelé en est ferme et juste; le visage,
bien encadré, ne manque pas d'une certaine élé-
gance. Cette figurine, où l'artiste s'est inspiré très
librement d'un type oriental, est certainement un
des meilleurs ouvrages que l'on puisse mettre au
compte des céramistes phéniciens.
Ces statuettes trouvées dans les cimetières des
colonies phéniciennes, en Sardaigne, ont-elles été
apportées de la mère patrie ou fabriquées dans
l'île même, par des artistes qui s'y étaient établis
et y avaient ouvert leurs ateliers? Cette dernière
hypothèse paraît de beaucoup la plus vraisem-
blable. On a sans doute commencé, en Sardaigne
comme à Cypre, par se servir de moules apportés
de Phénicie; puis on a fini par copier sur place,
avec une certaine liberté, les modèles qui avaient
325. — Figurine sarde. .
Terre cuite. été créés dans la mère patrie. Il y aurait lieu de
Hauteur, 21. chercher la confirmation de cette conjecture dans
Musée de Cagliari. J
Dessin de Waiiet. une comparaison minutieuse, que nous ne pouvions
instituer ici, entre les figurines trouvées en Syrie
et celles qui ont été recueillies en Sardaigne ; peut-être, malgré le
nombre assez restreint des monuments et les lacunes que présentent
les séries, pourrait-on dès maintenant constater que, dans ces colonies
occidentales, certains types, en rapport avec les cultes locaux, ont été
plus souvent reproduits que d'autres; ainsi la divinité qui tient le
disque paraît avoir été plus populaire dans le monde de la Phénicie
coloniale que dans les ports de l'Orient.
Ce qui tranchera la question d'origine pour ces figurines provin-
ciales, ce sera la comparaison des terres. Les comparaisons que nous
avons pu faire à l'aide de deux fragments de statuettes en terre cuite
qui nous ont été envoyés de Sardaigne, grâce à l'obligeance de
[. Yivanet et Crespi, nous confirment dans l'idée que de beaucoup