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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — N.S. 1=17.1895

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Nr. 1-2
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Moret, Alexandre: Une fonction judiciaire de la XIIe dynastie et les chrématistes ptolémai͏̈ques
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https://doi.org/10.11588/diglit.12253#0072

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UNE FONCTION JUDICIAIRE DE LA XIIe DYNASTIE

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les juges indigènes dans leur administration de l'Egypte. A ces juges (Xâoxpfcau) et à ces
lois indigènes (lîjç x^paç v'opt.01) ils ont voulu opposer, sans violence, mais adroitement,
des juges royaux grecs et des décrets royaux, un personnel et une jurisprudence (xp-o^a-
Tia-fjun, «i^cptajji.a'ta, iTpojtâv^y-a) dévoués à leurs intérêts. C'était, nous dit Aristée1, dans le
but d'accélérer l'expédition des affaires judiciaires; il n'est pas défendu dépenser que
c'était surtout pour affermir l'autorité du pouvoir central vis-à-vis des administrations
locales.

De même, nous verrions volontiers dans les « Enquêteurs » de la XIIe dynastie les
représentants de la monarchie centralisatrice des Pharaons dans sa lutte contre les
familles féodales. Les rois du Moyen-Empire thébain devaient avoir vis-à-vis des
□ , parfois si puissants 2, des craintes autrement fondées que les Ptolémées vis-
à-vis des XaoxptTou. Pourquoi nous étonner qu'ils aient songé à faire mieux connaître la
loi royale et à développer Y appel au roi, cet instrument favori de domination de toutes
les monarchies centralisatrices? Les « Enquêteurs » de la XIIe dynastie, les Chréma-
tistes ptolémaïques ne font-ils pas songer aux « Legati » d'Auguste, aux « Missi domi-
nici » cle Charlemagne3, aux « Enquesteurs royaux » des premiers Capétiens, aux « Juges
itinérants » des premiers rois anglo-normands ? Partout les souverains ont pris les mêmes
précautions contre un même danger.

Pour en revenir à l'Égypte, nous conclurons que, dès la XIIe dynastie, la monarchie
pharaonique possède, par l'institution des « Enquêteurs royaux ou Préposés aux appels »,
un des moyens les plus puissants cle centralisation. La comparaison des textes égyptiens
avec les textes grecs nous a permis de mieux comprendre le caractère et l'importance
de cette fonction judiciaire. D'ailleurs, cette ressemblance, si frappante entre les Enquê-
teurs pharaoniques et les Chrématistes doit s'expliquer par un emprunt des Ptolémées
aux Pharaons : après avoir conservé presque intacte l'administration égyptienne de
l'armée et des finances, les Lagides ont-ils pu renoncer à l'institution ancienne qui leur
permettait d'absorber la meilleure part du pouvoir judiciaire? Nous ne le pensons pas,
bien que les textes nous manquent pour établir la survivance de l'institution des En-
quêteurs à travers les siècles qui séparent la XIIe dynastie des Ptolémées. Aussi gardons-
nous l'espoir de retrouver les preuves de cette survivance, soit par la découverte de
documents nouveaux, soit par une meilleure utilisation de ceux que nous possédons
déjà 4.

Annemasse, septembre 1894.

Alexandre Moret.

1. Édit. Schmidt, p. 34.

2. Cf. Maspero, La grande Inscription de Béni-Hassan [Recueil de Traoausc, t. I, p. 179 sqq.).

3. Peyron, loc. cit., p. 99.

4. Pour le développement et la confirmation par d'autres textes des idées ici exposées, je renvoie à un
article intitulé : L'Appel au roi en Egypte au temps des Pharaons et des Ptolémées, qui paraîtra dans les
Actes du Xe Congrès des Orientalistes.

recueil, xvii.

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