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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0616
606 LA PHÉNIGIE ET SES DEPENDANCES.
avons cru être des statues royales1. Ce personnage porte la tunique et
la shenti; son tablier est orné de deux uréus; il est coiffé du klaft,
mais ce klaft est posé sur une tête de grenouille.
Dans une autre statuette, c'est une tête de bœuf qui surmonte un
corps d'homme (fig. 414). Ici le personnage est drapé dans un grand
manteau d'où ses mains sortent seules. Une seconde variante du même
ivpe montre ce même personnage portant les deux mains à son museau ;
il fait le mouvement de quelqu'un qui se
préparerait à enlever une tête postiche, un
masque. Ce geste nous explique peut-être
le vrai caractère de ces images. Il est dif-
ficile d'y voir des idoles; rien ne nous
indique que l'on ait jamais adoré à Cypre
des dieux à tête de grenouille ou de bœuf.
Reconnaîtrons-nous là un de ces jeux de
l'esprit et de la fantaisie que nous appelons
des caricatures? Mais l'art cypriote ne
paraît pas avoir eu assez d'invention et de
variété pour que nous soyons fondés à
croire qu'il a entrepris d'éveiller le rire en
exagérant les traits de certains visages
humains et en poussant ainsi la ressem-
blance jusqu'au grotesque. Voici l'hypo-
thèse qui nous paraîtrait la plus vraisem-
blable : Il se pourrait que, dans quelqu'une
414. - Homme à tète de bœuf. des fêles qui se célébraient autour des
Pierre calcaire. Musée de New-York. temples , 011 SC fût affublé de masques
Dessin de Saint-EIme Gautier.
d'animaux. Certains fidèles, pour rappeler
la part qu'ils avaient prise à celte céré-
monie, se seraient fait représenter avec le costume qu'ils portaient
dans cette mascarade religieuse. Si l'on ne regarde qu'à l'intention du
donateur, ces statuettes devraient être rangées à la suite de toutes ces
figures votives que nous avons fait connaître par de si nombreux
exemples; elles prendraient place auprès de celles qui révèlent leur
signification par l'offrande qu'elles portent en main et qu'elles s'ap-
prêtent à déposer sur l'autel.
-1. Histoire de l'Art, t. III, p. 529.
avons cru être des statues royales1. Ce personnage porte la tunique et
la shenti; son tablier est orné de deux uréus; il est coiffé du klaft,
mais ce klaft est posé sur une tête de grenouille.
Dans une autre statuette, c'est une tête de bœuf qui surmonte un
corps d'homme (fig. 414). Ici le personnage est drapé dans un grand
manteau d'où ses mains sortent seules. Une seconde variante du même
ivpe montre ce même personnage portant les deux mains à son museau ;
il fait le mouvement de quelqu'un qui se
préparerait à enlever une tête postiche, un
masque. Ce geste nous explique peut-être
le vrai caractère de ces images. Il est dif-
ficile d'y voir des idoles; rien ne nous
indique que l'on ait jamais adoré à Cypre
des dieux à tête de grenouille ou de bœuf.
Reconnaîtrons-nous là un de ces jeux de
l'esprit et de la fantaisie que nous appelons
des caricatures? Mais l'art cypriote ne
paraît pas avoir eu assez d'invention et de
variété pour que nous soyons fondés à
croire qu'il a entrepris d'éveiller le rire en
exagérant les traits de certains visages
humains et en poussant ainsi la ressem-
blance jusqu'au grotesque. Voici l'hypo-
thèse qui nous paraîtrait la plus vraisem-
blable : Il se pourrait que, dans quelqu'une
414. - Homme à tète de bœuf. des fêles qui se célébraient autour des
Pierre calcaire. Musée de New-York. temples , 011 SC fût affublé de masques
Dessin de Saint-EIme Gautier.
d'animaux. Certains fidèles, pour rappeler
la part qu'ils avaient prise à celte céré-
monie, se seraient fait représenter avec le costume qu'ils portaient
dans cette mascarade religieuse. Si l'on ne regarde qu'à l'intention du
donateur, ces statuettes devraient être rangées à la suite de toutes ces
figures votives que nous avons fait connaître par de si nombreux
exemples; elles prendraient place auprès de celles qui révèlent leur
signification par l'offrande qu'elles portent en main et qu'elles s'ap-
prêtent à déposer sur l'autel.
-1. Histoire de l'Art, t. III, p. 529.