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NUMISMATIQUE MÉROVINGIENNE.
était en ruine'; on savait alors que « ce lieu avoit esté toujours estimé
« saint, parce que ç’avoit esté l'hermitage d’un grand serviteur de Dieu,
« lequel y avoit esté enterré et duquel le sépulchre avoit esté autre
« fois religieusement visité par les pèlerins; mais que les Normands
« ayant brûlé ce saint lieu, en avoient presque ravy la mé-
« moire. »
Les figures humaines portant une crosse ou une croix sont sou-
vent gravées aussi sur des triensde la province de Clermont : là on a
également voulu représenter des saints locaux, et ces types sont dé-
rivés de la Victoire des tiers de sous impériaux : toutefois, le travail
du graveur permet, au premier coup d’œil, de distinguer les mon-
naies de la Première Aquitaine de celles de la Troisième Lyon-
naise.
Quelquefois la Victoire se transforme en un personnage étrange,
tel que celui qui figure sur le n° 7 de la planche : j’ai déjà réuni
trois exemplaires de ce [riens sans que leur comparaison me permît
de trouver un sens aux légendes : les lettres EN, qui accostent ce
personnage, sont très-probablement les initiales de la région où la
pièce a été frappée, et serviront ultérieurement à mettre sur la voie
de la provenance. — D’autres fois, la Victoire esï changée en une
sorte d’oiseau : la comparaison du triens ci-dessous, avec le n° 6 de
la planche I, nous permet de deviner ce qui a guidé ici le caprice
des monnoyers, qui ont bien évidemment voulu représenter un aigle :
c’est encore là une réminiscence des nombreux petits bronzes de
Gailien, de Victorin, de Claude II, de Tétricus, de Carus et de Nu-
mérien : sous ces empereurs, ce type est accompagné des légendes
MEMOPJAE AETERNAE, SALAS AYG et surtout CONSECRATIO.
Je préfère cette explication toute simple au petit roman inventé par
Bouterone, qui disait, en attribuant ce tiers de sou à Mérovée :
« L’aigle est gravé sur cette pièce à cause de l’alliance de Mérovée
« avec Valentinien et Aétius, ou pour lTiiéroglyptie d'un empire as-
« suré et d’une grandeur future, ce qui conviendrait bien à ce prince,
« reconnu comme fondateur de la monarchie française. » — Pour ne
pas multiplier outre mesure ces rapprochements, citons encore ce
saïga sur lequel on a représenté les deux mains jointes qui. sous
NUMISMATIQUE MÉROVINGIENNE.
était en ruine'; on savait alors que « ce lieu avoit esté toujours estimé
« saint, parce que ç’avoit esté l'hermitage d’un grand serviteur de Dieu,
« lequel y avoit esté enterré et duquel le sépulchre avoit esté autre
« fois religieusement visité par les pèlerins; mais que les Normands
« ayant brûlé ce saint lieu, en avoient presque ravy la mé-
« moire. »
Les figures humaines portant une crosse ou une croix sont sou-
vent gravées aussi sur des triensde la province de Clermont : là on a
également voulu représenter des saints locaux, et ces types sont dé-
rivés de la Victoire des tiers de sous impériaux : toutefois, le travail
du graveur permet, au premier coup d’œil, de distinguer les mon-
naies de la Première Aquitaine de celles de la Troisième Lyon-
naise.
Quelquefois la Victoire se transforme en un personnage étrange,
tel que celui qui figure sur le n° 7 de la planche : j’ai déjà réuni
trois exemplaires de ce [riens sans que leur comparaison me permît
de trouver un sens aux légendes : les lettres EN, qui accostent ce
personnage, sont très-probablement les initiales de la région où la
pièce a été frappée, et serviront ultérieurement à mettre sur la voie
de la provenance. — D’autres fois, la Victoire esï changée en une
sorte d’oiseau : la comparaison du triens ci-dessous, avec le n° 6 de
la planche I, nous permet de deviner ce qui a guidé ici le caprice
des monnoyers, qui ont bien évidemment voulu représenter un aigle :
c’est encore là une réminiscence des nombreux petits bronzes de
Gailien, de Victorin, de Claude II, de Tétricus, de Carus et de Nu-
mérien : sous ces empereurs, ce type est accompagné des légendes
MEMOPJAE AETERNAE, SALAS AYG et surtout CONSECRATIO.
Je préfère cette explication toute simple au petit roman inventé par
Bouterone, qui disait, en attribuant ce tiers de sou à Mérovée :
« L’aigle est gravé sur cette pièce à cause de l’alliance de Mérovée
« avec Valentinien et Aétius, ou pour lTiiéroglyptie d'un empire as-
« suré et d’une grandeur future, ce qui conviendrait bien à ce prince,
« reconnu comme fondateur de la monarchie française. » — Pour ne
pas multiplier outre mesure ces rapprochements, citons encore ce
saïga sur lequel on a représenté les deux mains jointes qui. sous