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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0743

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LE VERRE.

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On attribue volontiers, chez les Anciens, l'invention du verre aux
Phéniciens1. C'est une erreur qu'il est facile de s'expliquer. Pendant
les siècles reculés où la Grèce était encore dans l'enfance, c'étaient
les marchands phéniciens qui colportaient et qui vendaient tout ce qui
se consommait de verre dans le bassin de la Méditerranée, sous forme
de vases, d'amulettes et de bijoux. Les acheteurs, qui n'avaient de
rapports qu'avec les Phéniciens, n'étaient pas en mesure de distinguer
entre le marchand et le* producteur ; jusqu'à l'heure, assez tardive, où
les Grecs commencèrent de fréquenter eux-mêmes les marchés du
Delta, on dut partout se représenter naïvement les Phéniciens comme
d'incomparables artisans qui savaient tout faire, qui fabriquaient eux-
mêmes tous ces objets de luxe et particulièrement toute cette verro-
terie dont la légèreté, les formes variées et les vives couleurs plaisent
si fort aux peuples sauvages ou imparfaitement civilisés.

C'était là pourtant une illusion que nous ne saurions partager. Les
véritables inventeurs du verre, ce sont les Egyptiens. Cette fabrication
remonte peut-être en Egypte jusqu'à l'Ancien Empire2. En tout cas,
elle était en pleine activité au temps du premier empire thébain, quand
les villes phéniciennes n'étaient pas encore nées ou que, du moins,
elles n'avaient encore aucune importance3. C'est seulement à l'époque
des Thoutmès et des Ramsès que la Phénicie est devenue d'abord la
courtière, puis l'élève de l'Egypte, qu'elle s'en est approprié les indus-
tries principales; c'est alors que, pour augmenter ses bénéfices sur un
article d'un placement facile et sûr, elle aurait dérobé aux verriers
égyptiens les secrets de leur fabrication.

Ces verriers étaient dès lors en possession des principaux procédés
que leur industrie devait mettre en œuvre, pendant toute l'antiquité;
leurs successeurs pourront en perfectionner l'emploi et en tirer des
effets nouveaux et plus compliqués; mais ils n'y ajouteront rien d'essen-

1. C'est du moins ce que paraît croire Pline, quand, dans son énumération géogra-
phique du livre V, rappelant les titres historiques des villes qu'il mentionne, il appelle
Sidon « artifex vitri ïheharumque Bœotiarum parons ». Ailleurs (XXXVI, 190), sans
nommer les Phéniciens, il rapporte une historiette d'après laquelle l'invention du verre
aurait été due au hasard; mais il place le théâtre de la scène sur la côte phénicienne,
près de Ptolémaïs. au bord du fleuve Bélus, le Nahr-Halou.

2. On se demande s'il ne faut pas la reconnaître dans les tableaux de tombes du pla-
teau de Sakkuruh. (Lepsius, Denkmseler, t. III, pl. XIII et XL1X.)

3. Histoire de l'Art, t. I, p. 826. Pour la fabrication du verre en Egypte, on peut ajou-
ter, aux renvois que nous avons indiqués dans notre tome I, les suivants : Wilkinson,
The manners and customs, t. III, p. 89. Rosellini, Monumenti, t. II, pl. LU. Caillald,
Recherches sur les arts et métiers de l'ancienne Egypte, pl. X, fig. 1 (peinture tirée des
hypogées de Gournah).
 
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