SUR UNE STATUE DE LA COLLECTION BARRACCO
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de la terre cuite et cle là statue, tandis que le n° 111 rappelle de bien près Flsis de
Rome. Je ferai pourtant remarquer que la statue
ainsi que les terres cuites ont les oreilles couvertes,
détail qu'on ne remarque jamais dans les têtes de
momies. D'autre part, plusieurs de ces têtes, par
exemple le n° 111, montrent la même couronne
peinte en rose que porte la figurine de Berlin. Un
détail encore se trouve tant sur la statue Barracco
que sur quelques têtes en plâtre : l'indication de la
fossette. On ne peut donc guère douter qu'il y ait
quelque rapport entre les têtes Graf, les terres cuites
et la statue Barracco. Certainement la statue peut
être plus ancienne ou plus jeune que ces tètes d'une dizaine d'années. Mais je ne vou-
drais pas l'en séparer d'un siècle.
Les seuls objets qu'on ait jusqu'ici datés avec quelque certitude, parmi les trou-
vailles des époques romaines en Egypte, ce sont les portraits Graf1. Aucun de ces pan-
neaux de bois ne doit être daté avant le second et le troisième siècle de notre ère. Dans
les portraits Graf vous ne trouverez rien qui ressemble à notre statue. Les chevelures
sont tout autres. Il n'y a rien d'égyptien. Il n'est donc pas probable que les portraits
Graf et les têtes en plâtre soient de la même époque'2. Ces dernières sont-elles posté-
rieures? Je ne le crois pas. D'abord, quand il y a le plus d'éléments égyptiens, on le
datera volontairement avant les monuments classiques; car il s'agit ici de séries de monu-
ments, bien entendu. Puis l'histoire de l'enterrement égyptien me le semble prouver.
M. Pétrie a déjà établi l'ordre des diverses formes du sarcophage3. C'est d'abord le
masque sans formes individuelles, puis le masque aux traits du mort, auquel plus tard
on ajoute les bras4, tout en rendant la tête même plus plastique. Ils deviennent de véri-
tables bustes. C'est l'influence grecque qui, tout en s'accommodant à l'usage égyptien,
essaye de lui inspirer de la vie. Et si nous regardons ces têtes, nous ne douterons pas que
ce soient des œuvres grecques et qu'en somme ce soient des Grecs qui sont ainsi figurés.
Mais à la fin on s'aperçut qu'une tête placée sur un corps en forme de sarcophage a tou-
jours quelque chose de raide et cle maladroit. On fit le dernier pas : au lieu du masque et
du buste on appliqua un portrait peint sur le sarcophage. C'est une invention certaine-
ment grecque, mais qui ne manque pourtant pas d'analogie en Egypte. Le catalogue du
musée de Berlin nous décrit la façon dont les prêtres des XXe et XXL dynasties ont
été enterrés5. Alors on plaça sur la momie un bas-relief peint avec les traits du mort/qui
1. Voir les excellentes remarques de Wilcken, Arch. Ans., t. IV, p. 1. Cf. Heydemann, Ber. d. sâchs.
Ges. d. W(ss., 40, p. 295.
2. Je n'entends pas dire pour cela qu'il n'y ait pas telle ou telle de ces têtes eu plâtre qui puisse être
contemporaine à l'un ou l'autre portrait. Cela est prouvé par la famille de la dame Aline à Berlin.
3. Flinders Pétrie, Ten years dujging, p. 97. Haioara, Biahmu, p. 14 et suiv., où M. Cecil Smith a
traité des portraits peints, p. 37 et suiv.
4. Je ne veux parler ici que du développement de ces masques; les bras des sarcophages momiformes
sont généralement croisés et toujours schématiques. . .
5. Cal. de Berlin, p. 134, 144, 150. Cf. Notice de Giseh, .n°\1156, 1157, 1272.
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de la terre cuite et cle là statue, tandis que le n° 111 rappelle de bien près Flsis de
Rome. Je ferai pourtant remarquer que la statue
ainsi que les terres cuites ont les oreilles couvertes,
détail qu'on ne remarque jamais dans les têtes de
momies. D'autre part, plusieurs de ces têtes, par
exemple le n° 111, montrent la même couronne
peinte en rose que porte la figurine de Berlin. Un
détail encore se trouve tant sur la statue Barracco
que sur quelques têtes en plâtre : l'indication de la
fossette. On ne peut donc guère douter qu'il y ait
quelque rapport entre les têtes Graf, les terres cuites
et la statue Barracco. Certainement la statue peut
être plus ancienne ou plus jeune que ces tètes d'une dizaine d'années. Mais je ne vou-
drais pas l'en séparer d'un siècle.
Les seuls objets qu'on ait jusqu'ici datés avec quelque certitude, parmi les trou-
vailles des époques romaines en Egypte, ce sont les portraits Graf1. Aucun de ces pan-
neaux de bois ne doit être daté avant le second et le troisième siècle de notre ère. Dans
les portraits Graf vous ne trouverez rien qui ressemble à notre statue. Les chevelures
sont tout autres. Il n'y a rien d'égyptien. Il n'est donc pas probable que les portraits
Graf et les têtes en plâtre soient de la même époque'2. Ces dernières sont-elles posté-
rieures? Je ne le crois pas. D'abord, quand il y a le plus d'éléments égyptiens, on le
datera volontairement avant les monuments classiques; car il s'agit ici de séries de monu-
ments, bien entendu. Puis l'histoire de l'enterrement égyptien me le semble prouver.
M. Pétrie a déjà établi l'ordre des diverses formes du sarcophage3. C'est d'abord le
masque sans formes individuelles, puis le masque aux traits du mort, auquel plus tard
on ajoute les bras4, tout en rendant la tête même plus plastique. Ils deviennent de véri-
tables bustes. C'est l'influence grecque qui, tout en s'accommodant à l'usage égyptien,
essaye de lui inspirer de la vie. Et si nous regardons ces têtes, nous ne douterons pas que
ce soient des œuvres grecques et qu'en somme ce soient des Grecs qui sont ainsi figurés.
Mais à la fin on s'aperçut qu'une tête placée sur un corps en forme de sarcophage a tou-
jours quelque chose de raide et cle maladroit. On fit le dernier pas : au lieu du masque et
du buste on appliqua un portrait peint sur le sarcophage. C'est une invention certaine-
ment grecque, mais qui ne manque pourtant pas d'analogie en Egypte. Le catalogue du
musée de Berlin nous décrit la façon dont les prêtres des XXe et XXL dynasties ont
été enterrés5. Alors on plaça sur la momie un bas-relief peint avec les traits du mort/qui
1. Voir les excellentes remarques de Wilcken, Arch. Ans., t. IV, p. 1. Cf. Heydemann, Ber. d. sâchs.
Ges. d. W(ss., 40, p. 295.
2. Je n'entends pas dire pour cela qu'il n'y ait pas telle ou telle de ces têtes eu plâtre qui puisse être
contemporaine à l'un ou l'autre portrait. Cela est prouvé par la famille de la dame Aline à Berlin.
3. Flinders Pétrie, Ten years dujging, p. 97. Haioara, Biahmu, p. 14 et suiv., où M. Cecil Smith a
traité des portraits peints, p. 37 et suiv.
4. Je ne veux parler ici que du développement de ces masques; les bras des sarcophages momiformes
sont généralement croisés et toujours schématiques. . .
5. Cal. de Berlin, p. 134, 144, 150. Cf. Notice de Giseh, .n°\1156, 1157, 1272.