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FIGURINES ÉGYPTIENNES DE L'ÉPOQUE ARCHAÏQUE
démesurément dëyeloppé, aux jambes atrophiées ou tordues, comme l'on en rencontre
aussi parmi les statuettes d'ivoire (pl. V). 11 est curieux de retrouver ces êtres dans des
tombes, soit à l'état des figurines, soit sous forme de vases. Il semble donc que le défunt
eût quelque raison particulière de les avoir auprès de lui.
J'ai attribué les deux figurines d'Athènes à l'époque que j'ai appelée thinite; d'abord,
en raison de la nature de la terre cuite dont elles sont faites, qui me paraît fort semblable
aux vases rouges de Negadeh. Puis, la pose, qui est celle de l'hiéroglyphe la nudité
complète de la figure féminine, tout cela me semble en harmonie avec ce que nous
trouvons dans les tombes de l'époque primitive. Mais il va sans dire que dans cette
attribution il y a encore une grande part d'incertitude, et je serais reconnaissant à mes
savants confrères, qui ont, à ce sujet, des idées plus arrêtées que les miennes, de faire
connaître quelles sont les raisons qui les portent à faire dater ces figures d'une époque
beaucoup plus récente. MM. Pétrie et Erman m'ont écrit l'un et l'autre qu'ils les
plaçaient dans la XVIIIe dynastie. Je croirais volontiers qu'une figure comme celle du
Musée de Turin, dont le caractère égyptien est beaucoup plus marqué, par exemple,
par son collier à fleurs de lotus, peut appartenir à cette époque; mais je ne puis m'em-
pêcher d'être frappé à quel point les figurines d'Athènes, et celles de la collection Mac
Gregor diffèrent des objets de la XVIIIe dynastie, même des oushebti les plus grossières
en terre cuite ou en bois, telles que celles que j'ai trouvées dans la nécropole de Ssed-
ment. Il me paraît probable que, si elles sont d'époque relativement récente, s'il faut
les ranger dans le Moyen ou le Nouvel-Empire, le type qu'elles représentent est cepen-
dant ancien, et que la tradition s'en est conservée depuis l'époque thinite jusqu'aux
dynasties thébaines. Ce seraient non pas proprement des figures archaïques, mais des
figures « archaïsantes » imitant le type archaïque, et, clans ces imitations, il n'est pas
douteux que les figures d'albâtre sont plus anciennes que les terres cuites.
Je ne puis m'empêcher de croire que ces vases en forme d'êtres humains se rattachent
aux figures proprement dites en os ou en ivoire, du genre de celles que reproduisent
les planches IV et V, où ont été rassemblés les plus beaux spécimens de la collection
Mac Gregor. Les renseignements qui ont pu être obtenus relativement â la provenance
de ces figurines incliquent Negadeh comme la localité où elles ont été trouvées par les
fellahs, mais il n'est pas certain qu'elles proviennent toutes de la même tombe. Elles
auraient été découvertes en même temps que d'autres qui sont maintenant au Musée
Britannique, et qui ont un caractère archaïque semblable. En dépit de la différence
qui existe entre plusieurs d'entre elles, surtout entre les figures féminines de la
planche IV, je crois qu'on peut les classer clans la même époque, et si, comme cela
est probable, elles ont toutes été trouvées dans le cimetière de Negadeh, il n'y a pas de
raison cle supposer qu'elles soient séparées par un long intervalle de temps.
Les figures féminines nous font penser aux petites idoles en ivoire trouvées à
Nimroud1, ou à celles qui viennent de Chypre et de Sardaigne2, ou encore à ces idoles
1. Pehrot et Chipiez. II, flg. 231, 232.
2. Id., III, fig. 291, 321, etc.
FIGURINES ÉGYPTIENNES DE L'ÉPOQUE ARCHAÏQUE
démesurément dëyeloppé, aux jambes atrophiées ou tordues, comme l'on en rencontre
aussi parmi les statuettes d'ivoire (pl. V). 11 est curieux de retrouver ces êtres dans des
tombes, soit à l'état des figurines, soit sous forme de vases. Il semble donc que le défunt
eût quelque raison particulière de les avoir auprès de lui.
J'ai attribué les deux figurines d'Athènes à l'époque que j'ai appelée thinite; d'abord,
en raison de la nature de la terre cuite dont elles sont faites, qui me paraît fort semblable
aux vases rouges de Negadeh. Puis, la pose, qui est celle de l'hiéroglyphe la nudité
complète de la figure féminine, tout cela me semble en harmonie avec ce que nous
trouvons dans les tombes de l'époque primitive. Mais il va sans dire que dans cette
attribution il y a encore une grande part d'incertitude, et je serais reconnaissant à mes
savants confrères, qui ont, à ce sujet, des idées plus arrêtées que les miennes, de faire
connaître quelles sont les raisons qui les portent à faire dater ces figures d'une époque
beaucoup plus récente. MM. Pétrie et Erman m'ont écrit l'un et l'autre qu'ils les
plaçaient dans la XVIIIe dynastie. Je croirais volontiers qu'une figure comme celle du
Musée de Turin, dont le caractère égyptien est beaucoup plus marqué, par exemple,
par son collier à fleurs de lotus, peut appartenir à cette époque; mais je ne puis m'em-
pêcher d'être frappé à quel point les figurines d'Athènes, et celles de la collection Mac
Gregor diffèrent des objets de la XVIIIe dynastie, même des oushebti les plus grossières
en terre cuite ou en bois, telles que celles que j'ai trouvées dans la nécropole de Ssed-
ment. Il me paraît probable que, si elles sont d'époque relativement récente, s'il faut
les ranger dans le Moyen ou le Nouvel-Empire, le type qu'elles représentent est cepen-
dant ancien, et que la tradition s'en est conservée depuis l'époque thinite jusqu'aux
dynasties thébaines. Ce seraient non pas proprement des figures archaïques, mais des
figures « archaïsantes » imitant le type archaïque, et, clans ces imitations, il n'est pas
douteux que les figures d'albâtre sont plus anciennes que les terres cuites.
Je ne puis m'empêcher de croire que ces vases en forme d'êtres humains se rattachent
aux figures proprement dites en os ou en ivoire, du genre de celles que reproduisent
les planches IV et V, où ont été rassemblés les plus beaux spécimens de la collection
Mac Gregor. Les renseignements qui ont pu être obtenus relativement â la provenance
de ces figurines incliquent Negadeh comme la localité où elles ont été trouvées par les
fellahs, mais il n'est pas certain qu'elles proviennent toutes de la même tombe. Elles
auraient été découvertes en même temps que d'autres qui sont maintenant au Musée
Britannique, et qui ont un caractère archaïque semblable. En dépit de la différence
qui existe entre plusieurs d'entre elles, surtout entre les figures féminines de la
planche IV, je crois qu'on peut les classer clans la même époque, et si, comme cela
est probable, elles ont toutes été trouvées dans le cimetière de Negadeh, il n'y a pas de
raison cle supposer qu'elles soient séparées par un long intervalle de temps.
Les figures féminines nous font penser aux petites idoles en ivoire trouvées à
Nimroud1, ou à celles qui viennent de Chypre et de Sardaigne2, ou encore à ces idoles
1. Pehrot et Chipiez. II, flg. 231, 232.
2. Id., III, fig. 291, 321, etc.