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étude sur les personnages du roman de setné-ptah ha-m-us
écrits, par exemple, le prénom de Ramsès II, Ra-user-ma sotep-en-ra
(ou (ojjj —]), est écrit ft|>Sâk^?l1 et fj G 1 k P ° ? l] ' ■ le nom de
Mer-en-ptah est écrit ^ ^^ | jjj Mer-ba-ptah, ainsi que nous l'avons déjà vu.
Si donc An-h-hor-erou est un personnage réel, on s'attendrait à trouver son nom mal
écrit. Tous ces faits nous engagent à essayer de corriger le texte démotique et à re-
chercher quelle est la personne dont le nom est défiguré dans le texte actuel. Le nom
propre An-h-hor-erou s'y trouve deux fois, c'est bien écrit, et on voit que le scribe a
voulu l'écrire tel qu'on le voit dans le texte, mais on peut régulariser un peu son
nom en supprimant le S qui précèdele nom d'Horus, et on aurait ^j/^/^^j- ce
qui se lit bien an-hov-erou. Mais ces signes ressemblent à & 9lf> «-7 an, sep-sen
ou an bis", c'est-à-dire Anan ou Anna. Cette correction donnerait un nom
propre tout à fait satisfaisant et très connu à la XIXe dynastie. Si nous avons, dans
le roman, la mention d'un personnage réel, on serait bien tenté d'y reconnaître
q /www -<n q q
Jj 1^\\ ' ^e scr^e célèbre, « le maître des instructions3 », le maître des
livres, qui aurait vécu précisément au temps de Mer-en-ptah et de Séti II. Assurément,
Ha-m-us l'aurait connu, probablement il fut son ami, peut-être intime, et si Ha-m-us
avait un compagnon dans ses recherches pour des écrits magiques, il aurait été un
lettré comme Anna. Il semble bien que la tradition voulait que ce fût précisément
Anna lui-même, il aurait donc été Anna, que, selon la légende, Setné envoya chercher
le talisman de Ptah. D'après Pline, il aurait été ami, même collègue de Moïse4, peut-
être Anna fut-il, en réalité, un ami des Sémites en Egypte. Il semble avoir été bien vu
d'eux, car, dans l'épître à Timothée, attribuée à saint Paul, son nom est conservé dans
la transcription 'iavy^ç5. Ici encore, comme dans le roman, il aurait été compagnon de
Ha-m-us, et il est représenté comme ayant des relations avec Moïse, ce dont Pline
semble en faire l'écho. Enfin, au premier siècle, les magiciens évoquaient, en même
temps que celle d'autres personnages célèbres, l'ombre d'Anna de chez les mânes,
comme étant celle d'un de leurs prédécesseurs les plus célèbres6.
Nous venons de voir des personnages fictifs et des personnages réels du roman de
1. Maspero, Zeitschrift, 1877; Hess, Der Demotische Roman con Setne Ha-m-us, p. 108, 111 et 152;
cf. Maspero, Les Contes populaires de l'Égypte ancienne, p. xxxvm. Ces derniers noms, lus de droite à gauche,
cf. Âpiuu<rif]ç ?
2. Voyez Revillout, Un Poème satirique, p. 177; Hess, Der Demotische Roman con Setne Ha-m-us,
p. 21.
3. Maspero, Du Genre épistolaire, p. 73; mon étude sur le Papyrus d'Orbiney, p. 54-55.
4. Pline, Histoire naturelle, édit. Littré, p. 323. — Voyez mon étude dans le Recueil de Travaux,
t. XXI, p. 219.
5. Voyez mon étude dans le Recueil de Travaux, t. XXI, p. 219 sqq. (p. 220, n. 6).
6. Notes d'un sorcier, publiées par Hess, Der Gnostische Papyrus con London; Leemans, Le Papyrus
démotique n° 65 du Musée de Leyde (Monuments égyptiens du Musée d'antiquités des Pays-Bas). Le Papyrus
est analysé et étudié dans mes Études sur la Sorcellerie ou le rôle que la Bible a joué chez les sorciers
(Mémoires de l'Institut égyptien, t. III, fasc. IV; cf. Bulletin de l'Institut égyptien, avril et novembre 1897,
février, avril et mai 1898). — J'espère revenir sur la tradition juive, signalée dans le Recueil de Travaux,
t. XXI, p. 220, n. 6.
étude sur les personnages du roman de setné-ptah ha-m-us
écrits, par exemple, le prénom de Ramsès II, Ra-user-ma sotep-en-ra
(ou (ojjj —]), est écrit ft|>Sâk^?l1 et fj G 1 k P ° ? l] ' ■ le nom de
Mer-en-ptah est écrit ^ ^^ | jjj Mer-ba-ptah, ainsi que nous l'avons déjà vu.
Si donc An-h-hor-erou est un personnage réel, on s'attendrait à trouver son nom mal
écrit. Tous ces faits nous engagent à essayer de corriger le texte démotique et à re-
chercher quelle est la personne dont le nom est défiguré dans le texte actuel. Le nom
propre An-h-hor-erou s'y trouve deux fois, c'est bien écrit, et on voit que le scribe a
voulu l'écrire tel qu'on le voit dans le texte, mais on peut régulariser un peu son
nom en supprimant le S qui précèdele nom d'Horus, et on aurait ^j/^/^^j- ce
qui se lit bien an-hov-erou. Mais ces signes ressemblent à & 9lf> «-7 an, sep-sen
ou an bis", c'est-à-dire Anan ou Anna. Cette correction donnerait un nom
propre tout à fait satisfaisant et très connu à la XIXe dynastie. Si nous avons, dans
le roman, la mention d'un personnage réel, on serait bien tenté d'y reconnaître
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Jj 1^\\ ' ^e scr^e célèbre, « le maître des instructions3 », le maître des
livres, qui aurait vécu précisément au temps de Mer-en-ptah et de Séti II. Assurément,
Ha-m-us l'aurait connu, probablement il fut son ami, peut-être intime, et si Ha-m-us
avait un compagnon dans ses recherches pour des écrits magiques, il aurait été un
lettré comme Anna. Il semble bien que la tradition voulait que ce fût précisément
Anna lui-même, il aurait donc été Anna, que, selon la légende, Setné envoya chercher
le talisman de Ptah. D'après Pline, il aurait été ami, même collègue de Moïse4, peut-
être Anna fut-il, en réalité, un ami des Sémites en Egypte. Il semble avoir été bien vu
d'eux, car, dans l'épître à Timothée, attribuée à saint Paul, son nom est conservé dans
la transcription 'iavy^ç5. Ici encore, comme dans le roman, il aurait été compagnon de
Ha-m-us, et il est représenté comme ayant des relations avec Moïse, ce dont Pline
semble en faire l'écho. Enfin, au premier siècle, les magiciens évoquaient, en même
temps que celle d'autres personnages célèbres, l'ombre d'Anna de chez les mânes,
comme étant celle d'un de leurs prédécesseurs les plus célèbres6.
Nous venons de voir des personnages fictifs et des personnages réels du roman de
1. Maspero, Zeitschrift, 1877; Hess, Der Demotische Roman con Setne Ha-m-us, p. 108, 111 et 152;
cf. Maspero, Les Contes populaires de l'Égypte ancienne, p. xxxvm. Ces derniers noms, lus de droite à gauche,
cf. Âpiuu<rif]ç ?
2. Voyez Revillout, Un Poème satirique, p. 177; Hess, Der Demotische Roman con Setne Ha-m-us,
p. 21.
3. Maspero, Du Genre épistolaire, p. 73; mon étude sur le Papyrus d'Orbiney, p. 54-55.
4. Pline, Histoire naturelle, édit. Littré, p. 323. — Voyez mon étude dans le Recueil de Travaux,
t. XXI, p. 219.
5. Voyez mon étude dans le Recueil de Travaux, t. XXI, p. 219 sqq. (p. 220, n. 6).
6. Notes d'un sorcier, publiées par Hess, Der Gnostische Papyrus con London; Leemans, Le Papyrus
démotique n° 65 du Musée de Leyde (Monuments égyptiens du Musée d'antiquités des Pays-Bas). Le Papyrus
est analysé et étudié dans mes Études sur la Sorcellerie ou le rôle que la Bible a joué chez les sorciers
(Mémoires de l'Institut égyptien, t. III, fasc. IV; cf. Bulletin de l'Institut égyptien, avril et novembre 1897,
février, avril et mai 1898). — J'espère revenir sur la tradition juive, signalée dans le Recueil de Travaux,
t. XXI, p. 220, n. 6.