668 LA PHÉNIGIE Et SES DEPENDANCES.
négociants de Sidon et de Tyr étalaient les denrées qui formaient le
chargement de leurs navires.
Quelques-unes des peuplades avec lesquelles les Phéniciens
entrèrent en relation savaient peut-être déjà fabriquer des vases eu
terre ; mais ces vases ne pouvaient guère différer de ceux que l'on
trouve dans les gisements dits préhistoriques ; ils étaient façonnés à la
main, avec une argile grossière et mêlée de cailloux, puis séchés au
soleil ou mal cuits sous un feu de branchages verts; ils laissaient
échapper l'eau par leurs pores trop relâchés ; ils se fêlaient et se
brisaient quand ils se trouvaient exposés à une flamme trop vive.
Pouvait-on hésiter longtemps entre ces instruments imparfaits et ceux
qu'une industrie supérieure se chargerait ?le fournir? Ne préfé-
rerait-on pas, dès que l'on saurait où se les procurer, des vases qui
conserveraient les liquides et qui supporteraient la chaleur du foyer
le plus ardent ?
(les vases dont le débit était assuré, la Phénicïe apprit de très
bonne heure à les fabriquer. Le tour et le four du potier étaient connus
en Egypte bien des siècles avant le moment où naquirent les prin-
cipales cités de la côte syrienne1; elle aussi, la Chaldéè savait depuis
longtemps préparer et cuire l'argile, quand les aïeux des Phéniciens
l'avaient traversée pour venir s'établir entre la mer et le Liban2. Du
rocher d'Arad à celui de Tyr, l'industrie du potier fut certainement une
des premières à se développer; tous ces ports expédiaient, chaque
printemps, des cargaisons de jarres et de marmites, de coupes et de
flacons, qui se distribuaient un peu partout, jusque sur les rivages de
l'Atlantique ; à chaque campagne, les ateliers phéniciens étendaient le
cercle de leur clientèle. Aujourd'hui encore, dans l'Archipel, certaines
îles qui possèdent en abondance l'argile plastique, fournissent la
poterie à leurs voisines auxquelles cette terre fait défaut; les gens
de Milo et d'Anaphô colportent partout, à pleins Caïques, leurs
cruches, leurs marmites et leurs écuelles; toute cette vaisselle s'ac-
cumule, en tas rouges et luisants, sur le sable de la plage ou sur le
mole du petit port, puis se rentre et se serre dans les magasin, comme
on dit là-bas, dans ces quelques cafés et boutiques qui forment ce
que l'on appelle la marine; c'est là que viennent s'approvisionner, au
fui' et à mesure de leurs besoins, les citadins de la ville haute et les
paysans qui habitent les campagnes de l'intérieur.
i. Histoire de l'Art, 1. 1, ch. ix, § %
ï. Ibid., I. Il, cft< vin, § 1,
négociants de Sidon et de Tyr étalaient les denrées qui formaient le
chargement de leurs navires.
Quelques-unes des peuplades avec lesquelles les Phéniciens
entrèrent en relation savaient peut-être déjà fabriquer des vases eu
terre ; mais ces vases ne pouvaient guère différer de ceux que l'on
trouve dans les gisements dits préhistoriques ; ils étaient façonnés à la
main, avec une argile grossière et mêlée de cailloux, puis séchés au
soleil ou mal cuits sous un feu de branchages verts; ils laissaient
échapper l'eau par leurs pores trop relâchés ; ils se fêlaient et se
brisaient quand ils se trouvaient exposés à une flamme trop vive.
Pouvait-on hésiter longtemps entre ces instruments imparfaits et ceux
qu'une industrie supérieure se chargerait ?le fournir? Ne préfé-
rerait-on pas, dès que l'on saurait où se les procurer, des vases qui
conserveraient les liquides et qui supporteraient la chaleur du foyer
le plus ardent ?
(les vases dont le débit était assuré, la Phénicïe apprit de très
bonne heure à les fabriquer. Le tour et le four du potier étaient connus
en Egypte bien des siècles avant le moment où naquirent les prin-
cipales cités de la côte syrienne1; elle aussi, la Chaldéè savait depuis
longtemps préparer et cuire l'argile, quand les aïeux des Phéniciens
l'avaient traversée pour venir s'établir entre la mer et le Liban2. Du
rocher d'Arad à celui de Tyr, l'industrie du potier fut certainement une
des premières à se développer; tous ces ports expédiaient, chaque
printemps, des cargaisons de jarres et de marmites, de coupes et de
flacons, qui se distribuaient un peu partout, jusque sur les rivages de
l'Atlantique ; à chaque campagne, les ateliers phéniciens étendaient le
cercle de leur clientèle. Aujourd'hui encore, dans l'Archipel, certaines
îles qui possèdent en abondance l'argile plastique, fournissent la
poterie à leurs voisines auxquelles cette terre fait défaut; les gens
de Milo et d'Anaphô colportent partout, à pleins Caïques, leurs
cruches, leurs marmites et leurs écuelles; toute cette vaisselle s'ac-
cumule, en tas rouges et luisants, sur le sable de la plage ou sur le
mole du petit port, puis se rentre et se serre dans les magasin, comme
on dit là-bas, dans ces quelques cafés et boutiques qui forment ce
que l'on appelle la marine; c'est là que viennent s'approvisionner, au
fui' et à mesure de leurs besoins, les citadins de la ville haute et les
paysans qui habitent les campagnes de l'intérieur.
i. Histoire de l'Art, 1. 1, ch. ix, § %
ï. Ibid., I. Il, cft< vin, § 1,