292 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
luge (1). Et cependant ces mythes ne contiennent rien de semblable
à l’histoire ni delà colombe de Noé, ni des oiseaux deXisuthrus,
Comment donc la tradition de la colombe a-t-elle pu parvenir chez
les Mandans?
Cette difficulté, très-grave sans doute, ne se présente pas aujour-
d’hui pour la première fois. Sous une autre forme, elle avait déjà
frappé les investigateurs de l’antiquité américaine. En effet, dans la
tradition du déluge, telle qu’elle existait au Michoacan, le colibri joue
un rôle tout à fait semblable à celui dé la colombe dans la tradition gé-
nésiaque(2). M. Maury, dans son remarquable article sur le déluge,
a discuté avec sa sagacité habituelle les difficultés que soulève la pré-
sence en Amérique de cette tradition hébraïque ou chaldéenne. Il ne
pense pas qu’une infiltration de traditions chrétiennes depuis la con-
quête puisse suffire à l’expliquer, et il s’arrête à cette conclusion : que
la ressemblance indiquée entre les traditions indigènes du Nouveau
Monde et celles de h Cbaldée demeure un fait inexpliqué (3). Nous
n’oserions nous-même aller plus loin ; toutefois nous croyons devoir
faire remarquer que la fixation de Samarcande, comme point de
départ de la propagande bouddhique, indiquée dans notre premier
article, donne à la question un nouvel aspect et peut servir à ex-
pliquer entre les traditions importées en Amérique et les traditions
chaldéennes, des rapports dont il eût été autrefois impossible de com-
prendre l’existence (4).
Gustave d’Eichthal.
(1) Nève. La traduction indienne .du Déluge dans sa forme la plus ancienne.
Broch. in-8°. Paris, 1851. (Extrait du tome III, 4e série, des Annales^de philosophie
chrétienne. Janv.-avril 1851). — Maury, art. Déluge de l’Encyclopédie moderne.
(2) Humboldt, Vues, etc. PI. XXXII, t. II, p. 177. Clavigero, Hist. mex., t. III,
p. 151 ; cité par Mac Culloch, Researches, ch. v, p. 263. — Voyez aussi le rôle que
joue la colombe dans EHistoire hiéroglyphique des aztèques depuis le déluge jusqu’à
la fondation de Mexico. Humboldt, Vues, etc., pl. XXXII. — Dans la tradition des
Chippeways, c’est un autre oiseau, le plongeon, que le Noé national, Menaboschu,
envoie à la découverte de la terre (J. G. Kohl). Kitschi-gami, t. I, p. 326.
(3) Encyclopédie moderne, art. Déluge, p. 71.
(4) Nous ne pouvons terminer cet article sans dire un mot de l’effroyable cata-
strophe qui, depuis le voyage de Catlin, est venue frapper la tribu si intéressante
des Mandans. En 1838, elle fut visitée et presque anéantie par la petite vérole. Catlin,
dans le récit si émouvant qu’il donne de cet évènement à la fin de son livre, repré-
sente la nation comme entièrement détruite. Mais, d’après des renseignements plus
récents, il paraîtrait qu’elle a été reconstituée par quelques individus échappés au
fléau, et habite encore, au nombre de deux cent cinquante à trois cents âmes, la
même localité.
luge (1). Et cependant ces mythes ne contiennent rien de semblable
à l’histoire ni delà colombe de Noé, ni des oiseaux deXisuthrus,
Comment donc la tradition de la colombe a-t-elle pu parvenir chez
les Mandans?
Cette difficulté, très-grave sans doute, ne se présente pas aujour-
d’hui pour la première fois. Sous une autre forme, elle avait déjà
frappé les investigateurs de l’antiquité américaine. En effet, dans la
tradition du déluge, telle qu’elle existait au Michoacan, le colibri joue
un rôle tout à fait semblable à celui dé la colombe dans la tradition gé-
nésiaque(2). M. Maury, dans son remarquable article sur le déluge,
a discuté avec sa sagacité habituelle les difficultés que soulève la pré-
sence en Amérique de cette tradition hébraïque ou chaldéenne. Il ne
pense pas qu’une infiltration de traditions chrétiennes depuis la con-
quête puisse suffire à l’expliquer, et il s’arrête à cette conclusion : que
la ressemblance indiquée entre les traditions indigènes du Nouveau
Monde et celles de h Cbaldée demeure un fait inexpliqué (3). Nous
n’oserions nous-même aller plus loin ; toutefois nous croyons devoir
faire remarquer que la fixation de Samarcande, comme point de
départ de la propagande bouddhique, indiquée dans notre premier
article, donne à la question un nouvel aspect et peut servir à ex-
pliquer entre les traditions importées en Amérique et les traditions
chaldéennes, des rapports dont il eût été autrefois impossible de com-
prendre l’existence (4).
Gustave d’Eichthal.
(1) Nève. La traduction indienne .du Déluge dans sa forme la plus ancienne.
Broch. in-8°. Paris, 1851. (Extrait du tome III, 4e série, des Annales^de philosophie
chrétienne. Janv.-avril 1851). — Maury, art. Déluge de l’Encyclopédie moderne.
(2) Humboldt, Vues, etc. PI. XXXII, t. II, p. 177. Clavigero, Hist. mex., t. III,
p. 151 ; cité par Mac Culloch, Researches, ch. v, p. 263. — Voyez aussi le rôle que
joue la colombe dans EHistoire hiéroglyphique des aztèques depuis le déluge jusqu’à
la fondation de Mexico. Humboldt, Vues, etc., pl. XXXII. — Dans la tradition des
Chippeways, c’est un autre oiseau, le plongeon, que le Noé national, Menaboschu,
envoie à la découverte de la terre (J. G. Kohl). Kitschi-gami, t. I, p. 326.
(3) Encyclopédie moderne, art. Déluge, p. 71.
(4) Nous ne pouvons terminer cet article sans dire un mot de l’effroyable cata-
strophe qui, depuis le voyage de Catlin, est venue frapper la tribu si intéressante
des Mandans. En 1838, elle fut visitée et presque anéantie par la petite vérole. Catlin,
dans le récit si émouvant qu’il donne de cet évènement à la fin de son livre, repré-
sente la nation comme entièrement détruite. Mais, d’après des renseignements plus
récents, il paraîtrait qu’elle a été reconstituée par quelques individus échappés au
fléau, et habite encore, au nombre de deux cent cinquante à trois cents âmes, la
même localité.