Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — N.S. 1=17.1895

DOI Heft:
Nr. 3-4
DOI Artikel:
Loret, Victor; Poisson, Jules: Études de botanique égyptienne
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.12253#0229

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
En agitant le fruit du Louvre, on constate que l'intérieur s'en est desséché et désa-
grégé. Les graines du Baobab, en effet, sont enveloppées d'une abondante pulpe rou-
geâtre, d'un goût acidulé et assez agréable, qui se dessèche à la longue et, après avoir
présenté l'aspect de la moelle de sureau, finit par devenir farineuse et facile à réduire en
poudre. Cette pulpe a joui longtemps en Egypte, et jouit encore au Soudan, d'une cer-
taine réputation médicinale. Peut-être était-ce à titre de médicament que les Égyptiens
de l'époque pharaonique recherchaient le fruit du Baobab. Du temps de P. Alpin, on
trouvait fréquemment dans les drogueries du Caire, non pas le fruit de VA. digitata,
mais la pulpe du fruit, desséchée et écrasée au point de ressembler â une sorte de terre
rouge. P. Alpin en compare le goût acide et astringent à celui de la Terra lemnia des
auteurs classiques.

Nous ne savons par suite de quel malentendu, dont le premier coupable est vraisem-
blablement Adanson, certains botanistes modernes déclarent, en s'appuyant indirecte-
ment sur le texte de P. Alpin, que la pulpe sèche du Baobab est la Terra lemnia des
anciens naturalistes1. Il en résulterait que cette pulpe aurait été connue en Europe long-
temps avant notre ère, puisque la Terra lemnia est déjà mentionnée dans Théophraste2.
Or, il n'en est rien. La Terra lemnia était quelque espèce d'argile ocreuse rouge3 ou de
rubrique4, et non pas un produit végétal. Au surplus, P. Alpin n'a jamais dit ce qu'on
lui fait dire en cette circonstance. Il établit une comparaison entre la pulpe sèche du
Baobab et la Terra lemnia, mais non pas une identification. Voici d'ailleurs son texte,
sur le sens duquel il ne peut y avoir le moindre doute : « Cairi etiam, quo loco recens
fructus non habetur, ejus pulpa in pulverem parafa ii utuntur, quse est terra rubra, ads-
tringenti acidoque sapore gustum feriens qualis in terra Lemnia observatur : estqueapud
multos familiarissimus illiusce terras usus ad pestiferas febres, tum ad sputum sanguinis,
ad lienterias, dysenteriam, cruentumque hepaticum fluorem, nec non ad uteri menses
firmandos; alii ejusce terras in subtilissimum pulverem redactse dragmam cum aqua
plantaginis dissolutam, ad eadem exhibent, alii decocto, alii infuso utentes5. » Par
contre, P. Alpin donne, dans un autre de ses ouvrages6, d'intéressants renseignements
sur la Terre de Lemnos, mais il n'y fait en rien allusion au fruit du Baobab.

Nous avons tenu à éclaircir cette petite question, dans le but d'éviter à d'autres
d'aller rechercher dans les auteurs grecs ou latins,— comme nons avons été un moment
tentés de le faire nous-mêmes, — quelles étaient les propriétés médicinales du fruit du
Baobab.

Cet arbre, que nous sachions, n'a pas été mentionné par les auteurs arabes; il ne se
trouve, en tout cas, nommé ni dans Qazouini, ni dans Ibn-Baithar.

1. H. Bâillon, Dict. de Botan., 1.1, p. 364; Hist. des Plantes, t. IV, p. 113; Ed. Lepèvre, dans la Grande
Encycl., t. V, p. 304. — Guibourt, dans son Histoire naturelle des Drogues simples, n'a pas commis la même
erreur.

2. De Lapidibus, 52-53. — Cf. Diosc, De Mat. med., V. 113; Pline, Hist. nat., XXXV, 14.

3. N. Guibourt, Hist. nat. des Drogues simples, 1876, t. I, p. 363.

4. M. Berthelot et C.-E. Ruelle, Collect. des anc. Alchim. grecs, Introd., p. 261.

5. P. Alpini, loc. cit. — Le texte que nous donnons est celui de l'édition de Leyde, lequel ne diSère de
celui de l'édition de Venise que par quelques modifications d'orthographe et de ponctuation.

6. De Medicina Aïgyptiorum, Lugd. Batav., 1718, p. 305.
 
Annotationen