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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0854

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LA PHENIGIE ET SES DEPENDANCES.

par les usages auxquels ils étaient destinés, provoquaient la confection
et favorisaient le placement de maints de ces articles où pouvait briller
l'esprit de ressource et l'adresse de l'ouvrier sidonien ou tyrien. Un
exemple suffira. Un des principaux commerces de la Phénicie, un de
ceux qui lui donnèrent certainement les plus beaux bénéfices, ce fut
celui de la parfumerie1. Aujourd'hui nos usines parisiennes expédient
dans le monde entier des pommades, des huiles et des savons préparés
avec les essences tirées des jasmins et des roses, des tubéreuses et des
violettes qui fleurissent sur les coteaux de Nice et de Grasse, au pied
des oliviers. Ainsi faisaient, pour tous les riverains de la Méditerranée,
les ateliers phéniciens. On s'y était approprié tous les secrets de
l'Egypte et de la Ghaldée; on avait inventé des recettes nouvelles. De
l'Afrique, de l'Asie, de l'Arabie, de toute l'Asie antérieure et peut-être
môme des côtes de l'Inde, navires et caravanes leur apportaient tous
les aromates dont la forte ou douce senteur pouvait flatter l'odorat. On
ne savait pas encore distiller; mais avec ces résines et ces gommes,
avec les bois de senteur, avec la poussière embaumée du pollen, avec
les fleurs fraîches ou sèches, entassées dans les couffes en tresses de
palmier, on obtenait des liqueurs très concentrées, des graisses et des
huiles odorantes dont quelques-unes passaient pour avoir des produits
pharmaceutiques2; d'autres n'étaient que pour l'agrément. Nombre
d'ouvriers étaient employés à ces travaux ; Tyr et Cartilage devaient
avoir leur bazar des parfums, comme l'ont aujourd'hui Stamboul,
Damas et le Caire ; dans ces villes, quand on approche de ce quartier,

\. Scylax, dans un passage que nous avons déjà cité (Périple, § 112). nous montre les
Phéniciens vendant aux habitants de la côte occidentale de l'Afrique, outre les terres
entaillées et les verroteries de façon égyptienne, outre des poteries attiques, les parfums,
u.upov. Ézéchiel (ch. XXVII) fait aussi allusion à tous les aromates que la Phénicie emprun-
tait, pour les mettre en œuvre, aux différents peuples avec lesquels elle trafiquait :

Dedan et Javan, depuis Uzal,
Pourvoyaient tes marchés ;

Le fer travaillé, la casse et le roseau aromatique
Étaient échangés avec toi (v. 29).

Les marchands de Séba et de Raéma trafiquaient avec toi:

De tous les meilleurs aromates,

De toute espèce de pierres précieuses et d'or

Ils pourvoyaient tes marchés (v. 12).

Le mot [A'jpov, par lequel les Grecs désignaient les parfums en général, paraît dérivé
d'un mot sémitique, de l'hébreu mor, qui a le même sens. Le mot [3dW[j.ov, d'où vient,
par l'intermédiaire du latin balsamum, notre mot baume, a dû être aussi emprunté aux
Phéniciens; il représente le mot hébreu bessem ou bassam, qui est d'un emploi plus fré-
quent que mor.

2. Voir par exemple ce que nous avons dit ailleurs de la fabrication du ludanum,
que l'on recueillait à Cypre (G. Perrot, dans la Revue des Deux Mondes. 1er déc. 1878,
pp. 526-527).
 
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