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FIGURINES ÉGYPTIENNES DE L'ÉPOQUE ARCHAÏQUE
même planche nous montre quatre figures masculines debout, lesquelles diffèrent par la
manière dont les yeux sont faits. Pour les unes, ce sont de simples trous ronds; dans
d'autres, dont le travail est beaucoup plus soigné, l'œil est rapporté, et la prunelle est
incrustée. Toutes ces figures masculines se distinguent par un gros cornet ou étui qui
cache les parties génitales, et qui tient par une étroite ceinture, très visible clans les
figurines de droite. Dans Tune d'elles, celle qui est la plus rapprochée du bord, le saillant
du cornet comme celui de la poitrine, et le bout des pieds sont cassés. L'ivoire s'est
écaillé, ce qui est le cas dans d'autres figurines de la collection.
Ce cornet ou cet étui m'amène au monument le plus important de cette série. On
ne peut plus l'appeler une figurine. C'est une statuette qui vient de la même trouvaille
et qui est en une sorte de basalte ou de porphyre brun (pl. VI). Elle a 40 centimètres de
haut, et représente un homme debout, les deux bras allongés le long des jambes. Malheu-
reusement les pieds manquent, ainsi que le bout du nez. Telle qu'elle est, cette statue se
rapproche déjà bien plus de la sculpture égyptienne proprement dite que les figurines
d'ivoire. Il est probable que c'est la plus ancienne statue égyptienne que nous possédions.
On remarque déjà la carrure des épaules et l'amincissement de la taille. Cependant,, si
les muscles des épaules et du haut des bras sont très forts, les pectoraux n'existent pour
ainsi dire pas, et ce personnage a la poitrine creuse. Le buste est très mince, et n'a
aucun développement en profondeur, ce qui fait ressortir d'autant mieux la dolichocé-
phalie très prononcée. Avec cela, quoique les lèvres soient saillantes, il n'y a aucun
prognathisme, ce n'est point un type nègre; le menton est plutôt effacé comme dans les
figurines d'Athènes.
Devons-nous voir en lui un roi? La question me paraît fort douteuse. Il est certain
qu'il n'a pas d'uraeus, mais le roi de la palette d'El-Kab n'en a pas non plus, et il est fort
possible qu'à cette époque reculée, ce serpent n'eût pas encore été adopté comme l'insigne
de la royauté. Quant à l'enveloppe qui entoure la tête, couvre le bas des joues et le
menton, et se termine en pointe sur la poitrine, ce peut être une coiffure, mais on peut
l'interpréter aussi comme une représentation conventionnelle ou enfantine de la cheve-
lure et de la barbe.
Ce qui est le plus caractéristique dans cette statue, c'est le gros étui ou cornet qui,
tenant par une étroite ceinture, couvre les parties génitales. Nous l'avons déjà vu aux
figures d'ivoire. Il semble que, dans les deux cas, il soit fait d'une matière résistante,
telle que du métal, du bois ou du cuir épais. Ce cornet remonte jusqu'au milieu du
ventre. Il se compose d'un cylindre auquel s'en joint un autre plus mince, à l'origine
duquel sont deux protubérances ovoïdes qui cherchent à imiter la nature. Un étui du
même genre se voit sur le fragment de palette d'ardoise, actuellement au Louvre et
publié d'abord par M. Heuzey, puis par M. Steindorff1. Le personnage à barbe pointue
qui est foulé aux pieds par le buffle porte un cornet tout semblable à celui cle la statue.
1. Voir de Morgan, Ethnogr. préhisior., pl. XI. Je ne puis m'empêeher de faire remarquer que, dans
l'un des gobelets de Vaphio, le personnage qui tient le bœuf par une corde porte un cornet tout semblable
(Perrot, VI, fig. 370). Je crois que cet étui diminué et réduit à une simple plaque est devenu le i^kp-q ou
\xkp<x.
FIGURINES ÉGYPTIENNES DE L'ÉPOQUE ARCHAÏQUE
même planche nous montre quatre figures masculines debout, lesquelles diffèrent par la
manière dont les yeux sont faits. Pour les unes, ce sont de simples trous ronds; dans
d'autres, dont le travail est beaucoup plus soigné, l'œil est rapporté, et la prunelle est
incrustée. Toutes ces figures masculines se distinguent par un gros cornet ou étui qui
cache les parties génitales, et qui tient par une étroite ceinture, très visible clans les
figurines de droite. Dans Tune d'elles, celle qui est la plus rapprochée du bord, le saillant
du cornet comme celui de la poitrine, et le bout des pieds sont cassés. L'ivoire s'est
écaillé, ce qui est le cas dans d'autres figurines de la collection.
Ce cornet ou cet étui m'amène au monument le plus important de cette série. On
ne peut plus l'appeler une figurine. C'est une statuette qui vient de la même trouvaille
et qui est en une sorte de basalte ou de porphyre brun (pl. VI). Elle a 40 centimètres de
haut, et représente un homme debout, les deux bras allongés le long des jambes. Malheu-
reusement les pieds manquent, ainsi que le bout du nez. Telle qu'elle est, cette statue se
rapproche déjà bien plus de la sculpture égyptienne proprement dite que les figurines
d'ivoire. Il est probable que c'est la plus ancienne statue égyptienne que nous possédions.
On remarque déjà la carrure des épaules et l'amincissement de la taille. Cependant,, si
les muscles des épaules et du haut des bras sont très forts, les pectoraux n'existent pour
ainsi dire pas, et ce personnage a la poitrine creuse. Le buste est très mince, et n'a
aucun développement en profondeur, ce qui fait ressortir d'autant mieux la dolichocé-
phalie très prononcée. Avec cela, quoique les lèvres soient saillantes, il n'y a aucun
prognathisme, ce n'est point un type nègre; le menton est plutôt effacé comme dans les
figurines d'Athènes.
Devons-nous voir en lui un roi? La question me paraît fort douteuse. Il est certain
qu'il n'a pas d'uraeus, mais le roi de la palette d'El-Kab n'en a pas non plus, et il est fort
possible qu'à cette époque reculée, ce serpent n'eût pas encore été adopté comme l'insigne
de la royauté. Quant à l'enveloppe qui entoure la tête, couvre le bas des joues et le
menton, et se termine en pointe sur la poitrine, ce peut être une coiffure, mais on peut
l'interpréter aussi comme une représentation conventionnelle ou enfantine de la cheve-
lure et de la barbe.
Ce qui est le plus caractéristique dans cette statue, c'est le gros étui ou cornet qui,
tenant par une étroite ceinture, couvre les parties génitales. Nous l'avons déjà vu aux
figures d'ivoire. Il semble que, dans les deux cas, il soit fait d'une matière résistante,
telle que du métal, du bois ou du cuir épais. Ce cornet remonte jusqu'au milieu du
ventre. Il se compose d'un cylindre auquel s'en joint un autre plus mince, à l'origine
duquel sont deux protubérances ovoïdes qui cherchent à imiter la nature. Un étui du
même genre se voit sur le fragment de palette d'ardoise, actuellement au Louvre et
publié d'abord par M. Heuzey, puis par M. Steindorff1. Le personnage à barbe pointue
qui est foulé aux pieds par le buffle porte un cornet tout semblable à celui cle la statue.
1. Voir de Morgan, Ethnogr. préhisior., pl. XI. Je ne puis m'empêeher de faire remarquer que, dans
l'un des gobelets de Vaphio, le personnage qui tient le bœuf par une corde porte un cornet tout semblable
(Perrot, VI, fig. 370). Je crois que cet étui diminué et réduit à une simple plaque est devenu le i^kp-q ou
\xkp<x.