OSTRACA INEDITS.
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pas comme dépaysés, dès qu’on leur propose un ostracon pour sujet
d’étude? En effet, toutes les difficultés imaginables semblent s’être
condensées dans ce petit chapitre de paléographie grecque, occupé
par les textes d’Eléphantine. L’écriture, surtout celle des fonction-
naires égyptiens, est fugitive, embarrassée, arbitraire suivant les ca-
prices d’une plume rebelle, les lettres sont entrelacées et entortillées,
la langue pleine des barbarismes du patois égypto-grec. Ajoutez à
cela les nombreuses abréviations, les erreurs du scribe, les noms
propres égyptiens, enfin cette pâleur blafarde de l’encre produite
par une couche d’épaisse poussière qui s’est amalgamée avec l’écri-
ture: et vous aurez une idée des obstacles qu’il faut vaincre pour
arriver au plus médiocre résultat. Le fac-similé dont j’ai accompagné
ce mémoire, représente une des pièces les plus lisibles de ce genre.
Je ne parle pas même des lettres effacées, des tessons frustes, de la
rareté des objets qui empêche toute comparaison, du peu de maté-
riaux dont nous disposons pour contrôler les faits nouveaux révélés
par ces textes.
En labourant un terrain aussi ingrat et caillouteux, il serait in-
juste de ma part de ne pas mentionner avant tout, les efforts de mes
prédécesseurs. La première publication d’ostraca est due au baron de
Minutoli, auteur du Voyage au temple de Jupiter Ammon (édité par
Toelken, pi. 32, n. 17, 18). L’architecte Gau, plus connu par sa
participation à l’ouvrage de Mazois, et par ses plans de l’église Sainte-
Clotilcle, rapporta de Nubie un grand nombre d’écritures cursives
(Antiquités de Nubie, pl. 8. 9, Paris 1821), qui furent déchiffrées et
interprétées par le célèbre historien-philologue Georges Bartold Nie-
buhr. Ensuite la collection la plus importante a été gravée par les
soins d’un égyptologue anglais, Thomas Young, dans son ouvrage sur
les hiéroglyphes (pl. 53-55, Londres 1823).
Le produit de ces différents travaux fut réuni en 1848 par M. Franz
dans le troisième volume du Corpus înscriptionum, et l’œil exercé
de ce savant épigraphiste a certainement contribué à éclaircir les
textes les plus obscurs. Un petit essai de M. François Lenormant (d)
et un remarquable mémoire de M. Egger (2), sont venus récemment
encore, se joindre à cette littérature déjà volumineuse.
(1) Lettre à M. Hase sur des tablettes grecques trouvées à Memphis (Revue arch.
1851, p. 464, 465). L’ostracon qui y est publié appartient à M. du Rocher.
(2) Observations sur quelques fragments de poterie antique provenant d’Égypte,
1857 (Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. 21 ; et réimprimé dans les Mémoires
d’histoire ancienne et d’archéologie. Paris, 1863. Voir aussi le Corpus inscript.
9060-63).
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pas comme dépaysés, dès qu’on leur propose un ostracon pour sujet
d’étude? En effet, toutes les difficultés imaginables semblent s’être
condensées dans ce petit chapitre de paléographie grecque, occupé
par les textes d’Eléphantine. L’écriture, surtout celle des fonction-
naires égyptiens, est fugitive, embarrassée, arbitraire suivant les ca-
prices d’une plume rebelle, les lettres sont entrelacées et entortillées,
la langue pleine des barbarismes du patois égypto-grec. Ajoutez à
cela les nombreuses abréviations, les erreurs du scribe, les noms
propres égyptiens, enfin cette pâleur blafarde de l’encre produite
par une couche d’épaisse poussière qui s’est amalgamée avec l’écri-
ture: et vous aurez une idée des obstacles qu’il faut vaincre pour
arriver au plus médiocre résultat. Le fac-similé dont j’ai accompagné
ce mémoire, représente une des pièces les plus lisibles de ce genre.
Je ne parle pas même des lettres effacées, des tessons frustes, de la
rareté des objets qui empêche toute comparaison, du peu de maté-
riaux dont nous disposons pour contrôler les faits nouveaux révélés
par ces textes.
En labourant un terrain aussi ingrat et caillouteux, il serait in-
juste de ma part de ne pas mentionner avant tout, les efforts de mes
prédécesseurs. La première publication d’ostraca est due au baron de
Minutoli, auteur du Voyage au temple de Jupiter Ammon (édité par
Toelken, pi. 32, n. 17, 18). L’architecte Gau, plus connu par sa
participation à l’ouvrage de Mazois, et par ses plans de l’église Sainte-
Clotilcle, rapporta de Nubie un grand nombre d’écritures cursives
(Antiquités de Nubie, pl. 8. 9, Paris 1821), qui furent déchiffrées et
interprétées par le célèbre historien-philologue Georges Bartold Nie-
buhr. Ensuite la collection la plus importante a été gravée par les
soins d’un égyptologue anglais, Thomas Young, dans son ouvrage sur
les hiéroglyphes (pl. 53-55, Londres 1823).
Le produit de ces différents travaux fut réuni en 1848 par M. Franz
dans le troisième volume du Corpus înscriptionum, et l’œil exercé
de ce savant épigraphiste a certainement contribué à éclaircir les
textes les plus obscurs. Un petit essai de M. François Lenormant (d)
et un remarquable mémoire de M. Egger (2), sont venus récemment
encore, se joindre à cette littérature déjà volumineuse.
(1) Lettre à M. Hase sur des tablettes grecques trouvées à Memphis (Revue arch.
1851, p. 464, 465). L’ostracon qui y est publié appartient à M. du Rocher.
(2) Observations sur quelques fragments de poterie antique provenant d’Égypte,
1857 (Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. 21 ; et réimprimé dans les Mémoires
d’histoire ancienne et d’archéologie. Paris, 1863. Voir aussi le Corpus inscript.
9060-63).