du Louvre. Mais il ajoute : « In Santo - Domingo, ubi verisimiliter a Nigritis
introducta. «
Il serait curieux que le Balanites de Saint-Domingue, s'il a été effectivement
importé des rives du Nil, ait conservé dans sa nouvelle patrie la forme égyptienne
antique, tandis que celle-ci s'est modifiée dans son propre pays d'origine.
32. — baobab. ADANSONIA DIGITATA L.1
Un fruit de Baobab, mesurant une vingtaine de centimètres de longueur. — La
taille moyenne du fruit de Y À. digitata étant d'environ 40 cm., il est très probable que
le spécimen du Louvre n'est pas arrivé â complète maturité. Peut-être en pourrait-on
conclure qu'il fut récolté sur un arbre transplanté en Egypte. Si P. Forskal, en effet, et
R. Delile omettent de mentionner le Baobab parmi les plantes cultivées dans le Delta,
P. Ascherson et G. ScliAveinfurth déclarent l'avoir rencontré dans les jardins du Caire5.
L'introduction de l'arbre en Egypte peut même être relativement ancienne, car
P. Alpin, vers la fin du XVIe siècle, l'a également remarqué dans quelque verger
égyptien : « Arborem quœ nos fructus (scil. Bahobab) fert, vidi ego in quodam viri-
dario, foliis magnitudine et figura, auranciis valde similes3. » Que le fruit du Louvre, en
tout cas, ait été récolté en Egypte ou rapporté, à titre de curiosité,, des pays où croît
spontanément le Baobab, il n'en est pas moins pour nous une preuve des lointaines
relations qu'entretenaient les Égyptiens dans les régions du Haut-Nil. La limite nord
de l'aire d'indigénat du Baobab dans l'Afrique orientale a été très minutieusement
précisée par G. Schweinfurth : cette ligne de démarcation traverse le Nil-Bleu â Abou-
harras, village situé à une quarantaine de lieues au sud de Khartoum, descend légère-
ment vers l'Est et remonte à Kassala, d'où elle se dirige presque en ligne droite jusqu'à
la mer Rouge, un peu au nord de Massaouah. C'est entre ces deux dernières localités que
le voyageur allemand a rencontré les individus les plus nombreux et les plus gigan-
tesques : les Baobabs mesurant de soixante à quatre-vingts pieds de circonférence,
affirme-t-il, s'y comptent par centaines; ils portent dans ces régions le nom de Hamra".
D'après ces données,, nous ne voyons guère que deux points d'où les Égyptiens
aient pu transporter ou recevoir dans leur pays, soit le fruit du Baobab, soit l'arbre lui-
même : 1° les rives du Nil-Bleu, qui ne se trouvaient pas extrêmement distantes de leur
colonie pharaonique deMéroé (aujourd'hui Gebel-Barkal); 2° les environs de Massaouah,
qui faisaient partie du pays de Pount, pays dont il est fait mention dans les plus
anciennes inscriptions.
1. N. 1403.
2. P. Aschep„son et G. Schweinfurth, Illustration de la flore d'Éyypte, p. 53.
3. P. Alpini, De Plantis JEgypti liber, Venetiis, MDXCII, fol. 27. — L'édition parue à Leyde en 1735
rectifie ainsi la fin de la phrase, qui renferme plusieurs fautes d'impression dans l'édition de Venise :
« ... foliis magnitudine ac figura aurantiis valdè similem » (P. Alpini, Hisioria naturalis sEgypti, Lugduni
Batavorum, 1735, t. II, p. 37).
4. G. Schweinfurth, Pflanzengeograp/iische Skisse des gesammten Nil-Gebiets und der Uferlànder des
Rothen Meeres (dans A. Petermann, Mittheilungen, 1868), p. 159 et carte jointe au mémoire.
introducta. «
Il serait curieux que le Balanites de Saint-Domingue, s'il a été effectivement
importé des rives du Nil, ait conservé dans sa nouvelle patrie la forme égyptienne
antique, tandis que celle-ci s'est modifiée dans son propre pays d'origine.
32. — baobab. ADANSONIA DIGITATA L.1
Un fruit de Baobab, mesurant une vingtaine de centimètres de longueur. — La
taille moyenne du fruit de Y À. digitata étant d'environ 40 cm., il est très probable que
le spécimen du Louvre n'est pas arrivé â complète maturité. Peut-être en pourrait-on
conclure qu'il fut récolté sur un arbre transplanté en Egypte. Si P. Forskal, en effet, et
R. Delile omettent de mentionner le Baobab parmi les plantes cultivées dans le Delta,
P. Ascherson et G. ScliAveinfurth déclarent l'avoir rencontré dans les jardins du Caire5.
L'introduction de l'arbre en Egypte peut même être relativement ancienne, car
P. Alpin, vers la fin du XVIe siècle, l'a également remarqué dans quelque verger
égyptien : « Arborem quœ nos fructus (scil. Bahobab) fert, vidi ego in quodam viri-
dario, foliis magnitudine et figura, auranciis valde similes3. » Que le fruit du Louvre, en
tout cas, ait été récolté en Egypte ou rapporté, à titre de curiosité,, des pays où croît
spontanément le Baobab, il n'en est pas moins pour nous une preuve des lointaines
relations qu'entretenaient les Égyptiens dans les régions du Haut-Nil. La limite nord
de l'aire d'indigénat du Baobab dans l'Afrique orientale a été très minutieusement
précisée par G. Schweinfurth : cette ligne de démarcation traverse le Nil-Bleu â Abou-
harras, village situé à une quarantaine de lieues au sud de Khartoum, descend légère-
ment vers l'Est et remonte à Kassala, d'où elle se dirige presque en ligne droite jusqu'à
la mer Rouge, un peu au nord de Massaouah. C'est entre ces deux dernières localités que
le voyageur allemand a rencontré les individus les plus nombreux et les plus gigan-
tesques : les Baobabs mesurant de soixante à quatre-vingts pieds de circonférence,
affirme-t-il, s'y comptent par centaines; ils portent dans ces régions le nom de Hamra".
D'après ces données,, nous ne voyons guère que deux points d'où les Égyptiens
aient pu transporter ou recevoir dans leur pays, soit le fruit du Baobab, soit l'arbre lui-
même : 1° les rives du Nil-Bleu, qui ne se trouvaient pas extrêmement distantes de leur
colonie pharaonique deMéroé (aujourd'hui Gebel-Barkal); 2° les environs de Massaouah,
qui faisaient partie du pays de Pount, pays dont il est fait mention dans les plus
anciennes inscriptions.
1. N. 1403.
2. P. Aschep„son et G. Schweinfurth, Illustration de la flore d'Éyypte, p. 53.
3. P. Alpini, De Plantis JEgypti liber, Venetiis, MDXCII, fol. 27. — L'édition parue à Leyde en 1735
rectifie ainsi la fin de la phrase, qui renferme plusieurs fautes d'impression dans l'édition de Venise :
« ... foliis magnitudine ac figura aurantiis valdè similem » (P. Alpini, Hisioria naturalis sEgypti, Lugduni
Batavorum, 1735, t. II, p. 37).
4. G. Schweinfurth, Pflanzengeograp/iische Skisse des gesammten Nil-Gebiets und der Uferlànder des
Rothen Meeres (dans A. Petermann, Mittheilungen, 1868), p. 159 et carte jointe au mémoire.