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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 34.1912

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Nr. 1-2
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Sottas, Henri: Quelques variantes du "Proscynème" sous l'ancien empire
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https://doi.org/10.11588/diglit.12745#0044

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34

QUELQUES VARIANTES DU « PROSCYNÈME » SOUS L'ANCIEN EMPIRE

tations. Or il est difficile d'admettre pour une même expression, l'une des plus fré-
quentes qui soient, deux versions correctes et coexistantes et dont Tune n'excluerait
l'autre en aucune façon. On peut bien imaginer que, si les égyptologues se sont décidés
chacun en faveur de l'un ou l'autre des deux sens possibles, les Égyptiens n'avaient
pas davantage deux manières de comprendre, au choix. Il y en avait à coup sûr une
bonne et une mauvaise, cette dernière résultant d'un contresens qu'il faut bien imputer
aux anciens eux-mêmes puisque les modernes en sont innocents.

Nous avons vu que, quand la formule atteignait tout son développement, elle
émettait successivement et distinctement : 1° un vœu de longue vieillesse; 2° un vœu
de bonne sépulture dans l'Amenti. Obligé d'abréger sa formule, dont la gravure faisait
partie d'un ensemble de décoration dépendant de la forme architecturale et non libérée
de toute exigence de proportions comme dans les stèles isolées d'époque postérieure, le
sculpteur devait procéder plutôt par concentration de l'ensemble que par suppression
pure et simple d'un membre de phrase. On connaît la valeur magique des formules; on
sait que l'Égyptien en attendait la réalisation immanquable des souhaits qu'il formait
pour l'autre monde. Élaguer un de ces souhaits était chose autrement grave que
d'omettre des épithètes louangeuses appliquées à des divinités (l'Amenti est divinisée)
que l'on ne priait pas en somme, mais que l'on prétendait contraindre par la force
surnaturelle des mots1. La précision dans les détails constituait sans doute la qualité
essentielle d'une bonne rédaction, de même que la ressemblance aussi exacte que
possible avec le modèle était la condition exigée du modeleur de statues de doubles.
L'Égyptien aurait probablement hésité à faire subir à une formule, dont les mots
devaient se transformer en réalités tangibles, une mutilation risquant de lui faire
perdre une part de son efficacité. Il n'était pas équivalent pour le propriétaire de la
tombe que le dieu lui accordât une bonne sépulture tout court ou une bonne sépulture
apès une longue et belle vieillesse.

Ce n'est donc pas volontairement que le rédacteur de formules aurait abandonné le
souhait de longue vie et l'aurait remplacé par une suite d'adjectifs à peu près inutiles.
Il paraît au contraire avoir été victime d'une méprise que je propose d'expliquer ainsi.
Nous avons vu YAmenti qualifiée de T . Parfois cette épithète ne paraissait pas

suffisante et on la renforçait : YAmenti T . Ayant donc à juxtaposer : 1° Mjb T
« YAmenti très belle » ; 2° ^ I <î=5!> l< après une très heureuse vieillesse », le graveur
n'aura pas manqué de mélanger les deux groupes, surtout quand le manque d'espace l'aura
contraint à écourter. Puis, la routine aidant2, on aura par la suite continué à graver sans
bien comprendre, — comme le prouvent les interversions de signes, — si bien qu'il est
difficile aujourd'hui de déterminer laquelle des deux versions le rédacteur avait en vue.

1. Cf. Moret, Au temps des Pharaons, p. 190.

2. Cf. Moret, La Condition des Féaux, ap. Recueil, XIX, p. 146 : « Une formule qui pouvait s'écrire sur
tout monument funéraire était condamnée à n'avoir un jour qu'une signification très vague et conventionnelle. »
Voici un exemple d'abréviation ayant amené une rédaction incompréhensible : Capart, Rue de Tombeaux,

pL XI fl A fljv ]fi [ ^ (?) □ \ ^ JL1 i\ î •11 faut entendre : • pr°s-

cynème à Anubis, maître (de Ta-Zeser), pour que soit enseveli (dans YAmenti) comme Khou (?) Shesha et que
(la montagne) de l'Amenti donne sa main vers (lui) auprès du dieu grand. » (Cf. ÀZ., 1882, p. 36).
 
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